1 novembre 2017

Suisse : « No Billag », la fin du service public ?

Par Uli Windisch

par Uli Windisch.

Oui à No Billag. Non à un monstre bureaucratique monopolistique indigne de notre démocratie. Oui à un vrai Service public fortement redimensionné et pour TOUS les publics.

La situation du Service public médiatique suisse nous rappelle sous de nombreux aspects celle des monstres bureaucratiques soviétiques avant l’effondrement du communisme.

Le 4 mars 2018 le peuple suisse votera sur l’initiative No Billag qui vise à supprimer les redevances radio et télévision et par conséquent le Service public médiatique suisse, du moins sous sa forme actuelle.

On pouvait penser que cette initiative n’aurait aucune chance  et c’est sans doute aussi pour cela que les autorités fédérales n’ont même pas pris la peine de proposer un contre-projet, moins radical, par exemple en réduisant du tiers ou de la moitié cet énorme budget de plus 1,6 milliard de frs, cela  afin de rendre enfin possible une  vraie concurrence dans le domaine des médias comme dans tous les autres secteurs importants de notre société.

Aucun secteur ne connaît un tel monopole dans un pays qui se vante pourtant quotidiennement de son pluralisme et de sa démocratie.

Une telle attitude semble subitement être perçue comme particulièrement arrogante de la part d’une partie non négligeable de la population. La révolte contre ce Service dit public apparaît comme beaucoup plus large et massive qu’ imaginée par les responsables. Opposition à un monopole  totalement inacceptable, grande insatisfaction et, finalement, une conscience très large dans le  grand public de l’orientation politique générale bien-pensante et de gauche dans des secteurs entiers, notamment dans ceux qui relèvent de l’information et des magazines. La révolte contre cette orientation idéologique trop unilatérale, loin de l’ADN pluraliste congénital des Suisses, n’est plus le fait de quelques acteurs minoritaires taxés en vain et de manière mensongère et démagogique de conservateurs attardés, de réactionnaires.

C’est la grande révélation du début de la discussion publique actuelle sur cette future votation. Nombre de citoyens ordinaires sont en réalité  bien plus révoltés et violents contre ce Service dit public que certains critiques qui interviennent en connaisseurs sur le sujet  et à qui on ne donne d’ailleurs  guère la parole dans ce Service dit public. J’insiste ! Le «gauchisme » de ce Service dénoncé massivement et brutalement surprend,  crée la stupeur.

D’où l’affolement du côté des responsables politiques qui ont tout intérêt, pensent-ils, à maintenir ce monopole qui leur donne un accès privilégié et constant  à ces médias.

Affolement qui est évidemment encore plus grand chez les acteurs des médias eux-mêmes : plus de 6000 employés et même 13.000 ont calculé certains  en y ajoutant des activités dépendantes.

Une vrai usine à gaz turbinée par des armées mexicaines de fonctionnaires privilégiés et irrévocables.

On crie au chômage massif en cas d’acceptation, à la menace sur la paix confédérale, au danger de dislocation de la nation, à une grave menace pour les minorités linguistiques. Bref, la Suisse risque de s’effondrer sans ce puissant Service public qui ressemble en fait à une entreprise étatique de type soviétique, à un monstre bureaucratique  surdimensionné et dont la situation privilégiée des  employés est totalement inconnue dans les médias privés où les employés, dans des situations souvent précaires, travaillent de manière très dure, épuisante, avec de fréquents burn out. Le directeur de la RTS avait lui-même affirmé, de manière sans doute malencontreuse, que l’on pourrait sans problème supprimer une dizaine de membres de la direction générale sans gêner  son fonctionnement. Quand en plus on connaît leurs salaires !

La Suisse gravement menacée par la fin du Service public médiatique ? On a envie de rire.  Tout le problème sera de voir si la population se laisse intimider par ce chantage scandaleux , qui va encore durer des mois et sera fantasmé sous les angles les plus invraisemblables . Tout est bon et sera bon pour faire peur à la population.

Menace sur les médias privés et indépendants ? Pas du tout, ou oui si les attributions financières restent les mêmes. Mais ici il faut être très clair : ce chantage ne marche pas non plus car dans une nouvelle répartition du budget, la première chose à faire sera de doter de manière beaucoup plus importante  ces médias indépendants et privés qui jour un rôle essentiel en termes de diversité et de pluralisme. C’ est un impératif pour un vrai pluralisme.

Venons-en à un aspect essentiel : admettons que No Billag soit acceptée par le peuple, il n’est pas vrai  comme le dit son directeur général qu’ on « fermera la lumière et les studios ». Belle image mais énorme mensonge, encore un.

Il va de soi qu’en cas d’acceptation, les autorités prépareront très vite une  solution permettant au Service public de continuer à fonctionner mais sur de nouvelles bases, avec donc un budget fortement réduit,  et une part financière importante pour permettre une vraie concurrence entre médias différents, en bref un vrai pluralisme, tout en garantissant la bonne santé des médias des minorités linguistiques. Jamais d’ailleurs les minorités linguistique ne seront négligées. Tous les Suisses sont d’accord sur ce point. C’est là un autre chantage des responsables de l’actuelle usine à gaz.

Soyons très clairs par rapport à ceux qui prétendent que les critiques actuels veulent la mort de ce Service dit public : nous lui sommes tous acquis, même ceux qui ont initié No Billag et qui voteront OUI .

Mais tous veulent un AUTRE et VRAI service public, fortement redimensionné, réellement pluraliste et démocratique et au service de TOUS les publics.

