Le divorce entre l’État et la Nation
L’union d’une nation avec l’État est la question centrale qui occupe la réflexion politique depuis toujours. Ce qu’on a appelé la « lente formation » des États européens, à partir du XIIIe siècle pour la future France, est la recherche d’un équilibre entre un pouvoir central puissant et incarné, tel que Jean Bodin l’a exprimé dans la théorie de la souveraineté, et une adhésion de la nation à cet État à puissance souveraine.
Cette démarche a consisté, d’une part à éliminer progressivement les pouvoirs locaux et ses pouvoirs intermédiaires, et d’autre part à créer un sentiment national plus fort et supérieur aux attachements charnels provinciaux en fabriquant des mythes unitaires. Dans cette démarche l’Église joua un rôle primordial en tant qu’élément unificateur d’une nation nouvelle composée d’éléments disparates aux valeurs propres. Seule la religion marquait d’une valeur commune essentielle la nation en devenir. Les guerres contre des ennemis, nombreux, de la « nation », contribuèrent aussi largement à créer une appartenance à une nation aux contours encore abstraits.
Pour s’imposer il faut donc à un État une adhésion de la nation qu’il recouvre ou entend recouvrir. Or, une nation suppose un certain nombre de valeurs communes de ses composantes, au-delà des valeurs locales ancestrales ou naturelles. L’Église puis l’armée, lorsqu’elle fut créée au XVe siècle, la langue française que l’État a eu tant de mal à imposer jusqu’à la fin du XIXe siècle, le droit qui a du briser les coutumes si difficilement jusqu’à la victoire des codifications nationales de Napoléon, après tant de tentatives souvent avortées. L’instruction publique nationale a couronné le système lorsqu’elle put être imposée à la fin du XIXe siècle.
À cet égard, il est intéressant de noter que le terme « instituteur », ce pivot de l’unité nationale, signifie « celui qui institue la République » – entendre par « République », l’attachement aux valeurs communes nationales. La suppression du mot est significative à elle seule d’un abandon de facto de la mission originelle des modernes et désincarnés « professeurs des écoles ».
Église, armée, langue, droit, instruction constituent les cinq piliers d’une unité nationale si difficilement forgée grâce aussi à tous les mythes dont l’État les a entourées pour les magnifier. Les mêmes mécanismes avec des variantes locales et d’autres vicissitudes, ont permis de forger peu à peu les États-Nations d’Europe.
Ainsi l’union entre État et Nation était enfin scellée, avec comme condition pour l’État de pouvoir s’appuyer sur les piliers qui lui permettent de s’imposer pour le bien commun supposé.
Mais lorsque l’Église se sépare de l’État, symboliquement en 1905, puis prend ses distances avec lui pour redevenir une Église universelle et non plus « gallicane », l’État se coupe de son premier soutien dans la nation. La déchristianisation s’est ensuivie progressivement, supprimant les supports moraux et les relations interpersonnelles forgés par le christianisme. Si on peut s’en féliciter sur un plan philosophique, on ne peut que le déplorer au niveau de l’union de l’État et de la Nation, compte tenu surtout du vide matérialiste qui lui a succédé.
Lorsque l’armée devient une armée de professionnels après avoir supprimé la conscription, creuset d’unité nationale, l’État rompt un second lien avec le peuple, surtout après avoir maltraité et souvent stigmatisé son armée pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie. Avec l’armée, la police, l’autre obligation « régalienne » de l’État pour assurer la sécurité intérieure de sa nation, ne remplit plus non plus son rôle, pas plus que la justice pénale qui en est le prolongement.
Lorsque la langue recule sans cesse dans la culture nationale au profit de l’anglais d’une part, et d’un sabir incompréhensible d’autre part, l’État appauvrit les codes de la communication entraînant de plus en plus d’incompréhension. On ne se comprend plus, on ne s’entend plus. En revanche, un retour aux sources préalables à l’instauration de l’État se réveille à travers les langues dites « régionales » (breton, basque, corse, occitan notamment). Rupture aussi entre État et traditions régionales ancestrales vivaces.
Lorsque les sources essentielles du droit deviennent européennes et non plus nationales, lorsque le droit n’est plus un droit objectif mais principalement un droit subjectif incertain, reflet des individualismes égoïstes, alors l’État n’incarne plus le droit et ne trace plus les lignes du vivre ensemble.
Lorsque l’instruction n’est plus égalitaire, crée des ruptures en fonction des lieux, fabrique des castes et des dynasties de dirigeants et d’élites bien formés face à des troupeaux de sous-instruits, l’État crée des distorsions dans la nation et fabrique des générations de déclassés, d’aigris, de décrocheurs.
Un État dépourvu de ses piliers ne peut survivre longtemps face à une nation par ailleurs disloquée et traversée par des courants libertaires et individualistes.
La « crise » actuelle des grandes démocraties, la perte de confiance entre ce qui reste du concept de nation et ses dirigeants étatiques élitistes, la perte des valeurs et des identités nationales, conduisent droit vers la disparition des États dès que les divorces seront consommés.
Le tout est de savoir à qui profitera le divorce. Aux pouvoirs transnationaux européistes aux mains des grandes puissances oligarchiques financières ou à une autre idée de l’Europe, fondée sur un retour des identités provinciales traditionnelles regroupées dans une identité civilisationnelle européenne assumée ? Qui l’emportera, des financiers cosmopolites ou des peuples charnels ?
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