Les hommes font lâhistoire, mais ne savent pas quelle histoire ils font. Cette belle phrase de Raymond Aron sâapplique totalement Ă la rhĂ©torique faiblarde employĂ©e par le prĂ©sident de la RĂ©publique dans un entretien Ă Ouest France.

Ceux qui proÌnaient hier la seÌreÌniteÌ en Europe parce qu’ils avaient connu la guerre vs aujourd’hui un preÌsident français ignorant.
Comparaison nâest pas raison et le rapprochement quâil opĂšre avec les annĂ©es trente est dâune grande faiblesse historique, il relĂšve toujours dâune conclusion quasi obligĂ©e : tout cela va finir par Hitler ! Le prĂ©sident, mĂȘme sâil ne prononce pas le nom fatal, se rapproche maladroitement de la loi de Godwin(1). Un entretien dâune grande pauvretĂ© intellectuelle surtout lorsquâon appelle Ă la luciditĂ© dans le mĂȘme discours.
Les années trente en question
LâEurope est encore marquĂ©e par la 1re Guerre mondiale et le pacifisme domine Ă droite comme Ă gauche ; celui-ci peut, en partie, expliquer la faiblesse des dĂ©mocraties face Ă la montĂ©e des dictatures. Dans cette analyse, on oublie souvent la menace soviĂ©tique qui pĂšse gravement sur les relations internationales et qui aboutira au pacte germano-soviĂ©tique du 23 aoĂ»t 1939.
Sur le plan Ă©conomique, la grande crise de 1929 nâest en rien comparable Ă notre situation, le choc de la mondialisation, aujourdâhui, fait gravement souffrir les sociĂ©tĂ©s occidentales, mais nâa rien Ă voir avec la grande dĂ©flation des annĂ©es trente. Si une comparaison peut ĂȘtre faite entre la mondialisation actuelle, dont le cycle est dâailleurs en train de sâachever, alors il faut plutĂŽt aller voir du cĂŽtĂ© de la premiĂšre mondialisation â essentiellement commerciale et dans un paradoxal maintien des frontiĂšres â qui sâĂ©tend de 1890 Ă Â 1914 et prĂ©sente quelques similitudes avec notre Ă©poque.
Un exemple parmi cent : les progrĂšs de la congĂ©lation permettent de mettre sur le marchĂ© les viandes argentines au grand mĂ©contentement des producteurs français, câest pourquoi le ministre de lâagriculture Jules MĂ©line prendra des dispositions protectionnistes.
Et Macron de poursuivre : « Dans une Europe qui est divisĂ©e par les peurs, le repli nationalisteâŠÂ »
On voit bien la facilitĂ©, sauf que cette peur est celle dâune invasion extĂ©rieure Ă lâEurope et que le repli quâil qualifie de nationaliste est beaucoup plus un rejet de lâoligarchie europĂ©enne et du pouvoir non Ă©lu de Bruxelles : il nây a aucune menace dâun peuple europĂ©en contre un autre. Câest dâailleurs ce quâinvoquent les EuropĂ©istes au bĂ©nĂ©fice de la construction europĂ©enne : la paix ! sauf que câest parce quâil y avait la paix que la construction a pu se faire et non le contraire.
Mieux encore, la crise identitaire et migratoire est en train de crĂ©er une solidaritĂ© europĂ©enne style « Populistes de tous les pays unissez-vous ! » (voir le pacte de ViĆĄegrad, lâInitiative des Trois Mers, etc.).
Ă ce niveau de caricature dans la comparaison, soit Macron est cynique, soit il est ignorant et croit pouvoir opposer progressistes et nationalistes, ce qui est une polarisation bien sommaire, un manichĂ©isme de mauvais aloi, si ce nâest un ferment de guerre civile.
Le XXIe siÚcle européen
« LâEurope est face Ă un risque : celui de se dĂ©membrer par la lĂšpre nationaliste et dâĂȘtre bousculĂ©e par des puissances extĂ©rieures. Et donc de perdre sa souveraineté », prĂ©vient Emmanuel Macron.
