4 juillet 2016

Le récit effarant de la vie d’un émigré canadien

Par Euro Libertes

Nous avons reçu le récit de l’expérience qu’a vécu Jean-Sébastien, un Canadien installé depuis 10 ans dans les environs de Paris. L’époque où Michel Mallory chantait « Le cowboy d’Aubervilliers » semble bel et bien révolue.

Son témoignage nous montre  l’état de déliquescence de certains territoires français. De tels  territoires vont de plus en plus se multiplier,  et dans toute l’ Europe.

Il n’est plus minuit moins une, mais minuit trente !

Je suis un ressortissant Canadien français de 47 ans, admirant la culture française depuis l’enfance, ce qui m’a poussé à m’y installer en 2003, pour exercer ma profession dans les métiers de l’image (montage-vidéos, photographie).

En 2006, j’ai choisi de vivre en Île-de-France, en particulier dans la ville d’Aubervilliers où j’ai trouvé l’espace idéal pour créer un lieu d’échange d’art et de vie en n’utilisant que des matériaux innovants sur le plan écologique, me permettant de m’épanouir personnellement et professionnellement.

En tant que Québécois fraîchement arrivé, je ne connaissais ni les codes de classes sociales, ni les problématiques des banlieues, ni la politique , de la ville d’Aubervilliers qui, à ma plus grande surprise, a qualifié mon projet de «spéculation immobilière» alors que mon but était d’apporter quelque chose, d’attirer des gens de l’extérieur, bref d’amener des professionnels de l’image à travailler à Aubervilliers.

Ma vie d’Albertivillarien s’est rapidement transformée en cauchemar. Depuis 2006, au lieu de consacrer mon énergie à la réalisation de mon projet, je passe mon temps à pallier aux graves dysfonctionnements de la ville. On m’avait prévenu qu’il ne fallait pas que je m’installe là. Mais n’ayant jamais été confronté à ces problématiques au Québec, je n’en ai pas pris la juste mesure et cela me pourrit la vie depuis 10 ans. Aubervilliers est une ville à l’abandon, dans une vrai situation de pourrissement, ce qui m’oblige, si je veux y rester, à faire le travail qui incombe normalement à la commune. C’est un travail à temps plein et une tension intérieure qui ne me permet aucune autre activité.

Voici les problèmes que j’ai rencontré et les alertes que j’ai données.

Je reste étonné qu’une ville qui touche Paris accumule autant de problèmes. Pourquoi Aubervilliers se retrouve avec 50 kebabs par rues ? Pourquoi elle ne laisse pas la Police régler les problèmes ? Pourquoi une ambiance constante d’insécurité et d’anarchie ? Pourquoi tant de saleté ? Pourquoi les fonctionnaires incompétents ne sont jamais embêtés ? Pourquoi durant le mois d’août la ville est laissée à elle même d’où l’impossibilité de partir en vacance sans laisser une personne chez soi ? Pourquoi la ville compte environ 450 offres d’alcool dont 200 licences IV (40 de trop) ? Pourquoi la Police ne dispose que d’une seule voiture la nuit(1)  ? Pourquoi la ville de Pantin est mieux structurée face à ces questions ?
J’ai travaillé sans relâche sur ces dossiers avec la Police Nationale, la préfecture de la Seine-Saint-Denis, le Préfet de Paris, la police municipale et la mairie d’Aubervilliers. Ayant fait 4 ans dans la Marine Canadienne, il est normal pour moi de servir les pouvoirs régaliens de l’État, mais là, ça fait beaucoup… !
Au regard de tout ce que j’ai pu voir et expérimenter, l’avertissement qu’on m’avait donné à l’époque, de ne pas m’installer à Aubervilliers m’apparaît des plus pertinents. Les gens qui réfléchissent comme moi, qui ont les mêmes principes que moi, ne veulent pas s’installer ici et je les comprends.

