12 novembre 2024

Les premiers influenceurs ?

Par Jill-Manon Bordellay

Certains écrivains des siècles passés ont été des influenceurs de leur époque et des époques qui ont suivi.

Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) a  réellement créé  la littérature mondiale aux XVIIIe et XIXe siècles.

Son roman Les souffrances du jeune Werther a connu un tel succès en 1774 qu’il a influencé de nombreuses personnes comparables aux médias sociaux d’aujourd’hui.

Le roman épistolaire de Goethe est toujours  étudié  dans les cours scolaires et pourtant Werther, le personnage principal a été d’une certaine façon, un influenceur inquiétant pour les lecteurs de  son époque .

En effet,  il y a 250 ans, lorsque le livre a été publié,  il a touché la  corde sensible de  toute une génération, notamment de jeunes gens. À l’époque, les jeunes hommes notamment, s’identifiaient au personnage principal et imitaient même leur héros.

Par exemple, les gens s’habillaient comme Werther – veste bleue et gilet jaune – ce qui était assez inhabituel. Werther est un jeune homme malheureux par amour, puisque sa bien-aimée ne peut pas répondre à son amour. Alors, Werther se suicide par arme à feu.

Après la publication du roman, de nombreux suicides ont été associés à sa lecture. C’est la raison pour laquelle Goethe a écrit une seconde version de son roman afin que les gens puissent encore s’en démarquer.

Werther influençait considérablement son époque comme le font actuellement les influenceurs avec les réseaux sociaux… La triste histoire de « Werther » (des mélancoliques)  aujourd’hui publiée par les médias en présentant des vidéos sur les maladies mentales ;  est  encore suivie avec beaucoup d’intérêt.

Le syndrome Werther,  dont le sociologue américain David Phillips en 1982  donne l’appellation de « l’effet Werther » en référence à l’augmentation dramatique des suicides par arme à feu en Europe.

Umberto Eco (1932-2016) s’interroge sur le fait qui pousse des êtres humains réels à compatir aux souffrances de héros de fiction plus volontiers qu’au sort d’inconnus dans le monde vivant des souffrances réelles.

Le philosophe italien écrit : « Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d’imbéciles qui avant ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui, ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. »

Cependant, Goethe n’a pas mesuré la portée dramatique de Werther sur ses lecteurs. Après coup, il avait conscience de vouloir gommer l’effet délétère de son geste irréversible. Il ne souhaitait  pas que son héros soit un influenceur, il a été dépassé par l’effet Werther. Ce sont les lecteurs qui en ont fait un idéologue  tragique qu’ils ont voulu imiter.

De même, la mort par suicide présumé de Marilyn Monroe (1926-1962) a notamment entraîné une augmentation de 12 % des suicidés aux États-Unis dans le mois qui suivit ainsi que de 10 % en Angleterre et au Pays-Bas.

En France, une étude épidémiologique met en évidence de 1979 à 2006 une hausse du nombre de suicidés après la médiatisation de suicides célèbres.

Ainsi une hausse de 17,6 % du nombre de suicidés par rapport aux statistiques saisonnières habituelles est constatée dans le mois suivant le suicide de Pierre Bérégovoy (1925-1993) fortement médiatisé.

Évidemment ni Marilyn Monroe, ni Pierre Bérégovoy ne sont des influenceurs conscients, mais leur geste tragique génère des comportements mimétiques pour ceux qui les idéalisaient.

Dans un autre domaine, Françoise Sagan (1935-2004) qui démarre sur les chapeaux de roue avec son premier roman Bonjour tristesse,  publié alors qu’elle n’a que 18 ans, lui permet immédiatement en 1954 de rencontrer un immense succès.

L’héroïne Cécile, est libre, audacieuse, désinvolte. Ainsi, Sagan introduit la liberté des femmes dans le roman. Ses héroïnes prennent la liberté de ne rien faire, couchent avec qui elles ont envie ; en fait, elles ne sont plus des objets.

Dans La chamade, l’héroïne décide de ne pas garder l’enfant, pour préserver son indépendance et sa liberté.

Sagan dans Je ne renie rien milite même pour l’égalité salariale entre les sexes et le versement d’une pension alimentaire.

Dans notre pays, d’avant la pilule et la loi sur l’avortement, Sagan fait « Mai 1968 » en 1954. Ses personnages féminins sont des influenceuses au même titre que celles qui agissent sur les réseaux.

Sans le savoir, elle apporte sa contribution à une révolution sociologique qui ne verra son application qu’à la génération suivante.

Ce qui veut dire que des personnages de roman peuvent devenir des influenceurs plus réels que des personnes ancrées dans la réalité. Est-ce à dire que l’imaginaire a un impact plus prégnant que le réel ?

Les personnages littéraires, cinématographiques, politiques ont une aura qui fait qu’ils sont inaccessibles. Imiter leur profil est une façon de partager justement  leur existence hors norme et même du choix de leur mort.

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