Le populisme n’est pas Hofer sur un plateau
Beaucoup verront l’année 2016 comme l’année du sursaut des peuples, annonçant, par là même, telle une providentielle hirondelle, le réveil d’iceux et leur lente, mais inéluctable sortie de la gangue politico-médiatique dans laquelle l’Établissement éponyme les tient en hibernation forcée depuis si longtemps.
Si les quatre pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, Slovaquie et Tchéquie) ont donné le « la », si les scores électoraux du Front national français ont atteint des niveaux jamais atteints du temps de son fondateur, si le Brexit a été ressenti comme un séisme de forte magnitude jusqu’aux couloirs feutrés des chancelleries européennes, si l’élection de Donald Trump est apparue comme une affreuse divine surprise dans les mêmes cénacles européo-mondialistes, si la victoire d’une candidate estampillée populiste « 5 étoiles » à la mairie de Rome fut interprétée comme l’évènement d’une nouvelle génération d’élus, que penser de l’échec de Norbert Hofer en Autriche, dimanche dernier (lequel occulta, dans le même temps médiatique, le plébiscite anti Matteo Renzi en Italie, provoquant sa démission du Conseil des ministres) ?
D’abord, qu’une myriade d’hirondelles ne fait évidemment pas le printemps, même si, beaux joueurs, les zélateurs – en France et en Autriche – du candidat malheureux claironnent qu’ils prendront leur revanche aux élections législatives de 2018, scrutin bien plus décisif que cette élection présidentielle réduite, pour les besoins de la cause, à une simple anecdote. On se console, évidemment, comme on peut de part et d’autre du beau Danube bleu…
Ensuite, qu’il convient de ne jamais sous-estimer la résilience de l’Oligarchie. Depuis l’annulation de la première élection qui vit la très courte victoire du « vert » Alexander Van der Bellen, la caste médiatique y est abondamment allée dans la désinformation et l’intoxication d’un peuple qui avait, alors, tenté de s’extraire de sa dormition.
Précisément, et c’est le troisième enseignement de cette élection, la question reste posée du recours aux peuples pour sortir définitivement les inoxydables sortants qui ont fait de notre continent le désolant no man’s land politique, économique, social et culturel qu’il est devenu, en quarante ans. En d’autres termes, la démocratie est-elle véritablement la voie idoine de la renaissance populiste ?
L’on mesure que ces propos heurteront les nationaux-populistes que la plupart font profession d’être dans la vaste mouvance nationale et patriote. Pour certains, ils seraient même la marque d’une hérésie, sinon d’une apostasie populophobe rembarrant l’auteur de ces lignes dans le cercle obstrué des idiots utiles de l’oligarchie.
Pourtant, le problème mérite d’autant plus d’être formulé que le populisme électoral prend le risque de s’abîmer dans une impasse qui signerait son arrêt de mort. En l’occurrence, ce serait une tragique erreur que de s’en remettre à la masse pour faire poids. L’industrie de l’hébétude, l’individualisme hédoniste, le consumérisme d’accumulation et le fétichisme de la marchandise semblent avoir eu raison, en peu d’années, de la conscience collective européenne. La perte de sens du destin comme du tragique ont plongé les peuples d’Europe dans un état de léthargie proche du coma végétatif.
Pour le dire autrement, il n’est nullement assuré que s’il faille nécessairement aller au peuple, ce dernier soit son meilleur défenseur. L’Être du peuple appelle le principe du chef…
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Philippe Randa,
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