Le pape François en prince de ce Monde (suite)
Philippe Grasset comparait récemment (sur dedefensa.org) la dérive musulmane à la dérive chrétienne. La première donne l’islamisme, la deuxième le nihilisme. La religion romaine devient nulle, la religion musulmane folle.
Un peu de restauration païenne ne nous ferait pas de mal. Lisez les Fastes d’Ovide pour commencer. Mais reparlons de Bergoglio, soit de l’actuel Pape François.
J’ai rappelé que la fréquentation romaine s’effondre, le bocadillo humanitaire de Bergoglio ne prenant plus. Ceci dit, la presse en France – surtout la catholique – continue de s’aplatir devant ce pape, financée qu’elle est par un pouvoir socialiste reconnaissant ; car c’est bien François qui mit fin à la fronde des familles chrétiennes il y a trois ans. Depuis, les brebis rentrent dans le rang.
Mais voici ce qu’écrit un commentateur catholique américain dans le New York Times (Matthew Schmitz, NYT, 28 septembre, traduit par Béatrice dans Benoît-et-moi-2016) : « Les chercheurs de Georgetown ont constaté que certains types de pratique religieuse sont plus faibles aujourd’hui parmi les jeunes catholiques qu’ils ne l’étaient sous Benoît. En 2008, 50 pour cent des « millennials » (jeunes nés après 2000) déclaraient avoir reçu des cendres le mercredi des Cendres, et 46 pour cent disaient avoir fait un sacrifice au-delà de l’abstinence de viande le vendredi. Cette année, seulement 41 pour cent ont déclaré avoir reçu des cendres et seulement 36 pour cent ont déclaré avoir fait un sacrifice supplémentaire, selon la CARA. En dépit de la popularité personnelle de François, les jeunes semblent dériver loin de la foi. »
On pourra répondre que c’est pour cela que ce pape a été mis là. Théorie de la conspiration ? Non, théorie de la constatation plutôt. « Être catholique cela ne sert à rien », crachait un soir Frossard à la télé, avec sa paresseuse arrogance.
Mais on continue avec Schmitz (vous pouvez aussi lire Ross Douthat dans le NYT, ou le héraut frondeur Antonio Socci en Italie) : « François est un jésuite, et comme beaucoup de membres des ordres religieux catholiques, il a tendance à voir l’Église institutionnelle, avec ses paroisses et ses diocèses et ses voies établies, comme un obstacle à la réforme. Il décrit les curés comme des « petits monstres » qui « jettent des pierres » sur les pauvres pécheurs. Il a fait aux responsables de la Curie un diagnostic d’« Alzheimer spirituel ». Il sermonne les militants pro-life pour leur « obsession » sur l’avortement. Il a déclaré que les catholiques qui mettent l’accent sur l’assistance à la messe, la fréquentation de la confession, et récitent les prières traditionnelles sont des « pélagiens » – des hérétiques qui croient qu’ils peuvent être sauvés par leurs propres œuvres. »
Pour ce pape branché, être catholique, c’est être hérétique. Dont acte. Dom Pernety soulignait en 1777 le paresseux travail des jésuites en Amérique du Sud, qui multipliaient partout les « processions comiques » pour épater les indigènes…
Le journaliste en tire une légitime conclusion : « Ces dénonciations démoralisent les catholiques fidèles sans donner aux mécontents aucune raison de revenir. Pourquoi rejoindre une église dont les prêtres sont de petits monstres et dont les membres aiment à jeter des pierres ? Lorsque le pape lui-même place les états spirituels internes au-dessus de l’observance des rites, il y a peu de raisons de faire la queue pour se confesser ou de se réveiller pour aller à la messe. »
Et de conclure avec un bel élan : « François a construit sa popularité au détriment de l’Église qu’il dirige. Ceux qui souhaitent voir une église plus forte pourraient devoir attendre un autre type de pape. Au lieu d’essayer d’adoucir l’enseignement de l’Église, un tel homme devra dire comment la rude discipline peut conduire à la liberté. Affronter un âge hostile avec les revendications étranges de la foi catholique ne peut pas être populaire, mais au fil du temps, peut se révéler plus efficace. Même le Christ a rencontré les huées de la foule. »
Je trouve la fin du texte bien intéressante. Car on peut se réclamer comme François de la démagogie évangélique et nous faire le coup de l’homo patience, du réfugié, du pâtre grec, du pauvre hère. Mais quand on reçoit en grande pompe Di Caprio, Zuckerberg et sa compagne, quand on prend l’argent de Soros et de Versace, sans oublier celui de Porsche dans la Sixtine, on est plutôt mal placé pour lancer des cailloux aux puissances de ce monde !
Éric Zemmour dit que Bergoglio fait de l’Église une ONG. Comme toutes les ONG, elle sera au service de la fortune anonyme et vagabonde, de la finance mondiale : c’est Paul Allen de Microsoft, dixième fortune mondiale et écolo-impérialiste, qui finance les sons et lumières façon Gaïa au Vatican. On rappellera que ce pape, qui a envoyé les pauvres chez les évangélistes en Amérique latine, est très populaire chez nos bourgeois. Voilà qui fera plaisir à Léon Bloy.
Ce pape sert les puissances, il ne les défie pas. Et c’est pourquoi on l’aime tant à la télé.
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Philippe Randa,
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