17 novembre 2017

Sauver notre civilisation en péril

Par Fabrice Dutilleul

(Propos recueilli par Fabrice Dutilleul)

Qui êtes-vous et qu’est-ce qui vous a guidé pour écrire ce livre ?

Je m’appelle Aurélio Brouri, j’ai 27 ans et j’ai fait des études de philosophie et d’histoire, ce qui explique la méthode que j’ai utilisée dans ce court essai. Je crois que l’Histoire toute seule, réduite à la relation des événements, est aveugle à leur sens profond. Mais inversement la philosophie, si elle n’est que conceptuelle, se réduit à une macération abstraite sans prise sur la réalité vécue. Il faut donc réunir les deux pour parvenir à une vue intelligible du monde. C’est la démarche que j’ai tentée.

« Sauver notre civilisation en péril » : un titre très ambitieux, tout de même ?

Le titre n’est pas de moi, et d’ailleurs je ne pense pas qu’on sauve une civilisation avec un livre, ni même qu’on puisse « sauver » tout court une civilisation. On ne sauve jamais rien du tout. Pour se perpétuer, on est toujours obligé de se renouveler sans cesse. C’est le roman de Lampedusa, Le Guépard, qui avait montré ça : tout changer pour que rien ne change. L’histoire et le réel bougent tout le temps. Il faut bouger avec pour ne pas être écrasé, et si on veut vraiment se sauver, inventer autre chose !

Il est frappant de constater que les pays qui réussissent dans la mondialisation, les pays qu’on dit émergents – l’Inde et la Chine notamment – sont en même temps de très vieux pays qui peuvent s’appuyer sur une culture millénaire. Leur problématique, dans des condi­tions différentes, se rapproche de la nôtre : comment être à la pointe de l’avenir sans se renier ?

Que pourrions-nous donc encore inventer aujourd’hui ?

C’est en effet la grande question, et je m’abstiens volontairement de toute indication précise. Dans la conclusion, je développe l’idée que les renaissances européennes se sont toujours produites en référence à l’Antiquité. C’est une matrice indépassable. Mais encore faut-il l’actualiser, ce qui ne peut être qu’un travail collectif et de longue haleine. C’est pourquoi je qualifie ce livre de simple « première contribution ». Pour inventer audacieusement, il faut cultiver une très longue mémoire.

Comment est construit votre livre ?

J’essaie de balayer les grands problèmes généraux qui se posent à l’Occident aujourd’hui. Mais je me suis imposé comme contrainte de le faire d’une façon très courte, car il n’y a que les petits formats qui atteignent vraiment leur cible. Dans le premier chapitre, je reviens sur le parcours de l’Europe depuis la chute de l’Empire romain ; dans le deuxième, j’examine l’Islam d’un point de vue politique… dans le troisième je me penche sur la question de l’emploi et du chômage de masse, et dans le dernier j’ouvre la perspective en essayant de déterminer ce que recouvre précisément le concept d’« Occident ». Vous le voyez : des questions très globales, totalisantes, dont chacune mériterait un livre entier. Mais le but de ce format condensé était de montrer leur interaction.

Que prétendez-vous apporter de nouveau sur toutes ces questions ?

J’opère des comparaisons qu’on ne fait pas d’habitude, par exemple entre le clientélisme sous l’Empire romain et l’assistanat actuel ou entre le salafisme et le protestantisme du XVIe siècle. Mais ce n’est pas l’essentiel. C’est la manière de mettre tous ces éléments en cohérence qui fait sens, pour faire voir que tout au final se rapporte à la question de ce que nous sommes, en deçà des structures politiques ou économiques. Je vous répondrai avec Pascal : « Qu’on ne dise pas que je n’ai rien dit de nouveau : la disposition des matières est nouvelle ; quand on joue à la paume, c’est une même balle dont joue l’un et l’autre, mais l’un la place mieux. »

Aurélio Brouri, Sauver notre civilisation en péril, Éditions de Paris Max Chaleil, Collection « Actuels », 80 pages, 9 €.

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