Haro sur le Baupin !
Député de Paris depuis 2012, ancien dirigeant national d’EE-LV, ancien adjoint au Maire de Paris et désormais ancien Vice-président de l’Assemblée nationale – à l’heure où sont écrites ces lignes, il vient de renoncer à cette fonction pour mieux se consacrer à sa défense – Denis Beaupin est accusé par plusieurs femmes, souvent anciennes camarades politiques, de harcèlements sexuels. Vilaine affaire !
Quoiqu’il advienne désormais et bien que « présumé coupable », l’intéressé est, de toute façon, sali à vie avant même d’être éventuellement condamné : on se relève difficilement d’une telle accusation à l’ère du tout info, vraie ou fausse, permanente et immédiate.
À jamais, sa réputation est entachée, même si aucune condamnation ne devait le frapper dans l’avenir, soit pour cause de prescription des faits, soit par manque de preuves de sa culpabilité…
Mais on peut très bien survivre à l’opprobre sexuel, l’ancien Ministre et ancien Directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn en est un exemple vivant, lui qui a été mis plusieurs fois en examen pour des accusations d’actes sexuels autrement plus terribles.
C’est donc moins la personne de Denis Baupin, quoiqu’on pense du personnage, qui doit nous interpeller en l’occurrence, que la manière dont « l’affaire » est appréhendée par le monde politico-médiatique dans son ensemble… et par les différents protagonistes eux-mêmes.
Tout d’abord, si cela est avéré, comment un homme politique de son envergure peut-il s’être laissé aller à harceler ses victimes par des SMS graveleux, sans se douter que ceux-ci pouvaient se retourner contre lui tôt ou tard ? Inconscience ? Irresponsabilité ? Ou simple conviction de faire partie d’une caste d’intouchables, à l’instar de tant d’autres, fraudeurs fiscaux ou élus corrompus ?
Ensuite, à en croire les déclarations aussi nombreuses qu’explicites de ses « victimes », comment ces dernières ont-elles pu taire des années durant ce qu’il leur avait fait subir ? La honte, disent-elles ; la peur de perdre leur « job », s’excusent-elles ; la culpabilisation (sic !), plaident-elles…
On rappellera tout de même que selon leurs témoignages recueillis et publiés par le site Mediapart, toutes étaient militantes politiques ou élues d’un mouvement qui s’est toujours voulu à la pointe du féminisme le plus intransigeant, le plus violent, le plus harcelant (ô que oui !) qui soit… Si elles se sont montrées lâches – ô combien !, comme certaines le reconnaissent – c’est moins de n’avoir pas eu le courage de dénoncer leur tourmenteur, que d’avoir continué quand même à donner des leçons de morale à la société… Reconnaissons à la députée écologiste Danielle Auroi, présidente de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, d’avoir déclaré que « dans cette affaire, par omission, on est tous complice… » Faute avouée n’est pas pardonnée pour autant, mais bon !
Certains dirigeants d’Europe Écologie-Les Verts – un parti qui se glorifie pourtant de se vouloir tellement « différent » des autres – et non des moindres ! sont nombreux désormais (Cécile Duflot, Barbara Pompili, François de Rugy, etc.) à reconnaître qu’ils étaient plus ou moins au courant, ayant entendu quelques rumeurs par-ci, par-là, mais qu’ils n’avaient pas jugé utile d’intervenir avec plus de fermeté que cela.
Pas plus, en tout cas, que le premier cardinal Barbarin venu, tout autant confronté qu’eux à des situations de dérapages sexuels dans son propre monde.
Et aucun de ces habituels donneurs de leçons professionnels n’a jamais envisagé d’empêcher un tel obsédé de la galipette forcée de se hisser à une importante fonction de la vie publique s’il en est, la Vice-Présidence de l’Assemblée nationale… Pas davantage que le premier responsable socialiste d’antan (devenu ensuite Président de la République), confronté, lui, aux ruts à répétition de DSK…
Il y en a une qui reste pour l’heure bien silencieuse au milieu de toute cette boue : Emmanuelle Cosse, ancienne dirigeante nationale d’EE-LV… et épouse de Denis Beaupin !
Ne dit-on pas que dans son cas, c’est connu qu’on est souvent la seule à ne pas être au courant de son infortune… Laissons-la donc bénéficier de cette présomption d’aveuglement si courante, mais quoi qu’il en soit, tous autant qu’ils sont, « c’est pas du beau monde », comme aurait dit ma grand-mère.