4 janvier 2022

Folies, démons et maladies dans l’Antiquité grecque et biblique

Par Fabrice Dutilleul

Entretien avec Patrick Négrier, auteur de Folies, démons et maladies dans l’Antiquité grecque et biblique aux éditions Dualpha.

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul, publiés sur le site de la réinformation européenne Eurolibertés).

Patrick Négrier.

« Mon livre rejoint à sa façon
le travail effectué par le mouvement moderne de l’antipsychiatrie
qui, sur le plan théorique, s’était avec raison dressée
contre les aberrations de la psychanalyse
notamment freudienne et lacanienne »

Quelle drôle d’idée de s’intéresser à un tel sujet sur les Folies, démons et maladies dans l’Antiquité grecque et biblique

Nous sommes tous, à des degrés divers, affectés par des déséquilibres psychiques qui provoquent en nous des maux somatiques ; et ce problème personnel, qui est aussi universel, appelle chacun de nous à en prendre conscience pour y trouver une solution et le résoudre. Or par inclination naturelle autant que par raison, je ne suis pas porté à résoudre les problèmes psychiques et psychosomatiques en recourant au médecin, au psychologue, au psychanalyste ou au psychiatre, mais en recourant à la pratique de l’activité philosophique, c’est-à-dire à la tentative rationnelle pour comprendre les causes des déséquilibres psychiques et des troubles psychosomatiques. Or, c’est précisément en faisant ce travail qu’on entrevoit que ces causes, loin d’être uniques et propres à son cas personnel, sont les produits et les reflets de phénomènes universels qui irradient la société entière. Ce qui fait en fin de compte de la tentative pour comprendre les causes de ses propres maux psychiques et psychosomatiques une porte ouverte sur la prise de conscience des causes sociales de ces maux, et à travers cela une porte ouverte sur certains éléments ou aspects de la vie humaine en société, ce qui nous introduit directement dans l’activité elle-même de la philosophie qui, rappelons-le, consiste d’abord à prendre conscience de l’intelligibilité de l’ensemble des aspects ou éléments de la vie humaine.

Pourquoi ne pas tenter de résoudre les problèmes psychiques et les maux psychosomatiques en recourant aux médecins, aux psychologues, aux psychanalystes et aux psychiatres ?

La raison en est simple : psychologues, psychanalystes et psychiatres commettent l’erreur de concentrer l’attention du sujet principalement sur lui-même, alors que le moi qui souffre de déséquilibres psychiques et de maux psychosomatiques ne peut guérir qu’en comprenant, au-delà de son cas particulier, les causes de ces déséquilibres et de ces maux qui, affectant chacun et tous, remontent à des causes universelles dont la compréhension relève du travail philosophique plus que des simples disciplines psychologiques. Déjà en 1956 dans De la Connaissance de soi, Brunschvicg reprochait à ses contemporains de pratiquer une introspection qui se réduisait à une « analyse égocentrique », et en 2014, dans son Sénèque, Ilsetraut Hadot dénonçait avec raison le caractère borné et les insuffisances des « psychanalyses narcissiques ». Mon livre s’inscrit dans le sillage de ces maîtres.

Mais alors pourquoi avoir traité de ces problèmes et de leur solution philosophique en abordant la question des folies, des démons et des maladies telle qu’elle s’était posée dans les Antiquités grecque et biblique, et non comme elle se pose dans l’Occident contemporain ?

Les déséquilibres psychiques et les maux psychosomatiques dont nous souffrons aujourd’hui sont grosso modo et très probablement les mêmes que ceux des anciens Grecs et Israélites. La différence entre notre époque et l’Antiquité est que cette dernière représente un modèle thérapeutique en ce qu’elle confia la résolution de ces problèmes à la mise en œuvre d’une activité philosophique, alors que, depuis le XIXe siècle, notre Occident s’est vu submerger par une vague de psychologie et de psychanalyse dont les méfaits théoriques et pratiques nécessitent que nous nous en détournions pour en revenir à un autre type de médication : celle que les anciens Grecs et Israélites entrevoyaient avec raison dans la tentative personnelle pour comprendre sa propre vie et, à travers elle, celle de tous les humains. On ne soigne pas les folies en recourant aux médicaments, mais à la philosophie. Comme le disait Jan Patočka en 1946 dans son cours sur Socrate : « Le médicament, c’est le logos ».

Tout le monde est-il capable de conduire cette réflexion sur sa propre vie, et au-delà sur la vie commune à tous ?

Parmi l’ensemble des personnes affectées par des troubles psychiques et psychosomatiques, un certain nombre d’entre elles peuvent et devraient recourir non aux ressources de la médecine et de la psychanalyse, mais aux pouvoirs éclairants et, partant, curatifs de l’activité philosophique ; rappelons-le, celle-ci n’est pas une spécialité réservée à certains individus, mais une capacité et un devoir normal propre à tout être humain dont la vie même requiert qu’il exerce l’ensemble de ses facultés pour la comprendre et en conséquence y adapter son comportement.

D’autres penseurs que vous ont également proposé de soigner les déséquilibres psychiques et les maux psychosomatiques en entamant une réflexion rationnelle sur leur propre vie et au-delà sur la vie humaine en général. Qu’est-ce qui différencie votre ouvrage de ceux d’autres auteurs dont la pensée était analogue à la vôtre ?

Mon livre ne se différencie des autres ouvrages de thérapeutique philosophique que par sa tentative pour éclaircir les principes épistémologiques traditionnels que chacun devrait mettre en œuvre pour se comprendre et comprendre à travers soi la vie humaine en général. Par-delà cette caractéristique, mon livre rejoint à sa façon le travail effectué par le mouvement moderne de l’antipsychiatrie qui, sur le plan théorique, s’était avec raison dressée contre les aberrations de la psychanalyse notamment freudienne et lacanienne : je pense par exemple à « l’analyse existentielle » selon Ludwig Binswanger (1881-1966) étudiée par Michel Foucault, ainsi qu’à la « schizo-analyse » selon Félix Guattari et son Anti-Oedipe de 1972 qui abordait la thérapeutique des psychés sur la base d’une critique philosophique des facteurs socio-économiques et politiques du territoire, de l’État, et du capitalisme. Sur ces différents points, mon livre propose de manière analogue d’œuvrer à la guérison des maux psychiques non pas en se rendant chez le médecin ou chez le psychanalyste, mais en exerçant sa propre rationalité et en l’appliquant aux objets que sont les diverses composantes de sa propre existence, et de sa propre vie.

Folies, démons et maladies dans l’Antiquité grecque et biblique, Patrick Négrier, éditions Dualpha, 256 pages, 27 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

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