Les Suisses et leur armée de l’air : je t’aime moi non plus
par Éric Bertinat.
C’est une vieille histoire entre la population et ses politiciens. En mai 1964, la Suisse est en pleine affaire des Mirage. L’acquisition par l’armée suisse de cent nouveaux avions de chasse tourne à la débâcle financière : il faut payer 576 millions de francs en sus du premier crédit de 828 millions voté par les chambres en 1961. Le Département militaire fédéral est accusé de tromperie, les informations fournies pour faire voter le crédit au parlement étaient lacunaires. Le Parlement décidera de réduire la commande à 57 avions de chasse. Cette affaire, l’un des plus grands scandales politiques de la Suisse du XXe siècle, remet en cause la politique de défense adoptée en 1961 et suscite des réflexions sur le fonctionnement du Conseil fédéral dépassé par sa tâche.
En 2014, nouveau pataquès : les Suisses refusent l’achat de 22 Gripen E, un avion de chasse qui était en cours de développement. Les détracteurs de ce jet parlaient d’avions de papier. Des membres des forces aériennes s’étaient aussi étonnés, en coulisses, du choix du jet suédois, alors que d’autres avions avaient obtenu de meilleures notes lors de l’évaluation. L’analyse Vox qui avait décortiqué le scrutin avait ainsi montré que 13 % des votants avaient mis un non dans l’urne par rejet du Gripen.
De nouveaux avions sinon rien ?
Cette fois-ci, les Suisses n’auront plus à se prononcer sur un type d’avion. Une seule question leur sera posée : acceptez-vous de payer 6 milliards de francs pour acheter de nouveaux avions de combat ? Le Conseil fédéral ne sélectionnera le modèle qu’après le scrutin, sur la base des évaluations conduites par Armasuisse. A la suite des essais en vol et au sol qui ont eu lieu l’an dernier sur la base militaire de Payerne, il reste ainsi quatre jets en course : le Rafale de Dassault, l’Eurofighter d’Airbus, le Super Hornet de Boeing et le F-35 de Lockheed Martin.
Gaffes en série, couacs de communication, allusions malheureuses : la campagne de 2014 avait été cauchemardesque pour le ministre de la Défense de l’époque, Ueli Maurer (UDC). 6 % des votants avaient déclaré, lors de l’analyse Vox, avoir dit non en raison de cette campagne cacophonique.
En 2014, le Gripen ne devait remplacer que la flotte des F-5. Les 32 F/A 18 devaient être remplacés dans un second temps. Aujourd’hui, les 30 avions de combat F/A-18 restants sont vieillissants. Il est prévu de prolonger leur durée de vie jusqu’en 2030. Ainsi, la gauche ne pourra pas déployer avec autant d’impact l’un de ses arguments clés de 2014 : on pouvait dire non au Gripen, il restait des avions pour l’armée.
A l’époque, selon l’analyse Vox, 24 % des détracteurs du Gripen se disaient en effet partisans d’une armée forte, mais ils estimaient aussi que l’achat de ce jet n’était pas une nécessité vitale. Le message est aujourd’hui différent. Le Conseil fédéral et les partis de droite pourront marquer des points en affirmant que le scrutin déterminera la survie des forces aériennes.
Fondamentalement, les référendaires ne contestent pas la nécessité d’avoir des avions de chasse mais uniquement pour faire la police du ciel. Ils estiment qu’on peut acheter moins et à un meilleur prix. Leur capacité de convaincre avec cet argument s’annonce déterminante. Tout comme la question de confiance accordée au Département fédéral de la défense… •
Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.
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