Voyez une chaine info (on en a bien une demi-douzaine en France, non ?) et son information en boucle. Dites-vous que cet « enchaînement info » a été imposée pour des motifs politiques dans tous les bistrots et lieux publics de la planète.
Puis reprenez Platon et son fameux Mythe de la caverne (livre VII de La République), qui annonce si bien la condition postmoderne : « Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. »
Comme dit Platon un peu plus tard, il va être bien difficile après de parler de la réalité à cet enchaîné ! Comparez maintenant ce prisonnier au miteux qui passe sa journée devant sa chaîne info. Tout ici relève du vieux conditionnement mis au goût du jour après la guerre par les spécialistes en bombardements de tout genre. On lit à propos des victimes de la doctrine de choc, dans le célèbre livre La Stratégie du choc de Naomi Klein : « Au cours des traitements, les patients sont soumis à des chocs psychiatriques extrêmes. Sous l’effet de barbituriques et de LSD, les sujets sont abrutis par des messages préenregistrés et diffusés en boucle. Les séances duraient cinq heures par jour, cinq jours par semaine, elles avaient pour but de ‘‘déprogrammer’’ le cerveau du patient pour ensuite le ‘‘reprogrammer’’ » (La Stratégie du choc, Actes Sud, collection « Babel », 2010).
Depuis CNN, opération coordonnée en son temps par le Pentagone et la CIA, les chaînes info ont envahi notre vie. Ces chaînes info polluent et envahissent votre âme, elles la siphonnent même. Où que j’aille, dans un bar, dans une gare, chez quelqu’un (une personne âgée et seule se retrouve vite aujourd’hui zombi ébaubi par l’info : voyez l’âge médian de l’électeur Merkel – plus de soixante ans), à l’hôtel, je me retrouve assiégé, hypnotisé par le flot d’une information bouclée, mielleuse, obscène, obtuse et odieuse, et présentée partout par des poupées Barbie et des androïdes aux ordres !
Nous sommes victimes mais aussi complices dans cet arraisonnement de notre esprit ; rappelons La Boétie et sa splendide Servitude volontaire : « Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, si vous ne les lui baillez ? » (Discours de la servitude volontaire).
Coupez votre lien télé au lieu de vous en plaindre.
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Essayiste et chroniqueur politique, Nicolas Bonnal est l’auteur d’une quinzaine de livres sur la politique, l’identité, l’initiation et le cinéma… Derniers livres parus aux Éditions Dualpha : Le paganisme au cinéma ; La chevalerie hyperboréenne ; le Graal et aux Éditions Déterna Donald Trump, le candidat du chaos. Il est le correspondant d'EuroLibertés en Espagne.