11 janvier 2023

Espagne : 2023 une année électorale cruciale sous le signe du chiffre trois

Par Michel Festivi

2023 va être pour l’Espagne, ses municipalités et ses communautés autonomes, une année électorale capitale. Le gouvernement socialo-communiste espagnol piloté par le socialiste le plus sectaire de ces dernières années, Pedro Sanchez, gouvernement qui allié aux révolutionnaires indépendantistes catalans de l’ERC, et des basques de Bildu a réussi contre toute attente à se maintenir depuis 2018, ce que les observateurs les plus avisés n’avaient pas prédit, va remettre son avenir politique en jeu cette année.

Car, pour le plus grand malheur de l’Espagne et des Espagnols, ce gouvernement des plus hétéroclites, surnommé « gouvernement Frankenstein » par le socialiste plusieurs fois ministre, Alfredo Pérez Rubalcaba, a multiplié les lois attentatoires à la démocratie et aux libertés, comme les lois mémorielles sur la réécriture de l’Histoire de la guerre civile, ou des lois sociétales des plus iniques, comme celle qui a quasiment blanchi des délits de sédition ou de malversation, ceux des indépendantistes basques ou catalans, ou des socialistes, qui avaient été condamnés par la justice, parfois et à juste titre très sévèrement (D’ailleurs, à ce propos, jamais l’Union Européenne n’a même envisagé de tenter de remettre en cause ces lois qui battent en brèche la séparation des pouvoirs, et qui organisent le totalitarisme de la pensée, comme elle sait pourtant si bien le faire à l’encontre de la Hongrie ou la Pologne).

Une autre loi a également provoqué un énorme débat en Espagne, c’est la loi surnommée « solo un si es un si », et qui a en réalité permis à plusieurs centaines de condamnés pour viols ou agressions sexuelles, de bénéficier d’importantes remises de peines et d’être libérés par anticipation, car ce texte en réalité, sous couvert de mieux protéger les femmes, a prévu des sanctions moins sévères, qui doivent profiter immédiatement aux condamnés, cherchez l’erreur !

Autre loi des plus scandaleuses, la fameuse loi « trans », qui permet à tout adolescent, dès 16 ans, de changer librement de sexe avec les formalités d’état civil qui vont avec, et ce sans accord parental lors d’un simple rendez-vous avec l’administration. Entre 14 et 16 ans, il faudra l’accord parental, et à partir de 12 ans, l’accord d’un juge. Ce projet de loi a provoqué une fracture entre le PSOE et Podemos, qui l’a finalement emporté, menaçant de retirer son soutien indispensable à Pedro Sanchez qui s’est couché devant les oukases des communistes.

En réalité et vous l’avez compris, étant minoritaires, les socialistes du PSOE et les communistes de Unidas-Podemos ont dû aussi accorder aux révolutionnaires indépendantistes Basques et Catalans qui les soutenaient, tout ce qu’ils revendiquaient ou presque, brisant ainsi l’Unité de l’Espagne et ravivant les flammes totalitaires du passé front populaire des années 1930, que quarante années de régime franquiste avaient surmontées (en 1975 l’Espagne était la neuvième nation industrielle du monde, et avait connu une augmentation considérable du PIB). On a pu parler alors « du miracle espagnol ».

Ensuite, à la mort du Caudillo en novembre 1975, la transition démocratique, grâce justement à ces quarante années de prospérité et de calme et grâce à des hommes politiques venant essentiellement du franquisme, a pu donner à l’Espagne une nouvelle ère d’expansion, reprise dans le fameux concept de « movida », sauf à devoir lutter drastiquement contre le terrorisme de l’ETA qui a ensanglanté le pays.

