Pedro Sanchez et le PSOE vont-ils sombrer ?
par Michel Festivi
L’Espagne est en ébullition. Les lecteurs de Présent savent que le gouvernement socialo-communiste minoritaire ne tient que grâce aux marchandages permanents avec les plus extrémistes des députés catalans de L’ERC et des cinq députés basques de Bildu qui sont la vitrine politique des anciens terroristes de l’ETA, quoi qu’ils en disent. Or le 18 avril, les Espagnols ont découvert que leur gouvernement, par l’intermédiaire des services de sécurité, avait fait mettre sur écoute, grâce au système israélien Pegasus, certains leaders indépendantistes. C’est l’organisation canadienne Citizen Lab qui aurait révélé cet espionnage d’une soixantaine de séparatistes selon elle.
Lorsque les choses ont été découvertes, Sanchez a rétorqué pour sa défense, que lui aussi ainsi que Margarita Robles, la ministre des Armées, avaient vu leurs téléphones portables écoutés par ce même procédé. Or les spécialistes ont aussitôt réagi en affirmant que Sanchez et sa ministre ne pouvaient que connaître cet espionnage les concernant que de longue date précédemment, ce qui rendait ce moyen de défense inopérant.
Le Premier ministre, qui ne peut que donner des gages à ses sulfureux alliés sous peine de sombrer, vient de limoger la patronne des services secrets, Paz Esteban, qui se défend en proclamant que tout cela aurait été fait avec l’aval de la justice, et pour 18 personnes. Elle vient d’être remplacée par Esperanza Llamazares, l’actuelle numéro 2 du ministère de la Défense.
Commission d’enquête
Sanchez a alors été contraint de nommer une commission d’enquête, où figurent des représentants de L’ERC et de Bildu, qui vont ainsi avoir accès à des dossiers ultrasensibles classés secret-défense, ce qui pourrait mettre en péril la sécurité du pays. Ces derniers viennent d’ailleurs au parlement de refuser de voter la loi de sécurité nationale présentée par les socialistes. Quant aux écoutes dont Sanchez et Robles ont été les victimes, elles proviendraient des services secrets marocains, qui étaient vent debout contre le gouvernement espagnol pour avoir un temps, avant de rétropédaler, accueilli des leaders sahraouis, créant d’inextricables difficultés diplomatiques avec le Maroc. Ce dernier n’avait pas hésité, en représailles, à ouvrir toutes grandes les vannes de l’émigration vers les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta qui avaient été submergées, obligeant Sanchez à faire marche arrière, se mettant alors à dos le gouvernement algérien, soutien traditionnel des Sahraouis. Récemment, Sanchez a été reçu par Mohammed VI pour toute une série d’accords économiques.
Nous en sommes là. Les récentes enquêtes d’opinion révèlent que le PSOE plie mais ne rompt pas, et s’il perd du terrain par rapport aux législatives de 2018 et que le PP progresse, les deux partis sont au coude-à-coude en nombre de voix et de sièges, et ce aussi malgré l’inflation galopante des prix de l’énergie.
Vox, lui, améliorerait ses scores. Si ces prévisions devaient se vérifier, le PP ne pourrait obtenir la majorité absolue sans l’apport de Vox, car les centristes s’effondrent parallèlement. Mais encore faudrait-il que le PP cesse « sa danse du ventre » avec le PSOE et indique clairement qu’il est prêt à gouverner avec Vox et à ne pas tenter d’amadouer les socialistes en sollicitant leur abstention « bienveillante » sur certains votes, ce qui constituerait une tambouille politicienne infâme.
Pour l’instant, le PP se complaît dans une nébuleuse ambiguïté. Rendez-vous le 19 juin pour le résultat des élections régionales andalouses, nous en saurons plus.
Michel Festivi avocat honoraire, ancien bâtonnier de l’Ordre (1995-1996), ancien membre du Conseil de l’Ordre, a été associé jusqu’au 31 décembre 2018. Il est l’auteur du livre Les trahisons des gauches espagnoles (éditions Dualpha), 226 pages, 23 euros. Pour commander ce live, cliquez ici.
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