Je suis arrivé avec un état d’esprit de tolérance il y a 15 ans. Aujourd’hui, je glisse dans l’intolérance de l’autre par rapport à certaines populations très mal éduquées. J’en viens à espérer la pluie chaque jour à cause des dealers, voyous, et badauds insignifiants qui occupent la voie publique et font hurler leurs radios de voiture toutes les nuits du printemps à l’automne. La France m’a rendu très méfiant des pouvoirs régaliens, choses que j’aurais aimé ne pas connaître. Il y a pourtant des ressources en France. La ville d’Aubervilliers a un très fort potentiel mais on ne donne peut être pas les moyens aux bonnes personnes pour agir, ce qui est incompréhensible. La ville changera peut être par des actions individuelles un peu comme la mienne mais multipliées à l’ensemble des citoyens.

C’est pourquoi, je vous confie mon histoire, celle d’un homme qui aime la France pour sa richesse culturelle et ses savoirs faire, mais la déteste à cause de sa mollesse due à une politique immorale et suicidaire.

(1) « Il est de notoriété générale que l’efficacité de la police n’est pas la même dans les beaux quartiers de l’ouest de la capitale, où le moindre délit fait l’objet d’une enquête minutieuse, et les arrondissements moins aisés du Nord-Est, où la force publique tolère un certain nombre de trafics (drogues, prostitution) ainsi que des actes violents (dont les «guerres» entre bandes). La puissance publique porte aussi une lourde responsabilité du fait de ses nombreuses inerties et renoncements dans tous les domaines, révélateur d’une crise plus globale de l’autorité de l’État 2» (Le Figaro, Laurent Chalard, mai 2016).

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ANNEXES

1 – L’immeuble voisin sur ma droite

– Signaler les 3 ateliers clandestins qui s’y trouvaient, y faire aussi cesser la mécanique sauvage et les dégradations, affronter les violences physiques et verbales.

– Signaler, régulièrement et durant 5 ans aux services les déposes sauvages devant chez moi. Endurer insultes et menaces lorsque je demandais au marchand de sommeil de ne pas laisser ses gravats devant l’immeuble, sans que jamais celui-ci ne soit verbalisé.

– Signaler, aux services de l’hygiène de la décrépitude des bâtiments. Une réhabilitation des 2 deux édifices a finalement été proposée, contraignant le marchand de sommeil à faire des travaux… À cette occasion j’ai été gratifié de 10 jours d’ITT et blessures volontaire de la part du marchand de sommeil, sans que celui-ci ne soit poursuivi. La petite phrase récurrente du marchant de sommeil était : « Si t’as un problème va voir la mairie ! » laissant sous entendre qu’il était couvert…

2 – Le bâtiment voisin sur ma gauche

– Un promoteur du 16e arr. de Paris, s’est vu accorder par la mairie l’autorisation de créer 4 logements sociaux, alors même que le bâtiment n’était pas en zone d’habitation, construits sans isolation phonique, carrelage à même le béton, sans fenêtres, avec seulement des vélux en toiture pour les entrées de lumière et d’air frais, je ne comprends toujours pas pourquoi de tels logements existent et pourquoi la mairie a laissé faire.

– À cause des travaux entrepris par le promoteur, le mur que nous avions en mitoyenneté s’est effondré sur notre verrière. Nous avons été évacué par les pompiers, ma femme et moi, en pleine nuit en janvier 2007. Le propriétaire n’avait pas encore son permis de construire, il n’a pas été inquiété par la mairie. Nous sommes restés deux ans sans toiture, le temps que les assurances nous permettent la réparation. Je ne pouvais pas travailler. Le manque à gagner a été très important.

– Le promoteur des logements sociaux a créé au rez-de-chaussée un local commercial, exploité successivement par des restaurants et une association religieuse africaine. Une hotte d’extraction des fumées nocives a été installée en dépit de tout bon sens. Celle-ci pollue les locataires (et notre habitation) puisqu’elle donne directement sur les vélux. Malgré mes nombreux signalements à la mairie durant 5 ans, j’ai toujours été renvoyé au privé (les services d’hygiène de la mairie m’ont simplement offert une étude de qualité de l’air intérieur de mon habitation, ce que j’ai refusé).

