Kaboul tombe, l’occident chute
En dix jours d’offensive, les talibans afghans – alliés d’Al-Qaïda, le destructeur des Twin Towers – se sont emparés du pays tout entier. Lundi matin, les cellules dormantes de la capitale se réveillaient et envahissaient le palais présidentiel, abandonné par le président Ashaf Ghani, qui avait quitté le pays quelques heures auparavant, en hélicoptère. La victoire des islamistes est totale et irréversible.
Beaucoup font un parallèle avec la chute de Saïgon, en 975, à juste titre sur un plan au moins : le fiasco, l’impréparation, l’absence totale d’anticipation d’un schéma que beaucoup considéraient pourtant comme inéluctable. La faute de Biden est tout simplement monstrueuse. Les évènements se produisent dans des circonstances semblables : une vaste offensive interne contre le patriotisme occidental et singulièrement américain (contre Nixon dans un cas, contre Trump dans l’autre), un doute majeur sur une quelconque mission civilisatrice de l’Occident, une minimisation de la nature totalitaire du régime qui s’annonce.
Mais la chute de Kaboul est révélatrice d’une situation peut-être plus grave encore que celles de Saïgon, puis Phnom-Penh et Vientiane. Dans ces années 1970, les Etats-Unis perdaient une guerre les opposant en fait à l’URSS, au bloc soviétique, au communisme chinois, et à leurs alliés communistes (Cuba, Mozambique, Angola, Corée du Nord etc.). C’était une bataille perdue dans le cadre d’une guerre froide mondiale qui se poursuivait.
Dans leur guerre, les talibans afghans ne bénéficiaient pas du soutien d’États-continents. Ils n’ont pas gagné une bataille, c’est le camp occidental qui perd la guerre. Parce que l’islamisme n’est combattu que du bout des lèvres dans la plupart des pays occidentaux, et que les actes terroristes à répétition, loin de galvaniser les opinions publiques et les convictions des dirigeants occidentaux n’ont conduit qu’à des renoncements, des peurs, des lâchetés.
Dans l’hebdomadaire Marianne, l’ex-ambassadeur de France à Kaboul, qui fut un temps patron de la DGSE parle de fiasco, malgré un milliard de dollars versés mensuellement pour lutter localement contre l’insurrection islamiste. Pour sa part, l’ONU a dépensé des centaines de millions de dollars pour des études et des investissements en faveur du développement du pays qui n’auront servi strictement à rien.
Le syndrome des harkis
Mais pire encore, cette défaite en rase campagne, sans repli organisé, va livrer aux islamistes les Afghans qui ont fait confiance en l’Occident. C’est le syndrome des harkis : ceux qui avaient choisi la France ont été massacrés, famille comprise, par dizaines de milliers, dans l’indifférence cynique du gouvernement français de l’époque. Nous avons assisté au même renoncement, par les Américains, en Indochine, et face à la boucherie génocidaire polpotiste, de 1975 à 1978. Tout laisse penser que des dizaines de milliers d’Afghans vont perdre la vie dans les semaines et les mois qui viennent, et que les survivants seront « rééduqués » à la sauce fanatique.
Comment les Américains peuvent-ils espérer, dans ces conditions, maintenir des liens de confiance avec leurs partenaires ?
Pour ce qui concerne plus spécifiquement la France, il y a d’abord le souvenir que quatre-vingt-dix soldats français, quatre-vingt-dix jeunes hommes appartenant à l’élite de notre pays, sont morts dans ce conflit. Non seulement leur sacrifice sera vite oublié – il l’est déjà – mais il n’aura été d’aucune utilité.
Cette défaite américaine en terre afghane est donc grosse de conséquences au moins aussi importantes que la défaite de l’armée soviétique, au même endroit, dans les années 1980. Au moins les Soviétiques sauvèrent-ils les apparences en opérant un repli en bon ordre. L’agitation militaro-diplomatique américaine autour de l’ambassade des Etats-Unis et de l’aéroport de Kaboul accentue le sentiment de fiasco et d’abandon.
Le basculement de l’ancienne Indochine dans le camp communiste avait eu un impact humain épouvantable, mais des conséquences économiques et géopolitiques limitées. Même le rapport de force Est-Ouest n’en avait pas été réellement modifié. Il n’en est pas de même avec la défaite américaine en Afghanistan : la Russie, et plus encore la Chine vont en tirer un profit géostratégique immédiat. La Chine a déjà noué des liens avec les talibans et va les développer, faisant basculer ce pays dans son champ d’influence.
Par ailleurs l’Afghanistan va redevenir une base arrière du terrorisme islamique. Rappelons que l’origine de l’intervention américaine était de détruire les camps d’entraînement d’Al-Qaïda, installés là-bas avec le soutien des talibans, de capturer Ben Laden, et de punir les talibans pour ce soutien.
Plus grave encore, si c’est possible : l’Afghanistan était le premier fournisseur mondial de drogue, ce trafic permettant le financement des activités des talibans. Leur prise de pouvoir va professionnaliser à outrance cette activité. Les Etats-Unis, par le biais d’organismes spécialisés, ont dépensé un total de 840 milliards de dollars pour lutter contre la drogue cultivée en Afghanistan. Le trafic va reprendre de plus belle.
La défaite de ce mois d’août est donc gravissime, même si elle n’est pas perçue ainsi pour l’heure.
Article paru dans les colonnes de Présent.
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