26 décembre 2023

Momification et cryogénie : anciens et  nouveaux procédés pour se conserver après la mort ?

Par Jill-Manon Bordellay

L’idée de cryogéniser des humains après leur mort naît aux États-Unis. Il y eut dès avril 1966, un corps congelé pour la première fois avec l’idée d’une réanimation future. La  défunte, une femme d’âge moyen de Los Angeles a été embaumée, puis placée dans l’azote liquide et conservée au-dessus du point de congélation, mais  a été rapidement décongelée et enterrée.

Cependant le 12 janvier 1967, l’expérience a été renouvelée sur le corps de James Bedford, professeur à l’université de Californie. Son corps a été congelé quelques heures après son décès causé par un cancer. Les cryoprotecteurs de l’époque étaient primitifs. On a injecté une solution de Ringer (un organe animal plongé dans ce liquide reste en vie) mais on suppose que son cerveau n’a pas été suffisamment protégé pour être récupérable. Le corps de James Bedford demeure à ce jour aux installations d’Alcor, toujours conservé à des températures très basses. Le jour de la mort et de la cryoconservation de Bedford le 12 janvier, est surnommé le « Bedford day ».

Au tout début du XXIe siècle, une grande figure du transhumanisme, auteur de plusieurs fictions, Fereidoun M.Esfandiary, atteint d’un cancer du pancréas est placé au moment de sa mort le 8 juillet 2000 en chambre cryogénique à la Fondation d’extension de la vie d’Alcor, association transhumaniste basé à Scottsdale en Arizona. Il est alors la première personne à bénéficier de la technologie de cryopréservation par vitrification au lieu d’être congelé comme les patients précédents. Son corps demeure encore aujourd’hui  dans ce centre.

Les expérimentateurs de ces techniques sont  des personnalités connues croyant  que la mort est un procédé réversible.

Ces personnes qui optent pour la cryogénisation veulent une forme de vie après la mort. Souvent, elles sont  adeptes du mouvement philosophique du transhumanisme  ;  atteintes du cancer ou d’une maladie incurable , elles espèrent un jour  être guéries. Elles ont  la conviction  que le développement humain n’a pas encore atteint ses derniers stades. Cela conduit inévitablement entre autres à la cryogénie. Il s’agit d’une procédure médicale qui utilise des températures extrêmement basses pour préserver les corps humains pendant des centaines, voire des milliers d’années. Le corps subit un processus appelé « vitrification » qui entraîne l’immobilisation complète des cellules. L’objectif est d’attendre le temps nécessaire pour que la technologie rattrape son retard et puisse un jour réanimer les patients.

Alors est-ce qu’un jour, la science pourrait rejoindre la fiction?

Le personnage d’Hibernatus, cette victime découverte 65 ans après un naufrage   au pôle Nord, dont le corps a hiberné dans un bloc de glace revient à la vie terrestre , fait  rêver !

Un autre procédé qui défie la mort est l’embaumement, procédé plus ancien que pratiquaient les Égyptiens.

Cette fois , en extrême Orient, il n’est pas rare de voir des célébrités embaumées exposées  au public. C’est le cas de Mao Zedong, mort en 1976 et embaumé dans une cabine en verre au Memorial Hall à Pékin. Son corps a été placé dans des liquides de préservation dont du formaldéhyde (formol). D’autres personnalités comme Lénine ou encore Hô Chi Minh attirent un public toujours  fidèle à leurs idées.  Leur présence physique est le témoignage tangible  qu’ils n’ont pas disparu .

Mais est-ce également le cas pour le philosophe du XVIIIe siècle Jérémy Bentham (1748-1832), père de l’utilitarisme, qui promeut le bonheur de la population dans son entier?

En conservant le corps momifié du philosophe, n’est-on pas en droit d’assurer par sa vie éternelle un bonheur pour tous ?

En effet, 7 jours après la mort du philosophe anglais, le 6 juin 1832, son corps est embaumé et exposé  à l’University College de Londres selon ses dernières volontés. Son squelette rembourré de foin et habillé avec ses vêtements  et sa tête ont été conservés dans une armoire en bois munie d’une porte vitrée dénommée “auto-icon” exposée ainsi  au public.

Bentham aurait- il vaincu la mort pour être témoin du bonheur réalisé pour l’humanité ?

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