13 juin 2020

Jean Raspail nous quitte

Par Euro Libertes

Hommage paru dans la revue Synthèse nationale à Jean Raspail

Jean Raspail vient de nous quitter, il avait 94 ans. Avant de devenir l’écrivain consacré et prolixe que l’on connaît, il fut aussi tour à tour aventurier, explorateur, poète. Jean Raspail assumait pleinement sa foi catholique et son attachement à la monarchie. Son œuvre a été couronné de nombreux prix.

En 2003, Jean Raspail recevait le Grand prix de littérature de l’Institut. A cette occasion, c’est Michel Déon qui a dressé le portrait de l’écrivain qui était aussi son ami.

Arrivé à l’âge d’homme, Jean Raspail cède à l’appel du voyage — les deux Amériques, le Japon, le Congo belge dans sa tourmente suicidaire, Hong Kong et Macao, en passant par les Antilles :  » En quarante ans de voyages à travers le monde, explique Jean Raspail, j’ai suivi de nombreuses pistes qui menaient aux derniers survivants encore doués de mémoire.  » Son périple ne doit donc rien à la curiosité de l’ethnologue : il est un hommage à tous les peuples deux fois morts — balayés par les fracas de l’histoire et ensevelis dans la mémoire des hommes.

À son premier voyage vers des terres lointaines, JeanRaspail doit sa vocation d’écrivain : « À considérer les cheminements intérieurs de la vie, c’est là que je suis né, à l’âge de vingt-trois ans et neuf mois, par un matin glacial de printemps de l’année 1943 », aux abords d’un village algonquin. L’admirable Qui se souvient des hommes… et le non moins beau Pêcheurs de lunes témoignent de cette conversion : écrire pour vaincre les puissances de l’oubli.

De retour en France, Jean Raspail doit se plier à de nouvelles exigences, relever de nouveaux défis. « Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force », écrivait Céline dans le prologue du Voyage au bout de la nuit. JeanRaspail est appelé lui aussi  » de l’autre côté de la vie « . Lorsque sa quête se fait toute intérieure, lorsqu’il devient, comme tant de ses héros, orphelin de ses rêves, le Wisigoth aborde aux rivages de la Patagonie :  » Jeune explorateur, dans les années cinquante, je m’étais volontairement enfoncé, plusieurs mois durant, dans les solitudes australes de la Terre de Feu, la Patagonie, le cap Horn, le détroit de Magellan, là où se rejoignent le tout et le néant. Sur les cartes marines, en ces temps, les contours de nombreuses îles figuraient en pointillés hypothétiques. Les derniers Indiens vivants fuyaient au plus profond des fjords déserts, emportant dans leurs canots le feu enfermé dans un pot de terre. C’est là que j’ai appris à vivre : une bonne école. C’est là que j’ai appris à rêver ma vie…  »

À l’instar d’Antoine de Tounens, éphémère souverain de Patagonie, qui lui valut le Grand Prix du Roman de l’Académie, Jean Raspail célèbre cette patrie perdue où il choisit d’établir son exil intérieur avec tendresse, avec ironie, avec fierté, avec mélancolie. « C’est, nous dit-il, être exactement Patagon que d’accommoder ensemble ces quatre sentiments-là. »

Cette retraite n’appelle pas l’inaction, et la solitude de Jean Raspail est celle du veilleur au rempart. Semblable à ces Sept cavaliers qui quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l’Ouest qui n’était pas fermée, ultime défense d’un royaume qui a perdu la foi en son propre destin, il a, une fois pour toutes, fait vœu de ne pas subir : « Tête haute, sans se cacher, au contraire de tous ceux qui avaient abandonné la ville, car ils ne fuyaient pas, ils ne trahissaient rien, espéraient moins encore et se gardaient d’imaginer. »

Nous n’aurions pas tout dit de Jean Raspail si nous ne rappelions pas son roman : Le Camp des saints. Ce livre qui atteint presque sa majorité aujourd’hui est à la fois une œuvre passionnante et si prophétique qu’on ose à peine y croire. Les grands romanciers sont des extralucides qu’on a tort de trop souvent prendre pour des jongleurs. Le Camp des saints est un livre qui a conquis les États-Unis si peu enclins à s’intéresser à la littérature française. Jean Raspail a reçu le prix Thomas Eliot décerné par l’université de Chicago.

« Dans la nuit, au midi de notre pays, cent navires se sont échoués, chargés d'un million d'immigrants. Ils viennent chercher l'espérance. Ils inspirent la pitié. Ils sont faibles... Ils ont la puissance du nombre. Ils sont l'Autre, c'est-à-dire multitude, l'avant-garde de la multitude. À tous les niveaux de la conscience universelle, on se pose alors la question : que faire ? Il est trop tard. Paru pour la première fois en 1973 (chez Robert Laffont), "Le Camp des Saints", qui est un roman, relève en 2011 de la réalité. Nous sommes, tous, les acteurs du Camp des Saints. C'est notre destin que ce livre raconte, notre inconscience et notre acquiescement à ce qui va nous dissoudre. C'est pourquoi, en guise de préface à cette nouvelle édition, dans un texte intitulé Big Other, j'ai voulu, une dernière fois, mettre un certain nombre de points sur les i » (Jean Raspail).

« Dans la nuit, au midi de notre pays, cent navires se sont échoués, chargés d’un million d’immigrants. Ils viennent chercher l’espérance. Ils inspirent la pitié. Ils sont faibles… Ils ont la puissance du nombre. Ils sont l’Autre, c’est-à-dire multitude, l’avant-garde de la multitude. À tous les niveaux de la conscience universelle, on se pose alors la question : que faire ? Il est trop tard.
Paru pour la première fois en 1973 (chez Robert Laffont), « Le Camp des Saints », qui est un roman, relève en 2011 de la réalité. Nous sommes, tous, les acteurs du Camp des Saints. C’est notre destin que ce livre raconte, notre inconscience et notre acquiescement à ce qui va nous dissoudre.
C’est pourquoi, en guise de préface à cette nouvelle édition, dans un texte intitulé Big Other, j’ai voulu, une dernière fois, mettre un certain nombre de points sur les i » (Jean Raspail).

J’ajouterai que Jean Raspail nous a aussi offert le plus beau rêve qui soit : un mythique royaume de Patagonie. Pour tous ceux qui veulent bien encore jouer à s’inventer un monde d’aventures et de fantaisie, le royaume de Patagonie a ses couleurs, son hymne national et des correspondants dans le monde entier grâce à un pléthorique service diplomatique dont j’ai l’honneur d’être le consul général en Irlande, tâche qui ne me distrait pas trop de mon propre travail. Les Patagons de passage ne posent aucun problème.

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