Frapper dans le vide
par Émile Bernard
Le constat selon lequel « la gauche s’unit alors que la droite en est incapable » est largement partagé ; au demeurant, il est incontestable. Mais les commentateurs s’en tiennent là ; tout au plus certains portent-ils le débat sur le terrain de l’intelligence, reprenant ainsi le slogan des années quatre-vingts sur « la droite la plus bête du monde » opposée à une gauche qui ne le serait jamais. Écartons aussitôt cette hypothèse : la proportion de crétins est en effet identique à gauche et à droite, qu’il s’agisse des élus ou des électeurs. L’explication est ailleurs. Elle porte un nom : la foi.
Ceux qui ont connu le Parti communiste français du siècle dernier seront, quels qu’aient été leur rapport avec lui – hostilité ou adhésion – tous du même avis : ses membres avaient une conscience aigüe de se placer au service de quelque chose qui les dépassait. Ce quelque chose peut être le Parti lui-même et sa communauté pour les uns, la marche de l’Histoire ou l’avènement d’un Paradis terrestre pour les autres. Peu importe du reste, le résultat de cette conviction partagée est le suivant : le dépassement de sa petite personne. Le cadre du parti ne se pose même pas la question de savoir si ses mérites seront récompensés avec justice. L’intellectuel du parti ne se demande pas si un plus jeune lui a piqué ses idées sur telle ou telle interprétation de Marx ou de ses épigones. Ils sont le maillon d’une chaîne d’action et d’idées pour laquelle ils donneront tout, avec la fierté du devoir accompli.
Il est tentant du reste de comparer le fonctionnement du Parti avec celui de l’Église catholique. En vérité, le Parti est allé beaucoup plus loin dans ses rapports avec les fidèles. La confession – appelée autocritique – s’effectuait en public, contrairement à l’Église. L’excommunication – appelée humblement exclusion – constituait elle aussi un acte beaucoup plus grave que dans l’Église. Celle-ci a du reste excommunié au Moyen Âge tellement de fidèles que la mesure était devenue modérément dissuasive. Mais surtout, l’excommunication par l’Église n’était pas définitive. Contrairement à l’exclusion par le Parti : les anciens se souviendront de ces parias – anciens élus, cadres moyens, voire simples militants exclus – qui ont cherché à renouer les ponts : peine perdue, ils n’ont récolté que le mépris que l’on réserve aux relégués à vie. Voilà donc une organisation composée de gens sérieux quant au sens de l’engagement. Cette manière sérieuse de voir les choses contraste avec le spectacle de ces personnalités de droite qui changent de crémerie d’un jour à l’autre pour parfois revenir au point de départ, tel le buveur de bière dans la rue de la Soif d’une ville étudiante un samedi soir.
Donner pour quelque chose qui vous dépasse, c’est déjà la foi. Peu importe qu’il s’agisse seulement d’un mandat de trésorier du club local de Hand-Ball. Cette foi était consubstantielle à l’engagement communiste, et cet atavisme survit dans la gauche actuelle. D’une foi rudimentaire, certes sans rapport, compte tenu de l’abandon des fondements essentiels de l’analyse marxiste, avec celle qui animait les membres du Parti communiste jadis. D’une foi dévoyée. Mais cela reste la foi – les visages possédés de certains dirigeants de l’alliance dite « Nouveau Front populaire » en témoignent – , et les réflexes qu’elle générait demeurent.
Face à cela, il est curieux de constater que la France de droite en manque cruellement, de cette foi. Pourtant, ses dignitaires et ses électeurs ne manquent pas, pour beaucoup, de se dire catholiques. Ils sont donc censés croire en Dieu, transcendance ultime, qui ne peut être atteinte que par un effort continu de lutte constante contre l’ego dans tous les domaines de la vie. Mais partout, la vanité règne. Les intellectuels se déchirent : untel a repris avec succès les idées que je développe dans tel livre vingt ans avant, hors de question de l’aider ; machin m’a humilié avec ses déclarations pendant la campagne électorale, hors de question de nouer un accord électoral. Avec partout la même question : quelle est donc ma récompense ? Le militant du Parti communiste Français, lui, connaissait sans le savoir Saint-Paul, un peu oublié par contre du catholique de droite : « Alors quel est mon mérite ? C’est d’annoncer gratuitement l’Évangile sans en faire valoir mes droits de prédicateur » (Lettre aux Corinthiens, 9-18).
On ajoutera à l’intention de ce même catholique de droite le très léniniste : « Si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide » (ibid, 9-26).
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