La confession d’un enfant du siècle (le XXe)
Alors que se profile déjà l’ombre menaçante de la rentrée des classes, jamais mes petits-enfants ne sauront ce que, jeune lombric, prisonnier de l’humus familial, me tortillant sans fin pour en sortir, j’ai pu endurer. Et pourtant…
Pour parcourir les kilomètres me séparant de l’école je marchais, triste et solitaire, sans la moindre oreillette « bluetooth » pour m’aider à traverser une ville indifférente à l’angoisse qui m’étreignait à la seule idée des heures d’enfermement qui m’attendaient et des roustes toujours possibles distribuées par des professeurs intraitables.
Car, à l’époque, le châtiment corporel était monnaie courante et lorsque tel maître m’en octroyait un sans la moindre vergogne, mes parents souscrivaient à ces méthodes barbares en m’en offrant un autre. Triste et solitaire… peut-être pas tout à fait car j’avais tôt fait de rejoindre des compagnons de chaîne avec lesquels, jusqu’à la porte du collège, nous nous réconfortions en disant pis que pendre de nos tortionnaires.
De retour à la maison, un autre type d’enfermement m’attendait. À l’époque, les jeux électroniques n’existaient pas. Tournant comme un ours (Brun bien sûr) en cage dans l’appartement familial, que faire pour voler du temps au temps ? Fatalitas ! Comme le disait Chéri Bibi, autre forçat d’une société profondément injuste. J’en étais réduit à apprendre mes leçons et à faire mes devoirs. Un comble pour un cancre affiché.
Le soir venu, aucun écran ne venait éclairer mon horizon carcéral. Alors, pour m’évader, je me résignais à lire. Pour me venger je dévorais Jules Verne, Alexandre Dumas, Paul Féval, Michel Zévaco, Walter Scott, James-Olivier Curwood, Mark Twain… Et, bien malgré moi et pour la plus grande joie de mon père, j’assimilais, comme ces buvards que je tachais rageusement, des données tant historiques que géographiques que mes professeurs avaient bien du mal à me faire ingurgiter par ailleurs.
Le jeudi, en l’absence de réseaux sociaux (nous n’avions même pas le téléphone à la maison), il ne me restait qu’à rejoindre dans la rue, des copains de galères pour taper pendant des heures dans des balles pourries ou pour tenter des évasions au guidon de biclous à peine plus récents que la draisienne ou le célérifère.
Certes nous n’avions aucun problème de dérailleur électronique ou de fréquencemètre. Adidas, Nike et autres marques prestigieuses n’existaient pas et l’usure de nos chaussures de ville nous valait des punitions supplémentaires quand leurs semelles se mettaient à bailler comme un lion de l’Atlas affamé.
À nous dépenser ainsi sans compter, les risques de surpoids étaient très limités d’autant que ni le coca-cola, ni le pop-corn n’avaient encore traversé la Méditerranée. Il faut ajouter que, les portables et tablettes restant à inventer, lorsque nous nous réunissions entre galopins, à défaut de muscler nos doigts dans un silence de cathédrale comme cela se voit aujourd’hui, nous échangions joyeusement sur le triste sort qui était le nôtre (nous frôlons là l’oxymore).
Ces dimanches que haïssait tant Charles Aznavour, égrenaient leurs heures au rythme d’un rituel étouffant. N’y voyez pas pour autant celui de la « grand’messe » où, déguisé en mannequin de catalogue pour enfants, les cheveux anormalement bien peignés, je retrouvais les copains de catéchisme tout aussi apprêtés. Pas de retransmissions sportives télévisuelles, bien sûr. J’étais condamné à suivre mon père au stade pour partager enthousiasme et déconvenues avec des gens que je ne connaissais même pas.
Et mon géniteur d’affirmer que cela contribuait à mon apprentissage de la vie en société. C’est vrai, je le concède, les commentaires « en direct » de voisins de tribune particulièrement truculents, rajoutaient une touche originale au spectacle qui s’offrait à nous. Le soir venu, rassemblée autour du monumental « poste de TSF », la famille communiait à l’émission policière qui clôturait immuablement le repos dominical.
Et le cinéma me direz-vous ? Effectivement le dimanche après-midi, hormis le stade, je fréquentais « le cinéma du curé » où je retrouvais mes chers copains du « Coudiat » (le nom de mon quartier). C’était alors la surprise du chef car nous ne découvrions le titre du film qu’une fois dans la salle. Nous nous installions sur des chaises en fer rembourrées aux noyaux d’olives. Dans l’attente de la projection, du changement de bobine, voire du collage de la pellicule rompue en plein suspense, nous n’avions pas la moindre sucette glacée ou « fraise tagada » à nous mettre sous la dent pour meubler ces insupportables interruptions.
Quand je vous disais que nous avons vécu l’enfer en ces temps difficiles où l’idée des droits de l’enfant n’était pas même évoquée !
Victime résignée ? Curieusement, à quelques heures de la mort de ma mère devenue nonagénaire, je confessais tout bêtement que les innombrables coups de martinet que j’avais reçus étaient tous parfaitement mérités.
Un brin masochiste ou simplement victime du syndrome de Stockholm ? Il faudra que je m’en ouvre à mon psychanalyste lorsqu’il sera rétabli ( il est pour l’instant hospitalisé dans un établissement psychiatrique).
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