29 août 2022

Un drôle de genre

Par Euro Libertes

Vous me connaissez, plus prudent que moi… Bref, pour avoir la paix je ferais n’importe quoi… y compris appliquer la théorie du genre à la lettre. Croyez-moi, ce n’est pas facile lorsqu’on vient de fêter ses 80 balais dans un sabbat de sorcières surexcitées. Et de vous poser une myriade de questions existentielles.

Comment nommer désormais les sages-femmes, les nourrices ? Comment s’adresser poliment à une avocate : « Mes hommages maîtresse ». D’ailleurs peut-on encore présenter ses hommages à une dame ? À quelle sauce vont être accommodés les maîtres-nageurs (ne parlons pas des maîtres chanteurs). Faudra-t-il tailler des croupières aux croupiers des casinos. Avec la féminisation des armées des « comiques troupières » devront-elles être programmées « quotablement » à l’affiche des tournées. Et les quartiers-maîtres ? Un ami râle.

Dans le domaine de la littérature, faut-il interdire ou réécrire les romans de « la Série Noire » peuplés de gagneuses, de pétroleuses, de michetonneuses, d’entraîneuses ? Laissera-t-on les malfrats se balancer des coups de tatanes dans les valseuses (non, pas les guincheuses des dancings d’autrefois) ou de savates dans les joyeuses ? Exit les harengères, les poissonnières, les pétardières.

La confusion des genres se retrouve dans le langage quotidien : « genre humain », « drôle de genre », « genre douteux » « bon chic bon genre ». Mais quel est le bon ?

J’ai décidé de censurer mon vocabulaire et d’en bannir certains mots dangereux comme « virago », « garçonne », « hommasse ». Et les mégères, comment désormais les apprivoiser ? J’expire…

Déambulant dans les rayons de ma librairie préférée (en fait il n’y en a plus qu’une, signe des temps), j’entends la propriétaire vanter les mérites de Simone de Beauvoir, l’auteur devenu l’autrice du « Deuxième sexe ». Aujourd’hui ne devrait-elle pas en pondre un troisième, voire un quatrième ? Je dois réprimer mon envie de me mêler au débat afin de me faire préciser dans quelle catégorie « genrer » la « Castor » de Jean-Paul, elle dont la sexualité pouvait être qualifiée d’erratique, jusqu’à apprécier la chair fraîche des fillettes. Comme le faisait dire le réalisateur Billy Wilder dans son immortelle conclusion de « Certains l’aiment chaud » : « Nobody’s perfect ».

Des objets ou produits pouvant prêter à de regrettables confusions devraient être renommés. Il en va ainsi pour la « Marie-Rose », la mort parfumée des poux, ou encore la « Dame-Jeanne » au physique disgracieux et au contenu trop souvent nocif. Heureusement avec le progrès les maries-salopes qui draguaient naguère les bords de Seine ont disparu (non, Madame, on ne les a pas échouées dans le Bois de Boulogne). À propos de cet espace vert, il est recommandé d’utiliser certains mots féminins avec circonspection, c’est le cas notamment de « Brésilienne ». Un Carioca peut en cacher une autre.

Dimanche dernier une prêtresse de la langue inclusive me vantait la prédominance grammaticale du féminin qui va se nicher jusque dans l’énoncé des qualités : bonté, beauté, intelligence, sagesse… Lâchement je gardais pour moi quelques contre-exemples comme bêtise, méchanceté, vanité. Je dois avouer que les mots « sottise » et « mocheté » m’ont brûlé les lèvres, mais là, par pure charité chrétienne…

Encore une confidence, parmi les personnalités politiques actuelles, l’une me fascine : Sandrine Rousseau ! Sa féminité militante m’éblouit. Je m’imagine lui dire toute mon admiration avant de lui déclarer ma flamme. J’hésite entre deux formules… « Vous êtes le soleil de mes vieux jours » ou encore « Vos reflets de lune adoucissent mes nuits sans sommeil ». J’aime assez cette dernière. Mais non ce n’est pas possible… ne dit-on pas « Con comme la lune » ?

Il arrive un âge où l’incontinence vous guette. Imaginez un instant un vieux monsieur, bien propre sur lui, se précipitant dans les sous-sols d’une brasserie germanopratine et se retrouvant dans les toilettes devant cinq portes « genrées ». Que faire ? Sinon où faire ? La bienséance m’interdit de répondre à pareille question… Laissons pisser le mérinos.

Bref, rien n’est simple. Rassurez-vous, aujourd’hui plus rien ne se complique. Tout se complexifie. C’est cela vivre avec son temps

Comme s’exclamait naguère le 2e classe Ahmed Kechiouch, voltigeur dans ma section de marsouins : « C’est la bordel, mon lieutenant ! ».

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