L’Allemagne, un pays comme les autres… définitivement ?
Depuis les élections du dimanche 13 mars 2016 et la percée du parti Alternative pour l’Allemagne (AFD), unanimement autant qu’abusivement catalogué droite « extrême » parce que s’opposant à l’accueil des migrants extra-européens, le landernau politique européen est en émoi ; en effet, il était entendu que l’Allemagne n’était pas un pays comme les autres… et surtout qu’il lui était interdit de le redevenir. La défaite militaire de son IIIe Reich, la diabolisation du régime national-socialiste et le rappel incessant, depuis soixante-dix années maintenant, de ses crimes, était sensé marquer à jamais la patrie de Goethe au fer rouge de l’opprobre politique.
Ne lui était toléré qu’une certaine et jugulée puissance économique, et à toutes vélléités d’indépendance, lui était rappelée, comme une impitoyable épée de Damoclès citoyenne, son diabolique passé.
Las ! En quelques années, ce pays s’est progressivement libéré de l’insupportable carcan de l’éternelle repentance. D’abord par sa réunification en 1990, obtenue au grand dam de la France et achetée au prix le plus le plus fort par la parité du Mark est-allemand (négocié à l’époque à un niveau bien inférieur sur le marché libre) avec celui de l’ouest qui devait sinon ruiner, du moins l’affaiblir durablement… Mais plus encore par l’acceptation de la future monnaie unique, l’Euro… La riche Allemagne n’était plus divisée, mais allait être économiquement étranglée.
Les thuriféraires de la mondialisation, notamment anglo-saxons, déchantèrent rapidement : l’Allemagne mit quelques années à digérer sa réunification, ce qui n’était peut-être pas gagnée d’avance comme l’avait sans doute espérée certains… Elle redevenait ainsi, rapidement, plus puissante économiquement que jamais, mais restait néanmoins un nain politique… et le serait sans doute restée longtemps encore, si les événements ne s’étaient précipités en 2015 : l’invasion migratoire de l’été offrit une occasion inespérée à la chancelière allemande de rebattre les cartes brutalement : en ouvrant l’Allemagne aux pseudo-réfugiés syriens – en réalité à une immigration économique multinationale – et prenant ainsi de court tout le monde, elle rachetait – soldait ? – le passé nazi de son pays. Définitivement ? On peut l’envisager désormais.
Certes, son parti, la CDU, a essuyé une défaite électorale ce dimanche 13 mars 2016, mais l’irruption électorale d’un parti populiste menace-t-elle réellement la chancelière ? La CDU reste le premier parti d’Allemagne et son principal rival, le socialiste SPD, tout comme la gauche plus radical de Die Linke et les écologistes des Grünen, sont tout autant en net recul.
Habituée des coalitions gouvernementales – tout comme les Français le sont désormais à la cohabitation entre PS et Républicains – Angela Merkel va donc pouvoir continuer de gouverner sans véritable menace électorale immédiate…
Et gouverner une Allemagne qui a désormais son parti populiste, à l’image de la plupart des autres pays européens… Façon de montrer, finalement, qu’elle est désormais une Nation comme les autres.
Définitivement ?
Philippe Randa, écrivain et éditeur, dirige le site de réinformation européenne EuroLibertés.