L’Union européenne donne le cancer
En supposée démocratie – surtout lorsqu’elle est inexistante, s’agissant de l’Union européenne –, allez savoir pourquoi, les mauvaises surprises légales et réglementaires surviennent, en général, en plein cœur de l’été. Ainsi, ni vu, ni connu (notamment des grands médias jamais avares d’un mensonge par abstention), la Commission européenne a décidé de remettre sur le marché des produits phytosanitaires (Flumioxazin, Glufosinate, etc.) qu’elle avait pourtant proscrits en 2009 en raison de leur nocivité extrême sur la santé humaine et les écosystèmes.
Pas de quoi fouetter un chat, me direz-vous… L’on est coutumier, ou presque, du (dys) fonctionnement des institutions européennes qui finissent elles-mêmes par se perdre dans le vortex labyrinthique de leurs normes auxquelles personne ne comprend plus rien, sauf à être un cador hyperspécialisé dans des domaines aussi pointus (et d’un intérêt hautement stratégique sur le plan économique ou industriel) que la composition des peintures acryliques ou le calibre des robinetteries sans mitigeurs.
Sauf que, pour anecdotique qu’elle soit, cette mesure est riche de quelques enseignements majeurs. D’abord, elle démontre que les commissaires européens sont bien des technocrates dont la légitimité tient dans la main fragile des autorités qui les ont nommés. Ils détiennent un « pouvoir », celui de nuire incontestablement, mais ne représentent rien, ni personne, surtout pas les peuples dont ils ont oublié, ces imbéciles hors-sols, qu’ils en étaient issus ab initio. Ensuite, l’on se demande avec effarement, sinon avec anxiété, comment ces têtes d’œufs, aussi brillants hauts fonctionnaires soient-ils, bardées de tous les Masters et autres MBA ou doctorats estampillés par les meilleures écoles internationales, peuvent-ils réglementer des produits toxiques dont l’usage, in fine, par les agriculteurs est subordonné à l’obtention par ces derniers d’une certification ad hoc ? En l’espèce, qui casse les verres environnementaux ne les paient pas nécessairement, la responsabilité incombant à l’utilisateur dûment patenté.
On peut supposer que cette mesure écologiquement durable, n’a pas été le fruit d’une erreur zélée d’un rond-de-cuir européen qui se serait pris les méninges dans l’épais tapis des inextricables normes de son impotente administration. L’on doit certainement, aussi, écarter la revendication du lobby agraire sollicitant un droit à polluer aux fins de répondre à la crise qui frappe actuellement une profession n’en finissant pas de crever. Alors, l’on regardera du côté des firmes agro-industrielles, du type Monsanto, pour ne pas la nommer, dont l’activisme auprès des différentes autorités sanitaires étatiques et mondiales n’est plus un secret pour quiconque. Mais ces dernières (en l’occurrence, l’Autorité européenne de sécurité des aliments), sont loin d’être exemptes de tout reproche. Censées, en théorie, protéger les populations contre les appétits voraces des multinationales de la malbouffe, notamment en les enserrant dans des carcans juridico-administratifs des plus contraignants, elles vont même jusqu’à anticiper leur désir effréné de déréglementation. En régime de libre-échange intégral, la santé publique devient comme le reste, une variable d’ajustement.
Dès lors, parce qu’il s’agira de parer à tout « danger phytosanitaire grave pour la santé des plantes », ces agro-usines continueront – en toute bonne conscience et légalement – à pulvériser sur des milliers d’hectares leur infâme bouillie cancérogène qui empoisonne littéralement l’atmosphère, le sol et leurs habitants, au nom de l’hybris turbo-capitalistique de la rentabilité et du profit.
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Philippe Randa,
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