23 avril 2025

Michel Audiard et ses tontons flingueurs contre la France moderne

Par Nicolas Bonnal

J’ai retitré mon livre sur la destruction de la France au cinéma en insistant sur le conflit entre le Général (penser au fameux épisode du Prisonnier rebaptisé en France) et Michel Audiard, l’Audiard du début des années soixante. Après il baisse un peu les bras quand même. Il faut bien vivre et l’âge d’or ne dure jamais longtemps.

Chez Audiard et son antigaullisme du 18 juin, il y a comme chez Kerillis la conviction qu’on est face à une énorme escroquerie qui va marcher, essentiellement (je l’ajoute), grâce à la télé, à la radio (l’Appel…) et à la propagande scolaire et politique – on ne change pas une équipe qui gagne depuis mettons 1870 et Gambetta. La Ve République achève d’enterrer et de liquider le vieux pays encore vivant dans les films de Guitry, Pagnol ou Rouquier (Farrebique, à comparer avec l’apocalyptique Biquefarre tourné une génération après) et Audiard pense avoir saisi le truc, aussi bien dans les Tontons que dans Vive la France.

J’ai un faible pour trois opus majeurs dans l’œuvre disons polémique et politique d’Audiard : Les Tontons flingueurs, Les vieux de la vieille et Vive la France. Le cave se rebiffe ne tient pas la route en la matière malgré cette envolée de Jean Gabin qui nous précise à quelle sauce CBDC les banquiers centraux nous mangeront. Leur kolkhoze fleuri anti-carbone aura tôt fait de nous régler notre compte. Dans Les vieux de la vieille, le trio infernal des pépés qui vont vers une EHPAD encore tenu par des bonne sœurs (au début du gaullisme il y avait encore des bonnes sœurs, quand on vous dit que le gaullisme, c’est notre hyper-modernité dont d’ailleurs tous se réclament)

Et comme on parlait de Jean Gabin : « Pauvre con ! Le droit ! Mais dis-toi bien qu’en matière de monnaie, les États ont tous les droits et les particuliers aucun ! »

Si les faux-monnayeurs ne peuvent plus faire confiance aux États…

J’aime aussi la rébellion des petits vieux combattants dans le classique du vénérable Grangier (un des plus méprisés de nos cinéastes, et ce n’est pas un hasard) d’autant que j’ai leur âge maintenant. On ne murit plus du reste, on devient un vieil adolescent et la comparaison avec Gabin ou Fresnay ne tourne pas à notre avantage. Mais on a aussi peu envie de se laisser casser les sabots comme on dit :

Jean Gabin : « Y z’ont, y z’ont, y z’ont qu’y sont chez eux ! Pis qu’y z’ont passé l’âge de s’laisser casser les sabots par des opinions étrangères et conifiantes ! V’là c’qu’y z’ont !… »

Comme on sait en France les opinions sont devenues très conifiantes et très étrangères. On relira ainsi le Parlez-vous franglais d’Etiemble (esprit peu suspect d’anarchisme de droite) publié aux débuts de l’époque gaulliste.

Je rappelle que le meilleur rôle de jeunesse de Jean Gabin est celui de Ponce-Pilate dans l’incomparable Golgotha de Duvivier (Le Vigan y est divin, vraiment) tourné dans notre magique Algérie française et interdit de séjour en Amérique par les moghols d’Hollywood (Tiens, pourquoi donc ?).

Mais le grand moment des Vieux, c’est bien sûr quand ils règlent leur compte à nos apprentis-footballeurs pas encore trous remplacés par l’Afrika Korps. Un ban pour le doublé de connard alors :

https://www.youtube.com/watch?v=aaCv5XK6i34

Michel Audiard devait passer pour misogyne auprès de nos abrutis alors que ses femmes sont phénoménales, à commencer par François qui eut même une carrière hollywoodienne (elle est géniale en reine-mère dans Saraband for dead lovers, un des films les plus importants du monde dont une scène masquée est copiée – plan par plan – par Stanley Kubrick). Ses femmes sont des rebelles traditionnelles (le genre Vera Miles chez John Ford) et il ne faut pas leur marcher sur les pieds car elles ont des manières. On a la scène géante quand Dominique Davray (géniale et triste dans Cléo de cinq à sept, qui montre en 1963 un Paris déjà crépuscule, vérolé par la bagnole cheap et le… terrorisme) explique l’arrivée de la bagnole et de la télé. Car on ne peut rien faire contre la technique et l’informatique et l’euro numérique nous boufferont comme devant.

