Monsieur le Président,
Je viens d’assister sur le petit écran, aux cérémonies commémoratives de notre fête nationale, et je vous ai quelque reconnaissance de la façon parfaite dont elles se sont déroulées, jusqu’au moment ou vous avez pris la parole pour clôturer les cérémonies.
En effet, vous avez cité comme date représentative de ce qu’a voulu le peuple Français, le 14 juillet 1789. Or ce 14 juillet 1789 fut un sanglant malentendu attisé par les fausses accusations portées par des révolutionnaires comme Camille Desmoulins, avec l’appui des bas-fonds, et, selon Marat, une bande d’émeutiers allemands. Les défenseurs de la Bastille qui s’étaient rendus sur la promesse de la vie sauve furent égorgés ; 7 prisonniers furent libérés : quatre faussaires qui attendaient leur jugement, deux qu’il fallut réinterner, et un incestueux qui avait violé sa sœur. Je ne pense absolument pas Monsieur le Président, que vous ayez voulu célébrer cette libération.
Après ces tristes évènements, la sagesse sembla prévaloir, et le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération, parut ouvrir une ère nouvelle, celle d’une monarchie constitutionnelle. C’est cette date qui fut retenue en 1880, comme notre fête Nationale. Le Symbole fut cependant trahi, et la République ne fut jamais fédérale.
Il est vrai que la fête de la Fédération ne put contrer le travail des sectes, et ce fut, avec les guerres de Religion, l’épisode le plus honteux de notre histoire que l’instauration de la terreur sous l’égide de la déesse Raison : ce fut donc le génocide de la Vendée, avec les premiers fours crématoires, la persécution anticatholique, la guillotine pour les suspects et le pillage de l’Europe par les soldats de l’an II, avant que la révolution bottée de Napoléon n’inaugure de plus vastes charniers.
Je pense, Monsieur le Président, que vous devriez reconnaître votre erreur de datation, et ne point laisser penser que les atrocités de 1789, furent dans l’esprit de ce qui fut tenté lors de la fête de la Fédération. Peut-être même est-ce de cette dernière que vous devriez vous inspirer.
Permettez-moi d’ajouter une remarque à la liberté dont j’ai usé pour vous reprendre. J’ai appartenu, et aux postes les plus exposés, à cette armée coloniale, suspecte d’avoir soutenu cette colonisation dont vous avez dit tout le mal que vous pensiez à Monsieur Bouteflika, qui en pense autant, au point qu’il a trouvé juste de faire crever les filles pied-noires dans ses bordels, après avoir dépecé et avoir émasculé un certain nombre de nos soldats prisonniers.
J’ai totalement désapprouvé vos propos. Il est vrai que vous êtes le chef des armées, donc maître de la stratégie républicaine, mais en tant qu’amateur assez éclairé de la chose, je pense avoir un mot à dire : l’un de mes petits-fils à qui j’ai pu, en tant qu’ancien, remettre la fourragère à Saint-Maixent, 60 ans après y avoir reçu la mienne, n’a pas renouvelé son engagement, après avoir vécu le désarroi d’une armée dont les socialistes avaient entrepris le démantèlement. Ce n’est pas nouveau. La gauche française n’a jamais aimé nos soldats. C’est Clemenceau qui, lors des révoltes des « Poilus » en 1917, proposait d’en fusiller un sur 10 ! Pour l’exemple !
De même, lors de la guerre d’Indochine, mes camarades parachutistes du 5e Bataillon, durent se faire effectuer à leurs frais les cartouchières correspondantes aux chargeurs de leurs armes, celles livrées étant des vieilleries conçues pour d’autres dimensions. Il fallut attendre le général de Lattre pour mettre de l’ordre. Mais le général avait les pleins pouvoirs. C’est vous aujourd’hui qui les détenez. Et vous en usez vis-à-vis de notre armée de la façon qui convient le plus à nos ennemis !
C’est-à-dire, Monsieur le Président, que je partage entièrement la position du Général de Villiers, en fonction de cette solidarité qui unit les hommes décidés à mettre leur peau au service de la patrie.
C’est immédiatement que vous devriez rogner sur les dépenses festives de la République, rabattre les émoluments de vos députés, de vos hauts fonctionnaires, supprimer les honteuses faveurs et les prébendes sectaires du gouvernement précédent, et ramener le tout au niveau nécessaire pour donner au budget de notre armée les moyens de sa mission.
Sinon ?
Eh bien ! Monsieur le Président, cela me rappelle une opération dans les monts du Tonkin où un chef de bataillon imbécile nous avait engagés, dans une gorge qui me rappelait le val de Roncevaux. Légitimement inquiet de ce qui pouvait survenir du haut des pitons, je demandai son avis à l’adjoint au chef de section, mon camarade Rafaldi qui avait déjà une longue expérience :
— Franchement, qu’en pensez-vous Rafaldi ?
Il tourna vers moi un visage tragique, et fut précis :
— Je pense que nous allons nous faire couper les couilles !
Nous sûmes le lendemain, que les bataillons viets qui tenaient les hauteurs avaient reçu l’ordre de se réserver pour l’attaque générale du jour suivant. Ce qui ne fut pas triste.
Je crains, Monsieur le président, que nos soldats n’ayant pas les moyens de leur mission, soient exposés au pire quand les ennemis le décideront. Et je crains qu’après nos soldats, comme nous en a avertis le massacre de Nice, ce ne soit la population civile qui paie les frais de notre gabegie. Je crains encore que dans le désastre économique qui se prépare pour l’Algérie, nous ne puissions résister au déferlement de millions de jeunes Algériens sur notre sol. Car la guerre, et la guerre de défense immédiate, Monsieur le Président, ne se font pas avec de l’humanisme en bouche, mais avec en main de bonnes armes !
Au cas où votre majorité faiblirait devant les sacrifices nécessaires, il vous sera facile de la remplacer ! Tant d’aspirants attendent au portillon ; mais vous ne remplacerez pas une armée découragée. Les gens qui acceptent de risquer leur vie ne courent pas les rues.
Vous ayant dit ce que j’ai cru devoir vous dire en qualité de vétéran désireux d’épargner le pire à ses jeunes camarades et à la nation, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à mes meilleurs souhaits pour l’exercice de vos hautes fonctions.
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