16 juin 2020

Dernier voyage en arythmie ?

Par Jean-Claude Rolinat

À chacun son appel ou son débarquement, moi c’était le 10 juin 2020, à l’hôpital Jacques Cartier à Massy – jolie petite ville arabo-africaine à deux tirs d’arbalète de Paris –, pour subir une ablation du flutter. (Ne me demandez ce que c’est, ça veut dire, parait-il, « papillonner » en anglais). Ceci après déjà TROIS visites dans cet établissement, l’une pour le rendez-vous, l’autre pour voir l’anesthésiste, la troisième pour un test Covid-19 avec, à chacune de ces étapes, les mêmes renseignements à fournir, les même « papelards » à remplir. Un vrai parcours du combattant. Une administration… soviétique ! Et un personnel pas toujours sympa, contrairement au personnel médical. (L’essentiel, après tout).

arythmie.

arythmie.

Donc, après une nuit passée à l’hôtel Ibis du coin, histoire d’être sur place et de supprimer le stress éventuel des embouteillages, voilà mon petit bonhomme parti, fier comme un paon, direction les misères supposées…

Et là, l’attente commence. Dans le hall, dans le couloir, un ticket à retirer comme à la Sécu, attendre que son numéro soit appelé. Direction une chambre – tout seul, la joie ! –, enfiler le costume de malade, charlotte sur la tête et genre kimono pour le reste. Direction l’étage, salle de repos où transitent ceux qui sont guéris, et les autres, en attente d’opération. C’est un peu l’usine, et les couloirs sont tellement étroits qu’il y a parfois embouteillage de brancards ! Priorité à droite, ai-je dit à mon brancardier. On me met un bracelet à mon nom, comme pour les nouveaux-nés en maternité. On me redemande mon âge, mon nom, pourquoi je suis là – des fois qu’ils me coupent la jambe au lieu de s’occuper de mon cœur ! –, et une infirmière vient me raser les poils dans l’aine, la gauche et la droite. Je lui demande de bien faire attention, et de ne pas entamer « le service trois pièces », on ne sait jamais…

Au bout d’une demi-heure de suspens, c’est parti. L’anesthésiste est venu me voir, il s’appelle Kamel – phonétiquement comme les clopes du même nom –, me fait un signe amical, et je ne peux m’empêcher de dire « inch Allah ». Il sourit. J’arrive dans un décor digne d’une série télé, genre « Urgences », que je ne regarde jamais – et pour cause, il faudrait être maso ! –, on m’installe sur le plan de travail et on me ficelle, si je puis dire : bras gauche, un goutte à goutte, bras droit relié à un « truc » où vont s’afficher le rythme, la tension etc.

Au-dessus de moi, un « machin » genre lampe scialytique, mais je vais comprendre bien vite que c’est pour suivre la progression du « chose » qu’il vont m’introduire dans l’artère droite. (J’avais pensé, le cœur étant à gauche, que c’était dans l’aine gauche. Mais non. C’est pour cela que, dans le doute, la première infirmière a rasé les deux côtés).

Le docteur est assisté par un collègue, Salem Younsi. C’est parti. Un coup de gel sur la cuisse droite, une aiguille qui va faire des trous dans la grosse veine, je ne sens qu’une forte compression faite sur elle, par l’infirmière. (Étant sous anticoagulant, ça pourrait pisser !) Jamais je ne sentirai la progression, à travers mon corps, du fil (petit câble ?) qui remonte jusqu’à l’oreillette pour « cramer » ce qui doit l’être.

Par moment, je ressens les troubles classiques de l’arythmie et de la tachycardie – mauvais souvenirs ! –, mais les toubibs me disent que c’est normal, ils « testent » la « bête » pour trouver là où il faut intervenir, et font battre mon « palpitant » à cent coups minute. (Lors de mes crises, je montais jusqu’à 160, un vrai « délit routier » !). Par deux fois, l’impression d’une immense vague de chaleur qui vous envahit, accompagnée d’un ressenti genre aigreurs d’estomac aussi, irradiant dans toute la poitrine, du cou au diaphragme, remontant violement jusqu’à l’épaule droite, terminaisons nerveuses me dit-on. Car jamais, malgré l’anesthésie locale, je n’ai cessé de répondre à leurs questions. J’entendais tout ce qu’ils disaient : « prends la vallée », « envoyez les rayons », etc.

Il y avait, au fond du plateau, des ordinateurs avec des manipulateurs auxquels je n’avais pas prêté attention en arrivant. C’est vers eux que partaient les ordres du praticien. Enfin, c’est ce que j’ai pensé. Pour m’occuper l’esprit, je regardais le plafond où était peint un ciel azur avec des montgolfières. Ca donnait envie de s’évader. Pour me changer les idées, le docteur, le chef, me demandait ce que j’avais fait dans la vie. Alors que je terminais par mon dernier job – secrétaire général d’un groupe politique à la Région Île-de-France –, il me questionnait : lequel ? Sur un ton humoristique, toujours ficelé comme un excité, cherchant à libérer mon nez de ce putain demasque anti-Covid qui m’étouffait un peu, je lui rétorquais que je ne répondrais à cette question qu’à la fin de l’exercice, c’était plus prudent pour moi, non ? Après tout, on ne doit pas manquer d’humour chez les carabins…

Au bout de 25 minutes environ, je quittais « la chambre de torture » à travers un labyrinthe de couloirs. Je savais que le « Minautore » était derrière moi et, qu’en principe, venait l’heure de la libération. Après un stage de 30/35 minutes dans un box de la salle de repos, séparé des autres patients par un rideau, je somnolais quelque peu. Retour à la chambre où j’avalais un sandwich et un chocolat – j’étais à la diète depuis la veille au soir, ce qui n’est pas dans mes habitudes –, je m’habillais, et Marie-Josèphe allait récupérer son « vieux », en assez bon état.

Mais nous n’en avions pas terminé pour autant avec « l’administratif », il fallait encore passer au secrétariat de la « rythmologie », avant de retourner aux admissions pour dire que c’était fini ! Kafkaïen ! Enfin, bonne nouvelle, cette opération ne m’a pas coûté un rond, exception faite de la première consultation, et celle de l’anesthésiste. Au moins, je suis un Français qui a profité de la Sécu… française !

Conclusion positive, tout de même, de l’histoire. Pour ce genre de pathologie, avant 1992 et l’expérimentation de la mise en place « de désilets par la voie veineuse fémorale inférieure, (ponction écho-guidée), on positionne la sonde quadri/décapolaire dans le sinus coronaire (repère anatomique et stimulation atriale gauche), le cathéter de radiofréquence Therpay XL 8 m/m sur l’isthme cavotricuspidien, repérage fluoroscopique », ça c’est pour la technique, vous me suivez, vous comprenez, moi non plus, après c’est « l’ablation en flutter, linéaire de la tripuscide à l’avant de la veine cave inférieure » etc. etc., les patients terminaient leur vie avec cette maladie. Ou alors, il fallait ouvrir la cage thoracique. Le progrès, c’est beau tout de même, on ne l’arrêtera pas, c’est lui qui nous arrêtera.

C’est ainsi qu’en principe, je ne retournerai jamais plus au pays de l’Arythmie, du moins je l’espère…

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