Que cela soit clair, même si les  privilégiés du monopole affolés  diront encore le contraire pendant des mois et continueront à mentir et à tenter de faire peur. Gare à ceux qui prennent les citoyens suisses pour des idiots et des mollusques taillables, corvéables et manipulables à merci.

Bien des stratagèmes seront encore utilisés et inventés pour éviter que le peuple accepte No Billag. La conseillère fédérale  responsable, Doris Leuthard, a fait rire beaucoup de monde  en proposant au dernier moment de baisser cette taxe d’une centaine de frs et en venant nous dire , sans doute conseillée par des communicants, que cela ne coûterait plus qu’ un frs par jour ! MDR.

Plutôt que  de refuser de proposer un contre-projet, il fallait proposer une vraie refonte du Service public et pas seulement de quelques francs de moins, en constatant l’ampleur du grondement populaire. Cela avant la votation !

Au fur et à mesure de l’avancement de la campagne politique  sur cette votation nous nous efforcerons de démasquer rituellement toutes  les stratégies utilisées, même et surtout les plus tordues, habiles, perverses et mensongères. Des argumentaires sont sans doute en préparation dans de nombreux groupes de travail et par des conseillers multiples et divers, toujours rémunérés avec nos taxes, afin de trouver des raisons sans cesse nouvelles et impérieuses pour convaincre la population de ne rien changer.

Dans de très nombreuses  et insistantes interventions,  les responsables actuels viendront nous dire et redire , jusqu’à plus soif, que seule l’information du Service public est de qualité, comme le font et le feront nombre de chercheurs  grassement subventionnés par ce même Service public et donc une nouvelle fois à nos frais. Ils viendront aussi nous dire  que les sites d’information  et de réinformation  sur le NET, de plus en plus nombreux et de plus en plus consultés mais n’obtenant, eux,  pas un centime des autorités, ne produisent que des « Fake News », etc ., etc. C’est là un autre mensonge grotesque mais heureusement, les citoyens en sont de plus en plus conscients et informés !

Le Service public est en effet de plus en plus en retard sur les citoyens qu’il prétend vouloir former ! Quelle autre arrogance incroyable.  Former ou formater idéologiquement?

Rappel : si  les nouvelles sources d’information abondamment utilisées, surtout par les jeunes, produisaient de fausses infos, elles seraient très vite discréditées et abandonnées. Chacun sait et doit trier aujourd’hui.  En réalité, bien des sites sont aussi exigeants que les médias solidement établis qui n’acceptent pas les critiques et, aspect fondamental, ces sites d’information disent la réalité, toute la réalité, sans cacher ce que le politiquement correct évacue scandaleusement.

Rappelons aussi, cette fois sur la base de notre propre expérience avec notre site d’information LesObservateurs.ch, que personne n’a encore relevé, sur les 47.000 articles publiés en 6 ans, de vrais et « massifs » « Fake News ». Il y a juste eu quelques rares imprécisions. Mais ce silence n’empêche pas  nos critiques de continuer à mentir et de tenter de nous diffamer. Mais voilà, notre énorme audience et de qualité sait parfaitement ce qu’il en est.

Notons encore que ces médias du Service public ne reprennent jamais aucun de nos 47.000 articles, énormément lus, mais portent aux nues le moindre pet du plus petit canard, satirique ou non. Encore un exemple du formidable pluralisme de ce Service dit public.

Oui nous assistons bel et bien à une vraie guerre médiatique entre des médias établis aux moyens gigantesques et de petits  acteurs médiatiques au moyens financiers ridicules,  qui apportent une contribution déterminante et très désirée par les citoyens, et ces nouveaux médias sont constamment sous la menace de devoir abandonner leur réinformation car étranglés financièrement.

La grande différence entre eux et nous : nous ne sommes pas opposés à un Service public fortement redimensionné et davantage pluraliste et démocratique  (donc  moins bien-pensant et moins de gauche) tandis que eux cherchent à discréditer et à diffamer les sites qui leur font concurrence et leur prennent une part de plus en plus importante de leur audience.

Certains journalistes de ce Service dit public vont même jusqu’à exiger, même publiquement dans leur propre média, que certains de leurs critiques et des intellectuels qui ne sont pas de gauche, ne soient plus invités dans leurs médias et même qu’on les fasse taire ! Authentique ! Plusieurs exemples, aussi incroyables soient-ils se trouvent sur notre site. Pour une fois, je ne les cite pas nommément. Pour ma part, depuis la création de notre site il y a 6 ans , je ne suis plus jamais invité dans ces médias,  si ce n’est furtivement et très rarement pour donner la parole à un jaloux, à un envieux ou justement à un gauchiste qui viennent conclure mes propos pour les dénigrer. Un vrai travail de Service public pour tous les publics !

Encore une fois : scandaleux et inacceptable. Mais c’est la réalité.

Néanmoins, et encore une fois, OUI à un Service public mais à un Service pour TOUS les publics, fortement redimensionné , afin de financer une concurrence indépendante et privée, forte et de qualité. Pour cela il faut d’abord dire un OUI résolu et massif à No Billag  et obliger ainsi les autorités à refonder profondément ce Service public médiatique dans le sens indiqué ci-dessus et désiré par un public suisse aussi vaste qu’insoupçonné.

Le plus grand défi à venir : prendre acte de la volonté populaire, même si elle n’est pas majoritaire puisque les minorités sont vitales pour notre système politico-culturel, et surtout traduire cette volonté dans la pratique plutôt que de l’invalider en prétendant la respecter au nom  d’autres impératifs ! La tromperie pour garder un pouvoir illégitime n’est plus de mise.

Article paru sur le site LesObservateurs.

Vous avez aimé cet article ?

EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Partager :