29 mars 2024

Bruits de bottes, quels moyens pour la France ?

Par article conseillé par EuroLibertés

NDLR : nous publions ci dessous l’analyse argumentée d’un officier sur l’état réel de notre armée, qui permet de comprendre l’absurdité totale de notre président bien aimé, qui pense qu’une gonflette « photoshoppée » est un acte de courage et de virilité.

Article publié sur le site Burdigala presse.

Ce qu’il est convenu d’appeler, sans la moindre ironie bien sûr, le « corps de bataille » de l’Armée française, dispose de 4 régiments de 54 Chars Leclerc, le reste de la dotation étant réparti entre l’ESAM (École du Matériel), l’EAABC de Saumur, le 1er RCA de Canjuers (formation de base des équipages) et la DGA (Délégation Générale à l’Armement). Chacun de ces régiments comprend 4 escadrons à 13 chars.
Nous serions donc, au moins en théorie, en mesure d’aligner 16 escadrons à 13 chars, soit 216 chars.
En théorie, car il faut bien sûr tenir compte d’un taux de disponibilité de 65% (et, à cet égard, connaissant d’expérience, pour, comme nombre de mes camarades, avoir moi-même contribué à les trafiquer, le crédit qu’il faut accorder à ces indicateurs de disponibilité, il est probable que le taux est surévalué) !
Notre corps de bataille serait donc réduit à … 140 chars et, à titre de comparaison, on se souviendra que la France, en mai 1940, alignait environ 3 700 Chars (il est vrai très mal exploités, Charles de Gaulle n’avait été ni écouté ni suivi), et, s’agissant ici d’entrer en guerre sur le terrain contre la Russie (!), on rappellera que, en juin 1941, l’Ostheer alignait 3 548 chars et que la bataille de Koursk (la plus gigantesque bataille de chars de l’histoire) mobilisa 8 000 chars.

Comment avons-nous pu en arriver là ? Les « dividendes de la paix » de Laurent Fabius ou la « fin de l’histoire » de Fukuyama n’y sont certes pas pour rien, non plus que les  soustractions laborieuses de nos brillants énarques de Bercy, mais, pour autant, j’avoue qu’il m’arrive parfois, lorsque mes camarades de promotion (ils sont pour la plupart généraux, l’Armée française ressemblant beaucoup à cet égard à l’armée mexicaine) se risquent à raconter leurs « campagnes », de les rappeler, en toute amitié bien sûr, à plus de modestie et de décence au regard d’une situation dont, gamelle oblige et leur silence (Discipline ! Que de lâchetés médiocres on commet en ton nom !) ayant valu acceptation, ils sont tout de même un peu responsables.

Certains journalistes, tenant compte du ratio courant combattants / supports propre aux armées modernes et constatant donc que l’Armée française ne pouvait aligner en première ligne que… 20 000 hommes (ce sont les derniers chiffres avancés par le CEMAT Pierre Schill), en déduisaient qu’elle ne pourrait tenir, en l’état, qu’un front de 80 km ; c’était à mon sens se montrer bien optimiste : toutes les armées du monde abordant l’ennemi sur deux échelons, notre première ligne, une fois entièrement déployée « en bataille », ne comprendrait que… 70 chars, correspondant, dans un dispositif (très) relâché, à un front d’une quinzaine de kilomètres, et on se souviendra à cet égard que, en Ukraine, la ligne de front est … d’un millier de kilomètres.
Encore le constat n’est-il ici que quantitatif. En effet, outre le fait que l’entraînement de nos unités blindées-mécanisées a été, contraintes budgétaires obligent, réduit à sa portion congrue (la priorité étant portée sur les OPEX), il faut bien constater que notre armée s’est sans doute laissée parfois griser par les succès un peu faciles mais tellement bien montés en épingle (il fallait bien cacher la misère) de récents conflits asymétriques (les mauvaises langues, à propos de la « guerre » du Mali, parlent parfois de « parties de chasse ») et le risque existe que nous soyons tombés, et Bazaine en était un bon exemple, dans les travers de nos généraux des années 1870, dont la seule expérience coloniale n’a pas
longtemps fait illusion confrontée à une armée allemande « industrialisée ».

C’est donc des unités sans expérience sérieuse de la haute intensité que nous opposerions à des unités russes qui ont tout appris de deux ans de conflit.

De qui notre Président se moque-t’il donc en proclamant d’un air martial « nous sommes prêts », rappelant le « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » de septembre 1939 ? A-t-il perdu tout sens des réalités ? Tout cela n’est pas sérieux et la seule réaction que ses rodomontades pourraient déclencher chez Vladimir Poutine est, éventuellement, le rire.

Pour autant, gardons-nous bien de « piquer l’ours russe » : nous avons déjà positionné un escadron de 13 chars Leclerc en Roumanie, nous avons sans doute détaché quelques Officiers dans les États-Majors OTAN bien à l’abri dans les bases américaines entourant l’Ukraine, sans doute avons-nous au sol quelques équipes de recherche du 13e RDP et quelques membres du SA de la DGSE, alors, restons-en là.

Rappelons-nous que la grammaire élémentaire de la dissuasion interdit absolument à deux nations « nucléaires » de s’affronter ouvertement, autrement que par proxy (la montée aux extrêmes clausewitzienne qui est l’essence de tout conflit armé étant impossible), et oublions donc notre projet fumeux d’envoyer la Légion à Odessa face aux infiltrations des Forces spéciales russes : les Spetznaz ne sont pas les terroristes d’AQMI, et, avant de vouloir remettre de l’ordre à Odessa, sans doute devrions-nous nous intéresser à certaines de nos grandes villes et à certains de nos Quartiers pudiquement qualifiés de non-droit.
Joël FRANCOIS
Saint-Cyr 69-71
Infanterie mécanisée (Escadron de chars AMX 13/90, Compagnie AMX 10 P)
joel.francois501@yahoo.fr

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