– J’ai dû lutter plusieurs années pour faire déloger l’association religieuse africaine (violence volontaire à mon encontre de la part du gardien, condamné à une amende de 300 euros) et les 2 bars-restaurants africains (précédant et suivant l’association religieuse) qui causaient des nuisances incessantes dans une zone comptant déjà 5 offres d’alcool (dans un rayon de 50 mètres d’une synagogue !)… Je n’ai toujours pas compris pourquoi la mairie a octroyé 2 licences III à cet endroit, malgré la loi et mes mises en gardes à répétition … (article de loi, + loi Royale-Guigou)
– J’ai assisté, impuissant, à la spoliation d’une voisine sans défense, le promoteur du 16e ayant obtenu le droit de créer une ouverture sur sa cour, sur simple déclaration de travaux… Il faut voir aujourd’hui dans quel état de décrépitude est l’ouverture !
Ce propriétaire s’est permis cette petite phrase : « On n’est pas au Canada ici. »

3 – Le quartier

– Agression sur ma femme en 2007, devant un bar sur ma rue, par deux jeunes en scooter. Elle est trainée sur le bitume plusieurs mètres par les cheveux. La Bac arrive, le gérant du bar et les badauds donnent des indications contraires aux policiers et s’en amusent… Ce bar est fermé depuis 1 mois et exproprié… après 5 ans de procédures et d’enquêtes policières.

– Cerné par les 5 offres d’alcools, je ne peux entrer et sortir librement de mon garage. Les stationnements abusifs, les incivilités et agressions verbales et menaces physique font que j’ai décidé de stationner mon véhicule devant mon garage (bateau construit à mes frais). Pendant ces années, la police municipale nous verbalise.

– J’ai alerté la police municipale de l’installation d’un camp de roms, sur un terrain vague juxtaposant d’une synagogue à 16 mètres de notre habitation. Fait dans les temps (dans les 72 heures), l’expulsion a pu se faire.

– J’ai signalé les barbecues sauvages qui s’installaient chaque week-end durant juillet et août sur le terrain de foot à 50 mètres de chez moi. Ils urinaient sur la voie publique, enfumaient le quartier et faisaient du bruit toute la nuit (musique, hurlements, etc.). Le terrain de foot va être déplacé et remplacé par un ensemble d’immeubles.

– Signalé aussi les stationnement en triple files et les accidents à répétition (quasi hebdomadaires) à l’intersection de ma rue (une anarchie qui existait depuis 1984). J’ai pu obtenir plus tôt que prévu le réaménagement de l’intersection. La situation s’est nettement améliorée.

– Signalé encore les auvents de commerces fermés depuis longtemps, dont certains rouillés et cassés volent au vent et peuvent présenter des dangers pour les passants. La mairie nous envoie au privé… Normalement les commerces sont tenus de payer quelque chose à la mairie pour les auvents. Apparemment pas à Aubervilliers. Pourtant la mairie avait lancée en 2013, une charte d’embellissement des façade des commerces de la ville…

– J’alerte aujourd’hui la police de la confiscation de l’espace public par des dealers qui se croient au pied d’une cité alors que ce n’est pas le cas. Dotés de chiens Pitbulls sans muselière ni laisse, ils cherchent à imposer leur loi en nous menaçant. Ces gamins nous proposent leur protection…

4 – La ville

– Pour avoir la fibre optique, j’ai dû mandaté un installateur privé (avec facture de 4000 euros). L’implantation de la fibre sur la ville est très en retard en comparaison avec Paris. L’OPHLM avait laissé trainé les dossiers avec les opérateurs historique (SFR, Orange, Free)…

– Intimidation du personnel de la Mairie qui ne se privent pas de nous dire que si nous les dérangeons, ils nous chercherons des ennuis…« Omerta » un sentiment pesant d’impunité sur la ville d’Aubervilliers, quelques « anciens » élus considèrent qu’ils ne doivent pas collaborer avec la Police Nationale… rejet du droit de propriété ;

– J’avais personnellement insisté auprès de la rédactrice en chef du journal local l’Aubermensuel pour faire parler du projet Impulse (un projet Européen de rapprochement police/population) ;

– La ville fait face à des incivilités constantes, violences, abus de pouvoir, spoliations , incompétences, vols à la portière, prédations, déprédations, populations résignées qui ont abandonné tout combat.

Jean-Sébastien

Publié également sur Riposte Laïque

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Philippe Randa,
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