Brexit : madame Irma plus forte que les sondeurs ?
Brexit or not Brexit, that is la question. Pour les instituts de sondages anglais, surtout, qui ne savent désormais plus trop bien où ils habitent. Tentons de résumer.
Ainsi, selon un récent sondage du très officiel site anglais YouGov, daté du 6 juin dernier, 41 % des Britanniques souhaiteraient demeurer dans l’Union européenne, tandis que 45 % voudraient en sortir. Clef du scrutin, 11 % d’indécis, sur lesquels tout porte à penser que l’issue référendaire pourrait se jouer.
Interrogée par le site Atlantico, Sophie Pedder, correspondante de l’hebdomadaire américain The Economist à Paris, précise que les motivations des uns ne seraient pas forcément celles autres. Pour les partisans du Brexit – sortie de l’Angleterre de l’Union européenne – « le principal argument qui les touche est celui du contrôle des frontières et, plus globalement, celui de la maîtrise de l’immigration. »
Plus clair encore : « Les questions économiques n’ont que peu de portée dans le camp pro-Brexit. »
À l’inverse, poursuit Sophie Pedder, « pour ceux qui souhaitent rester en Europe, leurs raisons sont en premier lieu la rationalité économique, avec l’accumulation d’études sérieuses, du FMI, de la Banque d’Angleterre, du Trésor britannique, de l’OCDE qui démontrent l’impact négatif sur l’économie britannique d’une sortie de l’Union européenne. »
On ne saurait mieux résumer l’état des forces en présence. D’un côté, comme en France, les perdants de la mondialisation craignant du peu à sauvegarder de leur ancestral mode de vie. De l’autre, les gagnants de cette même mondialisation, structurellement nomades, pour lesquels notre Terre commune n’est jamais qu’un vaste supermarché dans lequel tout est bon à vendre et à acheter.
À cette fracture de classes sociales, se superpose encore une autre fracture, générationnelle, celle-là. Comme ici, les jeunes anglais ne connaissant de l’Europe que les programmes Erasmus, si cools dans les films de Cédric Klapisch, n’ont pas la mémoire de leurs pères et grands-pères qui, eux, savent le poids de l’histoire.
Ce sont donc ces 11 % d’indécis qui devraient faire la différence. Mais le jeu paraît si serré que Rémi Sulmont, sur RTL, confesse : « Les instituts de sondages britanniques sortent des chiffres et des tendances différentes tous les jours. Aujourd’hui, (le 6 juin, NDLR), il y a quatre points d’avance pour la sortie de l’Europe. Les sondeurs voulaient publier des projections à 22 heures, à l’heure de la fermeture des bureaux de vote. Mais ils pataugent tellement pour savoir ce qui se passe dans la tête des Britanniques que la BBC, qui donne le “la” pour les soirée électorales, a choisi de ne pas publier d’estimation le soir. C’est trop risqué. »
Il est un fait que, l’année dernière, ces mêmes sondeurs s’étaient vautrés dans les grandes largeurs en pronostiquant un scrutin des plus serrés aux élections législatives, alors que les conservateurs emmenés par David Cameron avaient gagné haut la main, avec sept points d’avance…
Alors, qui pour nous aider à y voir plus clair ? Les bookmakers, par exemple, qui eux, annoncent la chute du Brexit. Il nous reste encore Paul le Poulpe, malheureusement décédé depuis le dernier Mondial de football, mais qui annonça sans quasiment jamais se tromper les résultats des matches à venir ? Il aurait depuis été remplacé par une otarie dénommée Watson ; élémentaire, mon cher qui vous savez… Ensuite, mesdames Irma ou Soleil ? Quoiqu’il en soit et ce, pour une fois, s’il était possible au peuple de trancher : la tête des puissants et plus, si affinité.