Propos recueillis par Samuel Martin
Francis Bergeron vient de publier Présent – Un défi au quotidien. Il revient sur l’histoire de Présent, évoquant notamment les cinq années écoulées, qui ne furent pas les plus faciles pour ce quotidien fondé en 1982. Bergeron a été de l’aventure depuis le premier jour, sans pour autant être salarié du journal, par conviction, donc, avant tout. Ce qui lui permet un regard objectif sur l’histoire de ce quotidien pas comme les autres.
— Nous savons par votre signature dans le numéro 0 que vous avez été de l’aventure de Présent dès l’origine, et que vous y écrivez donc pratiquement chaque jour depuis maintenant près de 38 ans. Alors que vous n’avez jamais été journaliste professionnel, comment vous êtes-vous trouvé embarqué dans cette aventure, et quel était exactement votre statut ?
— J’avais écrit des articles dans différents magazines et revues, notamment sur la presse, et l’un de mes amis, Hugues Kéraly, qui travaillait avec Jean Madiran, m’a demandé de l’aider à créer un quotidien, qui serait le premier quotidien clairement de droite depuis la disparition de L’Action française de Charles Maurras en 1944. J’ai trouvé le pari très excitant, et j’ai donc participé à la phase de démarrage. J’ai ainsi assisté aux premières réunions avec Jean Madiran, François Brigneau, Pierre Durand et Bernard Antony. J’avais déjà croisé leur route, mais je ne les connaissais pas intimement.
Il y eut d’abord un numéro 0 le 22 novembre 1981, puis un numéro 00 en décembre, et enfin le numéro 1, le 5 janvier 1982. Ma signature était en une, à côté de celles de Brigneau, Madiran, Kéraly et Romain Marie (alias Bernard Antony), et le roi n’était pas mon cousin ! Je n’ai plus jamais cessé d’y écrire, même si ma signature s’est faite plus rare entre 2000 et 2013, et parfois dissimulée sous un pseudonyme (François Berger, par exemple). Mais il faut dire que je menais en parallèle une carrière de DRH, et que je devais parfois jouer la prudence.
J’ai donc toujours eu un pied dans Présent, mais jamais les deux, jusqu’à ce que je prenne ma retraite, en 2018. J’ai alors accepté d’en assurer la cogérance avec notre dessinatrice Chard.
— Pourquoi ce livre, et pourquoi maintenant ?
— J’avais lu le livre TVLibertés – Le défi, consacré à l’aventure assez étonnante et courageuse, il faut bien le dire, de TVLibertés. Et je me suis dit que l’aventure du quotidien Présent était au moins aussi extraordinaire, et que cette aventure collective dure depuis près de 40 ans. Elle n’a jamais été racontée nulle part, elle n’a fait l’objet d’aucune thèse universitaire, à ma connaissance. Personne ne s’est jamais extasié sur l’histoire d’un quotidien autofinancé par ses futurs lecteurs, et parvenant à se développer, à franchir tous les obstacles, malgré l’absence de moyens financiers.
Il existait un livre de Caroline Parmentier, paru en 1996 et intitulé Journaliste. Ce n’était pas à proprement parler une étude sur Présent. C’était le témoignage d’une jeune journaliste engagée, racontant Présent de l’intérieur, en quelque sorte. Jean Madiran avait certes supervisé de près la rédaction du livre, mais ces « choses vues » étaient tout à fait plaisantes à lire. Madiran, de son côté, avait rédigé quelques plaquettes sur les problèmes qui se posaient à Présent et plus généralement à la presse écrite. Mais il n’existait rien d’autre.
J’ai voulu à la fois compléter les réflexions éparses de Caroline Parmentier et de Jean Madiran, synthétiser l’histoire de Présent, évoquer les difficultés rencontrées depuis la mort de Madiran (voir notre numéro du 2 août 2013) et aussi partager mon analyse sur la situation actuelle de la presse écrite. Ce n’est donc pas un travail d’historien. C’est un essai, susceptible d’intéresser ceux qui nous connaissent, qui nous suivent, et qui nous disent parfois : « Mais comment faites-vous pour exister encore ? » Ou bien s’étonnent : « Pourquoi n’êtes-vous pas davantage connus ? »
— Quelle est la situation de la presse écrite, en France ?
— Elle est assez catastrophique. J’évoque fréquemment dans Présent la situation de nos confrères. Ils sont tous ou presque dans des situations précaires. C’est particulièrement vrai pour les quotidiens papier, qui ne survivent que grâce à des mécènes. Cela entraîne une concentration progressive de tous les médias entre les mains de quelques individus, et essentiellement Patrick Drahi, Bernard Arnault, Xavier Niel qui, comme chacun sait, est son gendre, la famille Dassault, et quelques rares autres. Ils sont tous milliardaires et ces médias n’ont pas pour objectif de leur faire gagner davantage d’argent, mais simplement de couvrir tout le champ médiatique. Ces médias entrent dans une stratégie industrielle plus globale, ce qui pose un vrai problème car l’offre aux lecteurs ne reflète absolument pas les opinions des Français. Pensez que Présent est le seul quotidien qui soit plutôt favorable au RN, alors que le RN est le premier courant politique français ! La liberté d’expression n’est plus vraiment respectée. Les médias défendent peu ou prou les opinions de leurs propriétaires milliardaires plutôt que celles de leurs lecteurs potentiels. C’est ainsi que dans l’une des régions les plus à droite de France, la Côte d’Azur, c’est Xavier Niel qui rachète Nice-Matin, pour éviter que ce quotidien tombe entre les mains de gens qui soutiendraient la droite, sachant que Nice-Matin est en situation de monopole de fait, et que la région a donné 30 % des voix à Bardella !
— Dans ce contexte très difficile, quels sont les atouts de Présent ?
— Précisément d’être le seul quotidien, et l’un des rares journaux, défendant des idées pourtant partagées par des millions de Français. Le second atout, c’est que Présent est un esquif léger. Son équipage est très réduit. Du coup, son résultat d’exploitation est positif, malgré sa modeste diffusion. Ses difficultés, dont Présent a entretenu ses lecteurs, sont liées à des procès d’anciens collaborateurs partis il y a cinq ans, mais elles sont donc purement conjoncturelles, et non structurelles.
Mais il est vrai que, si nous avions quelques milliardaires dans la manche – ou même simplement quelques millionnaires –, nous pourrions lancer des campagnes un peu musclées, nous permettant de participer plus efficacement au combat des idées, ce qui est notre vocation. Mais, à ces procès près, Présent est increvable, parce que d’emblée nos fondateurs l’ont conçu comme une frégate de haute mer, et non comme un géant façon Titanic. Nos quarante années d’existence, dans ce champ de ruines jonché de cadavres, que constitue la presse écrite, en témoignent. Et nous ne pouvons que rendre hommage au caractère visionnaire de leur approche.
Présent – Un défi au quotidien, par Francis Bergeron, Dualpha, 2019, 196 pages, 23 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
Entretien paru dans les colonnes du quotidien Présent.
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