26 février 2021

L’antisémitisme en Suède n’est pas « suédois »

Par article conseillé par EuroLibertés

Par Olivier Bault.

Un nouveau rapport sur les manifestations de l’antisémitisme dans les écoles de Malmö, troisième ville de Suède avec ses 320 000 habitants, montre à nouveau le lien étroit entre immigration de masse et détérioration des conditions de vie des juifs. Avec 15 % d’étrangers et 55 % d’habitants dont au moins un parent est né à l’étranger, Malmö est un laboratoire de cette grande expérience d’ingénierie sociale en cours visant à créer en Europe des sociétés multiculturelles postchrétiennes qui se ressemblent et où le sentiment d’appartenance à la nation est de plus en plus affaibli. Mais comme une majorité des immigrants et habitants issus de l’immigration à Malmö sont originaires de pays musulmans et notamment du Moyen-Orient, l’antisionisme souvent ouvertement antisémite des nouveaux arrivants rend la vie impossible aux juifs locaux. Ceux-ci ne sont d’ailleurs plus très nombreux : la congrégation juive de la ville ne comptait plus que 349 membres en 2019 contre 842 en 1999.

D’après des témoignages d’élèves recueillis par la radio Sveriges Radio en 2019, les familles juives n’envoient leurs enfants que dans quelques rares écoles encore considérées comme à peu près sûres pour eux. Ce sont ces témoignages qui ont poussé une chercheuse de l’université de Lund, Mirjam Katzin, à mener une enquête auprès des écoles de Malmö. Notons au passage que son rapport intitulé « Racisme dans les cours d’école, théories du complot et exclusion » n’est pas un rapport commandité par « l’extrême droite » puisque Mme Katzin est également conseillère municipale du Parti de gauche (Vänsterpartiet), d’extrême gauche.

Malgré le refus de coopérer d’un certain nombre de directeurs d’école – seuls 27 sur 63 ont accepté de transmettre les questionnaires de la chercheuse aux enseignants –, ce nouveau rapport confirme clairement que les juifs doivent éviter un certain nombre d’écoles et que, même dans les autres, ils peuvent être victimes d’actes ou paroles antisémites. Les coupables, ce sont les élèves et parfois même les enseignants arabes ou originaires du Moyen-Orient qui transposent leur haine d’Israël aux juifs de leur pays d’accueil, certains allant même jusqu’à exprimer ouvertement leur sympathie pour Hitler.

En décembre 2017, après la décision de Donald Trump de transférer à Jérusalem l’ambassade des Etats-Unis en Israël, une manifestation s’était déroulée à Malmö avec des appels à tuer les juifs. Les élèves interrogés à l’été 2019 par Sveriges Radio avaient assuré que les juifs de la ville ont désormais peur de sortir avec des signes distinctifs témoignant de leur judaïsme.

Le dernier rapport de l’Agence européenne des droits fondamentaux sur l’antisémitisme dans l’UE, publié en 2018, montre en effet que 35 % des juifs de Suède évitent tout le temps ou souvent de porter ce type de signes distinctifs de peur des conséquences. A titre de comparaison, ce pourcentage est de 36 % en France et en Allemagne, et de seulement 16 % en Hongrie, qui est, des douze pays pris en compte dans l’étude de l’Agence européenne, le pays avec la plus forte proportion de juifs qui n’évitent jamais de porter des signes distinctifs dans l’espace public. Si la Suède et la Hongrie ont une population comparable (respectivement 10,4 et 9,7 millions), il y a seulement environ 25 000 juifs en Suède contre environ 100 000 dans la république magyare. Il y a en revanche un peu plus de 8 % de musulmans en Suède contre 0,4 % en Hongrie.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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