Les citrouilles ou la terrible maladie
Il a suffi d’un instant, d’une fraction de seconde d’inattention due aux conditions propices à la rêverie que nous offrait en ce beau matin ce magnifique soleil campagnard pour qu’une abominable maladie contagieuse s’empare de ma pauvre personne prise dans la toile de la mauvaise pensée la plus épouvantable en l’absence d’une vigilance sans faille.
Alors que je m’apprêtais, comme chaque jour de l’été, à m’acquitter de cette noble tâche qui consiste à arroser le potager, mon regard fut surpris par deux pieds de citrouilles plantés en même temps à quelque distance négligeable l’un de l’autre et pourtant devenus fort différents.
L’un était déjà vigoureux et prêt à offrir ses premières fleurs quand l’autre semblait frêle et encore fragile. C’est là que je fus terrassé par la bête abominable !
L’idée, bien que chassée immédiatement de mon esprit, me vint de donner plus d’eau à la plante faible aux dépens de la plante vivace au risque de voir la seconde s’étioler sans garantir le succès de la première.
Je fus pris d’épouvante, allais-je me diluer dans le bouillon caustique de la pensée unique, de la bien-pensance ? Ne venais-je point de traduire une idée socialisante ?
Devant l’horreur de la situation et la peur panique des souffrances intolérables qui ne tarderaient pas à m’envahir, je fus tenté d’arracher le pied moribond avant de me raviser de nouveau. C’était là pire encore, cela s’apparentait à quelque chose dans le genre sioniste ou spartiate selon l’origine postmoderne ou antique des plants.
Ayant repris mes esprits, épongé mon front, je finis par prendre la décision de faire ce pour quoi j’étais venu, partager équitablement l’eau entre ces deux cucurbitacées.
La leçon à tirer de cette terrible histoire qui dieu merci ! grâce à une hygiène de vie parfaite et de tous les instants finit somme toute bien pour votre serviteur, est qu’il faut en tout moment entretenir son corps et son esprit afin de les garder suffisamment alertes et aiguisés, de sorte à échapper à l’endoctrinement sournois et indicible que nous perfusent en continu les ennemis de nos consciences et de notre libre arbitre.
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