Cet article fait suite Ă celui publiĂ© la semaine derniĂšre, dans lequel nous prĂ©sentions, Ă lâoccasion de la parution du dernier numĂ©ro de la revue Conflits, le nouvel indice de mesure de la puissance globale Ă©tabli par les rĂ©dacteurs de la revue. Dans cet article, nous faisons briĂšvement Ă©tat des rĂ©sultats obtenus consĂ©cutivement Ă lâapplication de cet indice multifactoriel.
Lâon ne sera guĂšre surpris de trouver sur le podium des principales puissances incontournables les Ătats-Unis, la Chine et la Russie, chacun de ces empires se disputant Ăąprement un leadership qui ne serait pas uniquement Ă©conomique et commercial (donc sectoriel) mais littĂ©ralement planĂ©taire (donc absolu). Il est dâailleurs assez frappant que ces trois nations aient acquis Ă la longue, dans les reprĂ©sentations psychologiques collectives (dont on sait, avec Aymeric Chauprade, quâelles font pleinement partie des rĂ©alitĂ©s gĂ©opolitiques avec lesquelles, dirigeants et analystes doivent compter) ce statut dâempire autour duquel graviteraient des affidĂ©s directs ou indirects.
Chacun de ces trois empires prĂ©tend dâailleurs sommairement dominer une aire culturelle et politique (lâOccident pour les Ătats-Unis, lâEurasie pour la Russie, lâAsie extrĂȘme-orientale pour la Chine), sans que cette hĂ©gĂ©monie ne soit pas pour autant contestĂ©e ou concurrencĂ©e. Bien que ne figurant pas dans le peloton de tĂȘte, la Turquie lorgne aussi bien sur lâEurasie que sur le monde musulman, mĂȘme si les ambitions sont inversement proportionnĂ©es aux moyens. Pays Ă la frontiĂšre de rĂ©gions secouĂ©s de maniĂšre endĂ©miques par de rĂ©currents et lointains conflits, la Turquie (occupant la 29e place de lâICPG[1]) doit compter avec lâIran, IsraĂ«l, lâArabie Saoudite et le Qatar (respectivement Ă la 28e, 17e, 19e et 23e place), au besoin en recourant Ă un subtil systĂšme dâalliances et de contre-alliances.
Suivent derriĂšre la France, le Royaume-Uni et lâAllemagne. Hormis cette derniĂšre, les cinq pays de tĂȘte sont tous membres permanents du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, lors mĂȘme que, si lâon sâen tenait au seul indice militaire de puissance globale (IFPI), la France serait rĂ©trogradĂ©e Ă la 5e place quand le Royaume-Uni aurait Ă©tĂ© supplantĂ© par lâInde. En outre, Ă ne regarder que dans la direction forcĂ©ment oblique du PIB, comme il est courant de le faire, le Japon et lâAllemagne relĂ©gueraient la France Ă une solide 6e place (quand le FMI la situe en 10e position, juste derriĂšre le Royaume-Uni, tandis que la Russie est au 6e rang et quâen 2018, selon les prĂ©visions les plus sĂ©rieuses le PIB de lâInde devrait la coiffer au poteau des puissances Ă©conomiquement Ă la traĂźne !)
Concernant notre pays, son classement aprĂšs prise en considĂ©ration de sa puissance globale, en fait « une puissance moyenne, mais, prĂ©cise Pascal Gauchon, elle lâest dans tous les secteurs, ce qui en fait une ââgrande puissance moyenneââ selon la formule de Valery Giscard dâEstaing. » En dĂ©pit de son pessimisme foncier et de sa hantise du dĂ©clin, la France « dispose de facteurs qui rendent possible la puissance » affirme encore Gauchon. Est-ce suffisant, nĂ©anmoins, quand, enchĂ©rit ce dernier, « il faut plus pour ĂȘtre vĂ©ritablement puissant, un supplĂ©ment dâĂąme ou plutĂŽt de caractĂšre. La puissance est la capacitĂ© de vouloir ce que lâon veut. Sans volontĂ©, elle reste un potentiel inexploité : la statue est en puissance dans le bloc de marbre nous enseigne Aristote, elle nâacquiert sa forme que grĂące au sculpteur qui la taille. La France est puissance, mais elle est surtout en puissance. OĂč est le sculpteur qui pourra lui donner forme ? ».
DerriĂšre cette interrogation, tandis que la France reste forte, nonobstant, de sa façade maritime (la deuxiĂšme au monde), de ses bases militaires stratĂ©giques (malgrĂ© leur baisse, elles se maintiennent Ă Djibouti, Libreville et Abu Dhabi) et de ses quelque 300 tĂȘtes nuclĂ©aires, de son patrimoine historique et culturel, affleure le sentiment angoissant que notre pays a, certes, depuis longtemps amorcĂ© son inexorable dĂ©clin entamĂ© au congrĂšs de Vienne en 1815, un temps suspendu durant la parenthĂšse gaullienne mais fortement accĂ©lĂ©rĂ© depuis une quarantaine dâannĂ©es. Ayant conservĂ© la nostalgie Ă©molliente de sa grandeur passĂ©e, la France se condamne Ă vivre sur les acquis dâun brillant hĂ©ritage devenu trop lourd pour elle et, pis, quâelle sâavĂšre incapable de faire fructifier.
Laissons le dernier mot Ă Hadrien Desuin qui rĂ©sume parfaitement ce dĂ©solant Ă©tat des lieux : « se croyant trop petite pour la mondialisation, [la France] a dĂ©veloppĂ©, aprĂšs 1990, deux idĂ©es paradoxales. La premiĂšre est quâelle peut troquer sa force dĂ©clinante contre un discours gĂ©nĂ©reux jusquâau repentir. La France est la patrie des droits de lâhomme, câest-Ă -dire la patrie de tout le monde. La seconde idĂ©e a Ă©tĂ© de croire quâen faisant lâUnion europĂ©enne, Paris pourrait poursuivre Ă lâĂ©chelle du monde ce quâelle avait Ă©tĂ© en Europe : se maintenir parmi les grands et les Ă©quilibres dâun monde multipolaire. Câest donc par une bureaucratie forte Ă Bruxelles que lâEurope-puissance, câest-Ă -dire une Europe Ă la française, pouvait se concevoir. [âŠ] La grandeur sans la France. Mais comment peser tout en disparaissant ? [âŠ] DĂ©cidĂ©e Ă maintenir son rang parmi les grandes nations du monde, la France, croyant sâadapter Ă la mondialisation, a tournĂ© le dos Ă ce qui fit sa puissance : un Ătat fort et souverain autour de sa capitale. LâĂtat-nation est pourtant la condition de sa survie dans une globalisation qui vire Ă lâanarchie ».
Note
(1) Pour Indice Conflits de Puissance Globale.
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