https://www.youtube.com/watch?v=AEv9VLQegvY

On a retrouvé le texte, ce texte surhumain, évolien même, qui se suffit à lui-même :

« — Chère Madame, on m’a fait état d’embarras dans votre gestion, momentanés j’espère. Souhaiteriez-vous nous fournir quelques explications ?
— Des explications, Monsieur Fernand, y’en a deux : récession et manque de main d’œuvre. C’est pas que la clientèle boude, c’est qu’elle à l’esprit ailleurs. Le furtif par exemple, a complètement disparu.
—  Le furtif ?
– Le client qui venait en voisin. « Bonjour Mesdemoiselles, au revoir Madame »… Au lieu de descendre après le dîner y reste devant sa télé pour voir si, par hasard, y serait pas un peu l’Homme du XXe siècle ! Et l’affectueux du Dimanche ? Disparu aussi ! Et pourquoi ? Voulez-vous me dire ?
— Encore la télé ?!
— L’auto, Monsieur Fernand, l’auto !
— Vous parliez aussi de pénurie de main d’œuvre ?
— Alors la Monsieur Fernand, c’est un désastre. Une bonne pensionnaire ça devient plus rare qu’une femme de ménage. Ces dames s’exportent… Le mirage africain nous fait un tort terrible. Si ça continue, elles iront à Tombouctou à la nage ! 
»

Comme on sait, c’est plutôt Tombouctou qui est venu à la nage.

Audiard le remarque en se marrant dans Vive la France : la décolonisation a produit l’invasion de la France. On est passé, dit-il, de 5 à 300 restaus chinois en dix ans par exemple. Aujourd’hui, ils sont 5 000 en région parisienne ; il faut dire qu’il y en a 5 000 partout (cf. Guy Debord encore : « Le tourisme, se ramène fondamentalement au loisir d’aller voir ce qui est devenu banal. »

J’aime assez aussi cette envolée de Dame Dominique :

« — J’dis pas que Louis était toujours très social, non, il avait l’esprit de droite. Quand tu parlais augmentation ou vacances, il sortait son flingue avant que t’aies fini, mais il nous a tout de même apporté à tous la sécurité. »

Sources :

https://www.youtube.com/watch?v=aaCv5XK6i34

http://tontons.flankers.free.fr/Audiard.html

https://www.dedefensa.org/article/sur-michel-audiard-et-son-antigaullisme

https://www.dedefensa.org/article/la-destruction-de-la-france-au-cinema

https://www.pandoravox.com/politique/les-lecons-du-president-quand-jean-gabin-parlait-deurope.html

 

https://zonesons.com/repliques-cultes-de-comedie/phrases-cultes-de-le-cave-se-rebiffe-1961/ce-sera-le-monde-de-demain-le-kolkhoze-fleuri#google_vignette

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Davray

https://anardedroite.wordpress.com/2013/04/03/michel-audiard/

https://www.amazon.fr/Audiard-antigaulliste-cin%C3%A9ma-destruction-France/dp/B0F2ZWZ9YH/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=31LULAI2W60DT&dib=eyJ2IjoiMSJ9.wAomISh5fwGYjSYIpW8SQQ.O_hZ8mxxtjVgLmu5lNCtQ5_T1mcJXbub9IR7cvVTC44&dib_tag=se&keywords=BONNAL+AUDIARD&qid=1744701400&s=books&sprefix=bonnal+audiard%2Cstripbooks%2C121&sr=1-1

 

EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !

Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !

EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.

Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.

Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.

EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Quatre solutions pour nous soutenir :

1 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)

Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
 

2 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés

à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France

Partager :