par Charles Sannat.
Comme vous le savez, il faut impĂ©rativement « amĂ©liorer » la compĂ©titivitĂ© française. Pour cela, lâidĂ©al serait de supprimer le Smic, de brĂ»ler le code du travail, dâen finir avec le droit de grĂšve et dâenvoyer la troupe tirer sur les mineurs qui rĂąlent â mĂȘme si nous nâavons plus de mines depuis longtemps mais vous avez compris lâanalogie.
Ă partir de ce moment-lĂ , je vous assure que nous serons Ă nouveau compĂ©titifs par rapport aux Chinois, mais Ă lâheure actuelle, nos retraites et autres avantages font que nous en sommes loin, trĂšs loin⊠Ce nâest pas moi qui vais mâen plaindre, mais nos mamamouchis qui cherchent par tous les moyens Ă vous rĂ©duire aussi bien vos droits que votre aisance financiĂšre afin dâamĂ©liorer les profits des grandes multinationales. Tout cela vous le savez parfaitement et je le rĂ©pĂšte inlassablement.
Vous savez aussi parfaitement quâavec le Brexit, les grandes banques de la City Ă Londres qui veulent pouvoir « traiter » les opĂ©rations en euros doivent ĂȘtre Ă©tablies en zone euro. Câest Ă©galement le cas pour celles qui veulent traiter le dollar et pouvoir par exemple le revendre Ă leurs clients dans le cadre dâune opĂ©ration de change. Il faut que ces banques soient Ă©tablies aux Ătats-Unis avec une licence amĂ©ricaine, dâoĂč le fait que les grandes europĂ©ennes sâacquittent des amendes infligĂ©es par les Ătats-Unis pour pouvoir continuer Ă exercer la-bas, mais surtout pour pouvoir traiter en dollars, ce qui correspond Ă plus de 60 % des flux financiers planĂ©taires.
Avec le Brexit se pose la question du choix du pays oĂč vont sâinstaller les grandes banquesâŠ
Les mamamouchis français, qui ne sont que la cinquiĂšme roue du carrosse brinquebalant europĂ©en, vĂ©hiculent un discours trĂšs volontariste de tapis rouge et autre accueil des banques Ă©tablies en Angleterre et fuyant la perfide Albion. « Venez chez nous », dĂ©clarent-ils tous en chĆur.
Sauf que personne ne vient.
Aucune banque ne vient sâinstaller Ă Paris.
Et aujourdâhui, câest au tour de Citigroup de choisir Ă©galement Francfort, immense ville allemande et accessoirement siĂšge de la BCE, la Banque centrale de la zone euro. Francfort va Ă©galement devenir le siĂšge europĂ©en dâun autre gĂ©ant : Morgan Stanley.
DâaprĂšs M. Cowles, patron de la rĂ©gion Europe de la banque, âFrancfort est notre premier choix pour devenir le siĂšge de lâactivitĂ© de courtage au sein de lâUE au vu des infrastructures actuelles, des personnes et de lâexpertise que nous avons dĂ©jĂ sur placeâ.
« Citigroup ne donne pas le dĂ©tail du nombre de traders et de banquiers qui vont ĂȘtre transfĂ©rĂ©s de Londres vers Francfort. M. Cowles indique simplement que lâĂ©tablissement devrait crĂ©er environ 150 nouveaux postes dans lâUnion europĂ©enne.
Londres va conserver certaines activités, tandis que la banque américaine va renforcer sa présence à Amsterdam, Dublin, Luxembourg, Madrid et Paris, peut-on encore lire dans le document. »
Les crĂ©ations dâemplois potentielles restent trĂšs faibles et Francfort raflera la mise !!
âLa dĂ©cision de Citi soutient nos estimations qui tablent sur lâarrivĂ©e de 1 000 emplois supplĂ©mentaires dans le centre financier de Francfort cette annĂ©e et 10 000 dans les cinq prochaines annĂ©esâ, sâest rĂ©joui Hubertus VĂ€th, le responsable de Frankfurt Main Finance, le lobby de la place de Francfort. âCeci rĂ©affirme notre confiance quâau moins douze banques et peut-ĂȘtre vingt vont choisir Francfort cette annĂ©e.â
VoilĂ sans doute la meilleure estimation chiffrĂ©e⊠10 000 emplois de banquiers Ă terme, et ils seront tous pour Francfort car la compĂ©titivitĂ©, encore une fois, ce nâest pas uniquement les « coĂ»ts » des salaires. Câest Ă©galement bien Ă©videmment un ensemble de paramĂštres dont la fiscalitĂ©, lâattractivitĂ© de la ville, la qualitĂ© de vie, des infrastructures, et aussi bien sĂ»r lâĂ©cosystĂšme, et Francfort, grande ville de la premiĂšre Ă©conomie europĂ©enne en Allemagne et avec la prĂ©sence de la BCE, dispose de tous les atouts.
Paris nâaura sans doute rien et peut-ĂȘtre quelques miettes apportĂ©es par les banques françaises qui rapatrieront, pour se faire bien voir, quelques services londoniens Ă la DĂ©fense, mais il nây aura pas de quoi fouetter un chat.
Il faut donc travailler sur la compĂ©titivitĂ© française, et il faut travailler sur ce que lâon appelle la compĂ©titivitĂ© âhors prixâ !! Nous avons toutes nos chances et pourtant nous ne croyons plus en nous-mĂȘmes, enfin, nos Ă©lites et nos dirigeants ne croient plus en la France, une France quâils bradent chaque jour un peu plus. Câest tout notre drame.
Article paru ur le site VoxNr.
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