28 décembre 2023

Exportation de cerveaux, importation de ventres

Par Olivier Pichon

Ceux qui s’en vont

Un sondage OpinionWay pour Economie Matin réalisé les 20 et 21 décembre 2023, révèle qu’une majorité (54 %) de jeunes français âgés de 18 à 24 ans sont déterminés à quitter la France en raison du climat politique et économique. Un chiffre à mettre en regard du tiers de français (30%), toutes catégories sociales et âges confondus, qui répond par l’affirmative à la même question. Au premier rang des destinations le Canada et les USA.

À l’heure où l’on parle tant d’immigration dans le débat, le risque de voir nos jeunes émigrer n’est pas à négliger. Plusieurs questions se posent, le pourquoi, bien sûr, mais aussi la qualité de ceux qui partent. La question est de savoir quel est leur niveau d’études et, consécutivement, ce qu’ils ont coûté au pays avant de le quitter.

Le pourquoi. Pour Bruno Jeanbart, directeur des études politiques et vice-président d’OpinionWay, “ce sondage confirme une forme de lassitude et de désenchantement des Français à l’égard de leur pays, que toutes nos enquêtes sur la défiance enregistrent. » ( source Economie Matin) . On sait que la France, traditionnellement, n’est pas un pays d’émigration, depuis deux siècles hormis Basques et Bretons, Savoyards, Corses et Charentais, l’exil était intérieur, c’est lui qui forma au XIXe siècle la population parisienne, la migration étant alors essentiellement économique. Aujourd’hui, si la raison économique n’est pas absente – salaires, liberté d’entreprendre – la dimension d’attrait extérieur devient prédominante et se double aujourd’hui d’un rejet intérieur qui traduit le changement profond de la société française. Crainte de l’insécurité, fiscalité confiscatoire, effondrement de la chose publique, médiocrité du personnel politique dont l’horizon est borné et sans souffle. Une enquête Harris Interactive révèle que 87% des Français considèrent que les personnes à haute responsabilité sont « corrompues ». Incivilités, communautarisme, «cancel culture » sont d’autres facteurs qui poussent ces Français à l’exil, parce qu’ils « ne reconnaissent plus la France ». On ne peut donc exclure que le grand remplacement auquel ils contribuent eux-mêmes est une cause de leur départ, inquiets d’une «grande métamorphose» – terme pudique utilisé mais bien vu, par Jérôme Fourquet dans L’Archipel français ou La France sous nos yeux. On estime à plus de 150 000 le nombre de ceux qui partent sachant que, là aussi, les chiffres sont peu diffusés, le solde migratoire, sujet à interprétation, étant le seul indicateur pris en compte par l’Insee sur les entrées et les sorties régulières du pays.

Seraient-ce les meilleurs qui partent ?

On notera qu’on ne dit pas émigrants mais expatriés, une sémantique qui en dit long ! Les Français à l’étranger sont majoritairement sur le marché du travail (25-64 ans) avec un niveau d’étude généralement élevé. 58 % sont titulaires d’un diplôme supérieur, le niveau moyen, en France, étant de 27 % des jeunes sortant diplômés d’études longues. S’ils gagnent plutôt bien leur vie, beaucoup négligent toutefois leur couverture sociale. 35% n’ont pas de protection sociale. La fuite des cerveaux et des étudiants qui ont obtenu des diplômes est inéluctable selon un rapport du Conseil d’Analyse Economique, lequel Conseil ne fournit aucune étude sur le coût pour la France qui n’en a pas le bénéfice. L’étude en est, à dire vrai, difficile. (En incidence, se souvient-on que c’est ainsi que la RDA justifia le mur de Berlin, tant médecins ,ingénieurs, professeurs passaient à l’Ouest).

Ceux qui arrivent

On ne s’étendra pas sur le nombre tant celui-ci est connu et objet de controverses, arrêtons- nous à un chiffre raisonnable qui prend en compte non pas le nombre des personnes d’origine étrangère mais celui de ceux qui entrent clandestinement ou non sur le territoire national, pour être comparable aux expatriés. Visas, titres de séjour, éloignements, asile, naturalisations… Le 22 juin 2023, le ministère de l’intérieur a publié les statistiques définitives sur l’immigration en 2022. En 2022, la France a délivré 1,7 million de visas contre 733 070 en 2021, soit une hausse de 137,1 %. Ce nombre reste très inférieur au total des visas délivrés avant la crise sanitaire. En 2019, la France avait délivré 3,5 millions de visas. Selon les données du ministère, 316 174 premiers titres de séjour ont été délivrés en 2022. 56 276 décisions accordant un statut de réfugié ont été prononcées. Au total, 114 483 personnes ont acquis la nationalité française en 2022. Environ 900 000 étrangers séjourneraient illégalement sur le territoire français, selon Patrick Stefanini. La question n’est pas ici de discuter des chiffres tout à fait discutables mais de s’arrêter non à la « quantité », mais à la « qualité ». Certes le patronat est friand de sous qualifiés et de bas salaires mais deux questions se posent : quel est le niveau de compétence des immigrés, et viennent-ils pour travailler ?

Libération affirme que 42% des immigrés arrivés depuis quelques années ont un diplôme du supérieur, mais le journal oublie simplement de dire que ces diplômes sont à 95% le fait d’immigrés européens. Les diplômes peuvent avoir été obtenus à l’étranger, notamment dans les pays d’origine des immigrés. En 2021, 38 % des immigrés n’ont aucun diplôme, un CEP ou un brevet des collèges. La moitié des immigrés a moins de 47 ans.

Immigration du travail ?

En matière d’immigration, en France, le travail n’est jamais premier. « Un ventre, c’est deux bras !» répondait Mao Zedong aux démographes. Dans une étude à paraître, la Fondation IFRAP (décembre 2023 ) a analysé les dernières données disponibles. Notre immigration légale arrive principalement pour des raisons familiales : selon les données de l’OCDE, et hors migrations de citoyens européens, les arrivées pour une raison de « famille » ont représenté 41 % des entrées sur le territoire français de 2005 à 2020 : ce qui nous place en première position en Europe, tandis que le travail n’a concerné que 10,5 % des arrivées en France sur la période. Les personnes immigrées en France sont plus au chômage qu’ailleurs en Europe : en 2021, en France, la population d’origine étrangère affichait un taux de chômage de 12,3 % contre 7,9 % pour la population

En Europe, au Portugal, 30 % des arrivées depuis 2005 avaient une raison de « travail », c’est la première place en Europe. Le système est simple : l’obtention d’un permis de résidence, à renouveler tous les ans, est directement liée à un contrat de travail. Pour rappel, en France, les prestations « nationales » versées aux étrangers réguliers représentent entre 6 milliards et 7 milliards d’euros. Sans compter les 900 millions d’euros versés en subventions aux 1 350 associations qui assurent des missions d’accueil, d’accompagnement et d’assistance juridique (notamment pour des recours contre les OQTF) auprès des immigrés.

Ainsi la prodigalité de notre système social se lit dans ces chiffres. Le Polémiste Rochefort en 1850, pour critiquer les Ateliers nationaux, parlait « des râteliers nationaux », il semble bien que les voilà revenus par le truchement de budgets sociaux.

Article paru sur le site du Nouveau Présent.

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