Moïse Bayle, archétype du second couteau
Dans l’imaginaire collectif des Européens, la Révolution de 1789 joue un rôle considérable, au point que pour quelques individus dogmatiques, niais autant qu’ignares, l’histoire de la France débuterait avec elle.
Le site Eurolibertés étant voué à la fois à la ré-information et à l’intégration des Français de souche européenne dans l’union des Nations autochtones d’Europe, il peut paraître utile de rappeler le rôle joué par quelques illustres individualités, et d’autres moins brillantes, d’origine européenne, mais non-française, dans cette aventure exaltante et sanglante, qui demeure une source exceptionnelle de désinformation.
Moïse, Antoine, Pierre, Jean Bayle (né vers 1755 ; mort après 1811)
Né en Suisse, il est calviniste, mais dépourvu de lien de parenté connu avec le célèbre philosophe et historien, contemporain de Louis XIV, Pierre Bayle : on lui posera souvent la question et il sera toujours un peu écrasé par cette homonymie.
En 1789, il est employé de bureau à Marseille, où il devient aussitôt un enthousiaste « Patriote ». Il est élu procureur-syndic du département des Bouches-du-Rhône en 1790, puis, deux ans plus tard, député à la Convention Nationale.
Il siège dans les rangs de la « Montagne », mais, étant proche de Jean-Pierre Marat, il ne s’inscrit pas aux « Jacobins »… De cette singularité, divers historiens en feront un « modéré », ce qui est pure absurdité. C’est un indécis, qui opine avec le dernier orateur ou le plus excité. Régicide (après une hésitation), il bâcle une mission à Marseille, en mars 1793. Le 31 juillet, il demande l’abolition de la loi sur le prix maximum des denrées, qui les a fait disparaître des étals : le marché noir fait une première apparition, en France, sous la Terreur.
Très populaire, car c’est un homme chaleureux et un « stratège de couloirs », il préside la Convention Nationale en octobre-novembre 1793. Il est élu membre du Comité de Sûreté Générale (l’équivalent d’un ministère de la Police en régime totalitaire), le 14 août 1793 ; il y est réélu régulièrement jusqu’à la fin de juillet 1794.
Il a sévèrement critiqué les brutalités et les exactions commises à Marseille par les deux canailles Stanislas Fréron et Jean-François Barras, lors de leur mission, de l’été 1793 au milieu de l’hiver 1793-94. Il devient tout naturellement la cible préférée de ces meneurs de la Convention Thermidorienne. Décrété d’arrestation comme ancien « terroriste », le 5 avril 1795, il bénéficie de l’amnistie du 26 octobre, votée lors de l’ultime séance de la Convention.
L’attentat royaliste de la rue Saint-Nicaise, d’abord interprété comme d’origine ultra-révolutionnaire, lui vaut un exil près de Genève, de 1801 à 1803. Il est employé de bureau aux Droits réunis, de 1803 à 1811. On perd sa trace ensuite. C’est l’archétype du second couteau, que son insigne médiocrité rend sympathique à ses confrères parlementaires, fatigués des hommes qui brassent trop d’idées.