28 décembre 2020

En Espagne, les médecins s’opposent à la loi légalisant l’euthanasie

Par Euro Libertes

Par Olivier Bault.

L’euthanasie était une des grandes « avancées » sociales voulues par le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez soutenu en cela par ses alliés du parti d’extrême gauche Unidas Podemos, qui avait proposé un premier projet de loi en ce sens en 2017, suivi par un projet du parti socialiste espagnol (PSOE) en 2018.

Sánchez savait pouvoir compter aussi sur le soutien d’autres petits partis d’extrême gauche ainsi que du parti centriste ultra-progressiste Ciudadanos. Et c’est en effet avec une confortable majorité (198 voix pour, 138 contre et deux abstentions) que le projet de loi légalisant l’euthanasie en Espagne a été voté en dernière lecture le 17 décembre par le Congrès des députés. Seuls le Parti populaire (PP) de centre droit, les libéraux-conservateurs de Vox et les conservateurs navarrais (UPN) ont voté contre. Le vote au Sénat ne devrait pas poser de difficultés et l’euthanasie deviendra donc légale en Espagne d’ici au mois d’avril en dépit des protestations de l’opposition de droite et d’une partie de la société civile, dont une majorité de médecins.

Après le coup d’accélérateur parlementaire imposé le 15 décembre par le PSOE au moyen d’un tour de passe-passe procédural pour obtenir un vote avant Noël, le Conseil général des Collèges officiels de médecins, l’organe directeur de l’Ordre des médecins d’Espagne, s’est plaint de n’avoir été consulté à aucun moment pour la préparation de cette loi légalisant l’euthanasie. Les représentants du corps médical espagnol se sont inquiétés « des importantes questions non éclaircies », notamment en ce qui concerne l’objection de conscience que l’Ordre des médecins promet de défendre à tout prix. Les médecins ont aussi vigoureusement critiqué l’assimilation par la nouvelle loi de l’euthanasie à un acte médical.

C’est pourquoi les représentants de l’Ordre des médecins espagnol ont réitéré la semaine dernière leur exigence d’une loi globale sur les soins qui garantisse les meilleurs soins aux personnes souffrant de maladies graves fortement incapacitantes ou causant des souffrances insupportables, y compris en ce qui concerne les soins palliatifs et de fin de vie.

Mais pour cette loi, le gouvernement socialo-communiste de Pedro Sánchez ne s’est pas contenté de passer outre à l’opinion de la profession médicale puisqu’il n’a pas non plus tenu compte de l’avis rendu à l’unanimité par le Comité de bioéthique, organe consultatif du gouvernement espagnol, le 30 septembre dernier (voir « Espagne : les soins palliatifs préconisés » dans Présent du 23 octobre). Les douze membres du Comité de bioéthique ont en effet exprimé la crainte que « légaliser l’euthanasie et l’aide au suicide suppose de s’engager dans une dévalorisation de la protection de la vie humaine dont les limites sont difficiles à prévoir, comme le montre l’expérience d’autres pays ».

Cette victoire de la culture de mort a malgré tout suscité de belles initiatives du côté des défenseurs de la vie, faites pour durer, telle la campagne des « Vividores », c’est-à-dire les « profiteurs » ou « bons vivants ». Cette campagne consiste à relayer des témoignages de gens qui parviennent à vivre heureux malgré une grande souffrance.

En Espagne, sur environ 120 000 personnes qui requièrent des soins palliatifs, seule la moitié y a accès. Lors du vote du 17 décembre, le parti navarrais UPN a justement reproché à la loi sur l’euthanasie d’instaurer la gratuité totale de l’euthanasie pour le patient alors que les soins palliatifs ne bénéficient pas de la même faveur.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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