21 avril 2016

Jean-Baptiste dit « Anacharsis » Cloots von Gnadenthal

Par Bernard Plouvier

 

Jean-Baptiste dit « Anacharsis » Cloots von Gnadenthal (1755-1794)

Richissime baron du Saint-Empire, sujet prussien du duché de Clèves, c’est un grand voyageur, un lettré, naïvement idéaliste dans le fond et ridiculement emphatique dans la forme de ses discours. Il était un cousin de la mère de l’espion autrichien Pierre Proli.

Sa carrière politique débute en juin 1790, lorsqu’admis en observateur étranger aux « Jacobins » de Paris, il se décerne le titre « d’orateur du genre humain ». On le couvre de louanges, car il est très généreux, tout en se moquant de lui et de son ridicule prénom (la populace en fait « canard six »), adopté en 1789 après la lecture du livre publié l’année précédente par Jean-Jacques Barthélemy : Le voyage du jeune Anacharsis en Grèce au IVe siècle de l’ère vulgaire. Il obtient le droit de représenter le cosmopolitisme à la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790.

En 1792, il prône la « guerre à outrance contre les rois », pour imposer la « République universelle » (c’est le titre de sa brochure d’avril), mais il est partisan du maintien de l’esclavage dans les colonies. Le 25 août, l’Assemblée Législative en fait un « citoyen français d’honneur » et il est élu député à la Convention Nationale, où il siège avec les « Brissotins » (les amis parisiens des « Girondins ») et se pose en ennemi de Marat.

Grossièrement traité par madame Roland, qui aime causer et déteste écouter les autres, il passe dans les rangs de la « Montagne », en novembre. Régicide en janvier 1793, il fait au printemps l’apologie du capitalisme industriel et participe, en novembre, au mouvement de déchristianisation : c’est lui qui pousse Jean-Baptiste Gobel, l’évêque « jureur » de Paris, à abjurer la prêtrise devant la Convention, le 7 novembre. Gobel était un évêque d’Ancien Régime, suffragant de celui de Bâle, député du clergé aux États Généraux ; il avait été élu évêque constitutionnel de Paris le 13 mars 1791, en dépit de la candidature de Sieyès ; son abdication ne lui évite pas le passage devant le   : il sera guillotiné le 13 avril 1794.

Du fait de cet exploit anticlérical, Cloots est élu, le 9 novembre, Président des « Jacobins » pour la quinzaine suivante. Le 14 octobre, devant les membres du Comité de Salut Public et du Comité de Sûreté Générale, Fabre « d’Églantine » le présente comme étant « un agent de l’étranger ». Il est de fait qu’il fréquente son petit-cousin Proli qui en est assurément un, mais, le concernant, cette accusation est absurde. Elle plait toutefois à Maximilien Robespierre qui le fait exclure des « Jacobins » le 12 décembre et de la Convention, le 26. Cloots est arrêté le 30 décembre 1793.

Jugé par le Tribunal Révolutionnaire, du 21 au 23 mars 1794, dans la fournée des « agents de l’étranger » et des « ultra-révolutionnaires », il est guillotiné le 24.

En son genre, ce personnage, assez ridicule, innova. Préfigurant les « radicaux » de la IIIe République, il fut un orateur grotesque à force de grandiloquence.

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