Un écrivain et essayiste espagnol, Alberto Gil Ibañez avait écrit une tribune le 25 mars 2021 dans le journal de centre-droit El Español sous ce titre, « les coûts de l’obsession antifranquiste » : « pourquoi ne pouvons-nous pas être fiers du miracle économique espagnol qui s’est produit dans les années 1960 ? … nous devons mettre en évidence, les réalisations positives de la société espagnole de cette seconde moitié du XXe siècle… à qui profite la création d’une légende noire du régime franquiste ? Pas à l’Espagne ou aux Espagnols… ». Et un historien espagnol antifranquiste, Antonio Dominguez Ortiz, avait quant à lui dans un livre intitulé, España : tres milenios de historia, indiqué ni plus ni moins que : « pendant l’époque de Franco, l’Espagne a connu la plus vaste, la plus profonde et la plus positive transformation de toute son histoire. ». C’est tout cela que veulent annihiler les lois mémorielles socialo-communistes séparatistes, en voulant effacer la mémoire historique du pays, pour mieux manipuler les Espagnols.

Tout va être effectivement remis en cause par la conjonction de deux phénomènes parallèles, et bien souvent observés notamment aussi en France. D’une part, l’indigence idéologique et politique du centre-droit représenté ici par le Parti Populaire et son chef d’alors José Maria Aznar, puis par Mariano Rajoy, qui se sont ralliés aux doxas des gauches et ont abandonné aux gauches l’histoire et la pensée, et par l’exacerbation révolutionnaire des socialistes emmenés tout d’abord par le calamiteux José Luis Zapatero, puis par le fanatique Pedro Sanchez. Le PSOE a délibérément abandonné toute notion de social-démocratie, ce qui était encore la règle sous Felipe Gonzalez, pour se jeter à corps perdu dans l’extrémisme le plus échevelé, aidé en cela par l’impéritie du PP, toujours prompt à rejoindre les gauches sur le terrain sociétal.

C’est ainsi qu’en 2013, plusieurs déçus du PP emmenés par Santiago Abascal, ont créé un parti anti-immigrationniste, défendant la famille et les enfants, et appelant à l’unité de l’Espagne contre tous les séparatismes, Vox, qui compte aujourd’hui 52 députés aux Cortès, et qui associé au PP gouverne une communauté autonome, celle de Castille y Leon.

Le 28 mai prochain, l’ensemble des municipalités espagnoles renouvelleront leurs maires et leurs conseils. Le même jour, douze des communautés autonomes, outre Melilla et Ceuta éliront leurs nouvelles assemblées. Cela va être extrêmement important, car le PSOE contrôle encore les régions de Valencia, d’Aragon, des Asturies, des Baléares, de la Rioja, la Castille-la Manche, la Navarre, l’Estrémadure et les Canaries. Un grave échec du PSOE mettrait dans ce parti le feu aux poudres. Cela donnerait aussi le la pour les législatives.

Mais Pedro Sanchez a encore un atout dans sa manche, qu’il compte bien faire fructifier. Le 1er juillet, l’Espagne va assurer la présidence du Conseil de l’Union Européenne pour six mois jusqu’à fin décembre 2023. Il compte bien en profiter électoralement parlant car justement les élections générales aux Cortès et au Sénat sont prévues pour la fin décembre, sauf si Pedro Sanchez les avance, il en a le pouvoir.

Aujourd’hui, et depuis plus d’un an, les sondages convergent tous vers une victoire du PP et de Vox, les deux partis à eux deux obtenant la majorité aux Cortès des 176 sièges nécessaires sur les 350, la difficulté sera la gouvernance qui devra ensuite se mettre en place. Le PSOE et Podemos sont donnés en perte de vitesse, surtout Podemos. Le parti centriste Ciudadanos qui dispose encore de 10 députés disparaîtrait, et un débat est en cours, Ciudadanos doit-il ou pas se fondre dans le Parti Populaire, ce qui renforcerait encore le centrisme de ce parti. Ciudadanos qui a voulu naviguer entre le PSOE et le PP et manger à tous les râteliers, paie aujourd’hui sa ligne politique déplorable. Mais en matière électorale l’Histoire apprend à rester très prudent tant la volatilité de l’électorat est grande et les circonstances changeantes.

Nous aurons donc l’occasion de revenir sur tout cela. Très bonne année 2023 à toutes et tous.

Michel Festivi avocat honoraire, ancien bâtonnier de l’Ordre (1995-1996), ancien membre du Conseil de l’Ordre, a été associé jusqu’au 31 décembre 2018. Il a également été correspondant permanent en Espagne pour le quotidien Présent et désormais pour le site EuroLibertés.

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