Les ravages du kit démocratique occidental

Les derniers évènements d’Afghanistan laissent rêveurs sur l’efficacité de l’interventionnisme économico-idéologique occidental dans le monde. Encore une fois.

Comment un pays soutenu massivement pendant vingt ans par les USA, irradié des grands principes démocratiques par les « pères de la démocratie » est-il reconquis en quelques semaines par des intégristes musulmans adversaires de ces principes ? Si l’Afghanistan n’a pas su se défendre malgré tout ce temps sous la perfusion idéologique américano-européenne, ses habitants n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Mais les Afghans voulaient-ils seulement se défendre, lorsque l’ennemi est celui des Américains et non celui des Afghans en réalité et pour 90 % d’entre eux ?

Cet épisode supplémentaire montre la vanité velléitaire des démocraties occidentales postmodernes qui veulent à toute force imposer un système politique et culturel à des peuples aux antipodes de leur idéologie qui veulent conserver leur liberté. Ce diktat démocratique qui livre la démocratie en kit démontre le mépris de l’Occident pour les différences et la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, en même temps qu’une incroyable croyance quasi-mystique dans les Vérités universelles de ses vertus « démocratiques ». Le goupillon chrétien est remplacé par la bénédiction démocratique et le sabre par les missiles et les bombes. La démocratie sait trier les « bons morts » et les « mauvais morts »…et Dieu reconnaîtra les siens !

Les USA creusent ainsi un fossé entre eux (et l’Europe avec) et le reste du monde, à la grande joie de la Chine en plus, et prépare un affrontement terrible après avoir rendu les relations entre les peuples irréconciliables. Respecter les différences aurait rendu le dialogue plus constructif, au lieu d’imposer la démocratie avant toute discussion.

Toutes les ingérences occidentales dans le monde se sont soldées par des échecs cuisants : la Libye et l’Irak, débarrassés de leurs dictateurs monstrueux au nom de la démocratie universelle, sont tombés dans l’escarcelle de l’intégrisme musulman. Beau résultat dont on ne peut que se réjouir semble-t-il… Les menées occidentales au nom de « l’axe du Bien » n’ont toujours fait que renforcer les ennemis de l’Europe et en faire de farouches et très dangereux adversaires pour l’avenir, car eux, savent défendre leur identité au nom de leurs valeurs.

Le camp du « Bien » doit triompher de celui du « Mal » : la vieille rengaine manichéenne religieuse chrétienne s’est transmise à la nouvelle religion de la démocratie postmoderne avec des dégâts irréparables considérables, dans le décor d’une nouvelle guerre de religions, les unes monothéistes, l’autre « monodémocratique ». Le camp du « Bien » a déjà perdu.

Le problème est qu’une religion suppose une foi et faute d’avoir une « foi démocratique » en la démocratie postmoderne (celle de l’Après-Guerre), des remises en cause peuvent surgir jusqu’à l’intérieur même de l’Occident (Europe et USA). Le cas des démocraties illibérales en est une illustration encore modeste. Mais les peuples européens, tout comme les Afghans ou d’autres peuples auxquels on veut imposer le paradis démocratique de « valeurs » idéologiques, peuvent, eux aussi, se rendre compte de l’abîme vers lequel ces prétendues « valeurs » les mènent.

Le legs chrétien, dont sont issus l’humanisme, l’individualisme, les droits de l’Homme et la démocratie moderne d’après-guerre, n’est pas le seul legs à notre civilisation à laquelle a été imposé dans le sang et souvent difficilement, le christianisme et ses « valeurs » universalistes et cosmopolites. Certaines zones d’Europe ont résisté jusqu’au 16^e siècle au diktat du christianisme.

Ce n’est pas la démocratie, en tant que système politique qui fait participer le peuple aux décisions et qui en reconnaît la souveraineté, qui est en cause. Les assemblées nordiques des païens scandinaves étaient très démocratiques, celles des agoras ou des forums grecs ou romains aussi. C’est cette démocratie d’après-guerre qui écrase et impose son idéologie perverse et destructrice qui est à rejeter comme telle et sur ses principes philosophiques partisans, imprégnés d’ultralibéralisme, de laxisme facile, de capitalisme outrancier, de mixité cosmopolite encensée, d’inversion de toutes les valeurs sociétales et familiales, entre autres choses.

On en vient à se poser une question terrible : et si c’était les Talibans qui avaient raison pour leur pays, pour leurs valeurs, pour leur culture auxquelles les démocraties occidentales ne comprennent rien ? en regrettant amèrement que les peuples européens ne fassent pas de même et continuent à se laisser anesthésier par les « valeurs » du kit démocratique sacralisé.

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