La jeunesse au pouvoir
La jeunesse au pouvoir est le titre de l’excellent essai de Julien Langella paru en 2015 aux Éditions du Rubicon. C’est aussi la constatation récente d’un renouvellement européen inouï des générations en politique alors que s’aggrave paradoxalement le vieillissement de sa population. Évoquons les 31 ans du conservateur Sebastian Kurz, le futur chancelier autrichien. En dehors d’Emmanuel Macron âgé de 39 ans, la précocité gouvernementale revenait auparavant au Premier ministre grec Alexis Tsipras (43 ans) et à l’Italien Matteo Renzi (42 ans) pour l’heure déchargé des affaires publiques.
Après plusieurs décennies de routine, l’histoire s’accélère et écarte les quinquagénaires afin de favoriser l’accès au pouvoir de quadragénaires, voire de trentenaires : la présidente estonienne Kersti Kaljulaid (47 ans), le président polonais Andrzej Duda (45 ans), le Premier ministre canadien Justin Trudeau (45 ans), le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel (44 ans) et le Premier ministre fédéral belge Charles Michel (41 ans). Ils apparaissent cependant comme de presque seniors par rapport à de nouveaux responsables tels le Premier ministre irlandais Leo Varadkar (38 ans) ou, hors champ occidental, le Maréchal coréen Kim Jong Un (34 ans).
La prime à la juvénilité revient néanmoins à la République de San Marin, cet État enclavé en Italie. Du 1er avril au 1er octobre dernier, l’un des deux capitaines-régents de la République, soit l’équivalent de chefs d’État, n’avait que… 29 ans : Vanessa D’Ambrosio. Celle-ci vient d’être remplacée par Enrico Carattoni (32 ans).
Cette vague atteint aussi les dernières monarchies européennes. Après les abdications en série de la reine Beatrix des Pays-Bas, du roi Albert II de Belgique, et du roi Jean-Charles d’Espagne, plusieurs héritières sont adolescentes : la princesse des Belges Elisabeth (15 ans), la princesse de Norvège Ingrid Alexandra (13 ans), la princesse néerlandaise d’Orange Catharina-Amalia (13 ans), et la princesse espagnole des Asturies Leonor (11 ans).
Remarquons toutefois que les grandes puissances s’exemptent de cette cure de jouvence : l’Allemande Angela Merkel et le Turc Recep Tayyip Erdogan ont respectivement 63 ans (mais ils gouvernent depuis plus d’une décennie), le Chinois Xi Jinping 64 ans, le Russe Vladimir Poutine 65 ans, l’Indien Narendra Modi 67 ans et l’Étatsunien Donald J. Trump 71 ans ! Forts de leur expérience (à l’exception d’un seul, invertébré, « tweetocompulsif » et plutôt limité), ils observent avec placidité l’émergence de ces « jeunes pousses ». Le Vieux Monde oligarchique s’offre de nouveaux visages qui appliquent des pratiques politiciennes périmées constamment ratées.
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Cette chronique hebdomadaire du Village planétaire a été diffusée le 27 octobre 2017 sur Radio-Libertés.
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