17 décembre 2020

N… c’est N… , il n’y a plus d’espoir…

Par Jean-Pierre Brun

Certes, l’actualité récente nous en fait voir de toutes les couleurs, mais, justement, le noir, comme le blanc d’ailleurs, n’en est pas une. Et pourtant son utilisation dans notre vie courante devient douteuse. Pourrons-nous encore commander un petit noir lorsque nos bistrots rouvriront, quand bien même se faire un blanc sec restera momentanément possible.

Sous peine de poursuites voire de fatwas brossées du gauche par quelque footballeur complexé, une révision rigoureuse de notre vocabulaire et de notre géographie s’impose. Ainsi, si j’étais le maire de Nègrepelisse je m’empresserais d’agir avant qu’une commission ad hoc vienne enquêter sur l’origine de cette appellation douteuse et surtout sur celle de la peau utilisée.

Fini le temps des débats parlementaires houleux qualifiés de combats de nègres dans un tunnel. Devra-t-on pour autant évoquer désormais des empoignades de faces de craie sur la banquise ?

Et pour ceux qui assimilent le désormais célèbre « en même temps » élyséen à quelque solution « nègre-blanc », il leur faudra forger un de ces néologismes qui fleurissent chaque matin sur nos ondes, ou encore importer un américanisme dont raffole notre société de progrès. À moins que, usé jusqu’à la corde, le recours à cette formule disparaisse avec son promoteur au lendemain de la prochaine élection présidentielle.

Pour souligner le caractère malsain de ce type de pratique il me revient d’ailleurs une anecdote. J’ai connu un garçon qui pour payer ses études collaborait à l’exploitation d’une double attraction de fête foraine. Dans le stand « recto », le visage hilare, il servait de cible aux lanceurs de tarte à la crème et en même temps, dans le stand verso, il offrait ses fesses épanouies aux tireurs de carabines à flèches. Voilà à quoi vous expose à terme ce fichu « en même temps », mais refermons cette douloureuse parenthèse.

Pour autant ce n’est pas demain la veille que nous cesserons d’avaler notre pain noir.

Quand je pense que dans les années soixante j’ai été le nègre d’un journaliste d’investigation incapable de « pisser autre chose qu’une bouillie en petit-nègre » (dixit le rédacteur en chef). Et il me fallait travailler comme un nègre pour rendre lisible les feuillets gribouillés par ce Rouletabille au talent de fouineur pourtant incontestable.

En espérant chasser à jamais mes idées noires je vais quitter cette société au sein de laquelle je n’ai visiblement plus ma place puisque des coups et des douleurs on dispute plus que jamais.

Pour ne pas mettre mes héritiers en difficultés je brûlerai quelques ouvrages tendancieux de ma bibliothèque comme Quartier Nègre de Georges Simenon, La négresse blonde de Georges Fourest, Le nègre du Narcisse de Joseph Conrad. Et, pourquoi pas, simple précaution mais les censeurs sont trop souvent incultes, L’œuvre au noir de Marguerite Yourcenar qui n’a pourtant aucun rapport avec le sujet.

Je n’oublierai pas de jeter au feu quelques albums photographiques comme La remontée du Rio Négro en Amazonie ou La Revue Nègre et l’inoubliable régime de bananes de Joséphine Baker. Je jetterai subrepticement à la benne ma collection de Negro-Spirituals en implorant notamment Mahalia Jackson de bien vouloir excuser ma lâcheté.

Je me mitonnerai un dernier repas avec quelques plats appelés à disparaître des cartes de nos restaurants comme une raie au beurre noir (j’ai encore l’œil qui va avec) ou un riz camarguais au noir de seiche dont je raffole. La sole au beurre blanc aura-t-elle encore quelque avenir ? Inch’Allah.

Ayant revêtu une dernière fois mon costume couleur « tête de nègre », c’est du moins sous cette qualification qu’il m’avait été vendu, je pourrai passer à table pour mon dernier dîner d’homme d’un monde révolu.

Après avoir dégusté un « nègre en chemise », je boirai un ultime arabica (avant que cette qualité ne devienne un nouveau symbole raciste) accompagné d’un verre de rhum « Négrita » (on boira demain exclusivement du rhum Adam, Adam le premier rhum de la création) Puis j’irai me coucher, tout en écoutant Altahualpa Yupanqui me bercer avec son inoubliable « Duerme négrito ».

Avant de me retirer dans quelque village fantôme de l’arrière-pays niçois, le plus loin possible du Plateau de Saint Barnabé où se dresse un « Village nègre » provocateur, je me laisserai éclabousser par les rayons lumineux diffusés par les vitraux de Chagall, un incomparable homme de couleurs. Auparavant j’aurai fait un détour par Le Lavandou et le cap Nègre pour m’incliner devant la stèle des commandos têtes de pont d’une armée de débarquement composée notamment d’hommes venus d’Afrique noire et de pieds-noirs.

Être ou ne pas être ? Telle était la question qui depuis quelques mois troublait mes nuits sans sommeil. Être « Brun » ? C’est être ni noir, ni Blanc. Et découvrir, après avoir secoué l’arbre généalogique de ma mère, l’existence d’une branche « Noirclair » (ça ne s’invente pas), il y avait vraiment de quoi être rouge de confusion. Que me restait-il à faire si ce n’est m’enfoncer dans les ténèbres les plus noires de l’anonymat tel un suppositoire de « coquelusédal » dans le troumignon d’un nourrisson. Vous me permettrez de poétiser ainsi une dernière fois avant de sombrer dans les profondeurs de cette mer des sarcasmes qui submerge tout. Et derrière l’écran noir de mes nuits blanches je pourrai me consacrer à une théorisation inédite de la blanchitude confinée en plein pot au noir. Vaste programme !

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