Parlons de mai 1968⊠Comme dit le grand libertarien Murray Rothbard, « on appelle conspirative lâhistoire qui nâest pas rĂ©digĂ©e par lâautoritĂ© Ă©tatique officielle » et ses rĂ©dacteurs orwelliens. (1)
Le Français moyen, comme le chien Rantanplan dans les bandes dessinĂ©es de Lucky Luke, « sent confusĂ©ment quelque chose » Ă propos de mai 1968. Le « bataclan » de ce lĂ©gendaire mois avait tout, en fait, dâune « rĂ©volution orange » destinĂ©e Ă mettre Ă lâĂ©cart un pouvoir hostile Ă des intĂ©rĂȘts occultes. Sempiternel malaise social mis Ă part (relire Gustave Le Bon), « on » utilisa des Ă©meutiers, on manipula des grĂ©vistes, on dĂ©nonça un despote, on dĂ©ploya le beau slogan « CRS-SS ». Le gaullisme fut en fait sauvĂ© par la Russie et par la CGT. Et comme dit lâinspirĂ© Guy Debord, « rien, depuis vingt ans, nâa Ă©tĂ© recouvert de tant de mensonges commandĂ©s que lâhistoire de mai 1968. » (2)
Roger Frey parla de lâargent qui passait par la Suisse ; le fils du GĂ©nĂ©ral lui-mĂȘme a dĂ©noncĂ© le rĂŽle de forces opaques durant les Ă©vĂ©nements les plus mal racontĂ©s de notre histoireâŠ
Câest que le dominion socialiste et chrĂ©tien-dĂ©mocrate de la IVe RĂ©publique avait donnĂ© au nouvel empire yankee toutes les garanties. Puis vint au pouvoir le GĂ©nĂ©ral dont les convictions anti-impĂ©riales ne plurent pas Ă tout le monde. Sâensuivit une longue bataille politique et mĂ©diatique contre le pouvoir gaulliste en France et dans le « monde libre ».
Il est clair quâĂ part Kennedy, les AmĂ©ricains dĂ©testaient De Gaulle. Ce dernier dĂ©nonça dĂšs 1964 Ă Alain Peyrefitte les agissements de lâambassadeur amĂ©ricain Bohlen (de la propre dynastie des Krupp) avec la presse et la bourgeoisie aux ordres (3). Sur cette bourgeoisie, le Ministre socialiste Jean-Pierre ChevĂšnement a dit un jour lors dâune vieille Ă©mission de lâORTF quâelle Ă©tait aux ordres des Allemands pendant la Guerre, Ă ceux des AmĂ©ricains aujourdâhui. Et le gaullisme prĂ©tendait gĂȘner le lebensraum germano-amĂ©ricain qui engloutit aujourdâhui nos vieilles nations, pendant que la « nouvelle Europe » des Baltes et des Polonais, celle de lâancien secrĂ©taire Ă la DĂ©fense des Ătats-Unis (2001Ă 2006) Donald Rumsfeld, demande extatiquement sa guerre nuclĂ©aire contre la Russie pour achever de transfĂ©rer nos avoirs en AmĂ©rique. (4)
On trouve deux Ă©lĂ©ments importants chez le professeur et historien amĂ©ricain Carroll Quigley. Il dit que la France fut poignardĂ©e (stab in the back) par lâAngleterre au cours des annĂ©es trente, parce que le groupe Milner ne voulait pas dâune grande guerre contre le nazisme ; il ajoute quâon dĂ©clara finalement la guerre au nazisme, mais quâon ne la mena pas (5). Ce fut la « drĂŽle de guerre » anglo-allemande qui dura en fait bien aprĂšs le 10 mai 40 : lâanglophilie nazie fit le reste, en MĂ©diterranĂ©e et ailleurs. On prĂ©fĂ©rait tuer du Russe !
Et concernant De Gaulle, Quigley Ă©crit : « La France, malgrĂ© De Gaulle, devra accepter une Europe politique⊠Les USA veulent que lâEurope soit unifiĂ©e et alliĂ©e ; De Gaulle veut lâEurope dĂ©sunie et indĂ©pendante⊠Il semble Ă©vident que lâEurope, malgrĂ© un considĂ©rable retard causĂ© par De Gaulle, Ă©mergera unifiĂ©e et indĂ©pendante. » (6)
Et bien câest fait ; et mai 1968 mĂ©rite sa mĂ©daille du congrĂšs.
Notes
(1) ROTHBARD, Murray N. For a new liberty : The Libertarian Manifesto,
(2) DEBORD, Guy. VI in Commentaires sur la Société du Spectacle
(3) PEYREFITTE, Alain. C’Ă©tait de Gaulle, I, p 422, Le Livre de Poche
(4) TETREAU, Edouard. 20 000 milliards, Grasset, 2010
(5) QUIGLEY, Carroll. The Anglo-American Establishment, pp. 270-275,
(6) QUIGLEY, Carroll. Tragedy and Hope, p. 1296,