Grave distorsion de rĂ©alitĂ© en fait de dĂ©membrement par « la lĂšpre nationaliste » : sâil y a dĂ©membrement, il est provoquĂ© par Bruxelles. Chacun sait que les oligarques europĂ©ens ont mis Ă lâĆuvre une Europe des rĂ©gions, laquelle, pour le compte, dĂ©membre sĂ»rement la rĂ©alitĂ© des nations. Une dizaine de conventions et chartes du Conseil de lâEurope (charte des langues rĂ©gionales, etc.) tendent, sournoisement, derriĂšre des apparences gĂ©nĂ©reuses, Ă promouvoir une nouvelle carte politique de lâEurope dont ont disparu les frontiĂšres actuelles, Ă partir de fondements communautaristes ethniques et/ou linguistiques, analysĂ©s par lâessayiste Pierre Hillard.
De mĂȘme, le ComitĂ© des rĂ©gions de lâUE créé par le TraitĂ© de Maastricht trouve sa raison dâĂȘtre dans cette logique rĂ©gionaliste favorisant lâĂ©clatement des constructions politiques que sont les Ătats nations avec les financements Ă lâappui.
Quant Ă perdre sa souverainetĂ©, qui a jamais entendu parler de souverainetĂ© europĂ©enne ? Ă tout le moins, sâil y a une construction europĂ©enne, celle-ci nâa jamais bĂąti de souverainetĂ©. Ă moins quâon prenne les droits de lâhomme comme une affirmation de souverainetĂ©, alors quâils ne sont quâune idĂ©ologie.
On aimerait demander au prĂ©sident en quoi lâEurope possĂšde le commencement dâun dĂ©but de souverainetĂ©. Dans lâinventaire des institutions europĂ©ennes, on ne trouve aucun attribut de la souverainetĂ©. Sauf Ă considĂ©rer que lâeuro en serait un. Le problĂšme est quâon fait rarement une souverainetĂ© par les unions monĂ©taires, lesquelles ont toutes Ă©chouĂ© dans lâhistoire.
En fait de souverainetĂ©, le prĂ©sident de la RĂ©publique voit-il lâĂ©tat de vassalisation de lâEurope aux USA, son assujettissement au dollar et Ă ses lois et Ă la protection amĂ©ricaine dans le cadre de lâOTAN ? Ce quâil reconnaĂźt dâailleurs dans une phrase : «⊠dâavoir sa sĂ©curitĂ© qui dĂ©pende des choix amĂ©ricains ».
En matiĂšre de souverainetĂ©, faut-il lui rappeler que lâabandon majeur de souverainetĂ© que constituait lâextension trĂšs large du principe de la majoritĂ© qualifiĂ©e en lieu et place de lâunanimitĂ© des Ătats a dĂ©truit la souverainetĂ© des Ătats sans crĂ©er de souverainetĂ© europĂ©enne. La souverainetĂ© des Ătats nations a Ă©tĂ© ensuite brisĂ©e en Europe par lâintervention au Kosovo en 1999, un tournant de lâhistoire des relations internationales.
Cette ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures dâun Ătat au nom des droits de lâhomme a bouleversĂ© lâordre en vigueur depuis plus dâun siĂšcle. Et cela nâa pas laissĂ© place Ă un nouvel ordre, mais au chaos dont le spectacle effraie Ă juste titre les peuples ; il a mĂȘme constituĂ© la forme du retour de la guerre en Europe. Celle-ci, de lâentiĂšre responsabilitĂ© de lâinstitution europĂ©enne et en contradiction absolue avec ses affirmations de « defensor pacis ».
Non, dĂ©cidĂ©ment, Ă ce niveau dâincohĂ©rence, nous nâavons le choix quâentre incompĂ©tence ou mauvaise foi, lâhistoire semble se rĂ©pĂ©ter selon lui, et le prĂ©sident sâengouffre dans son psittacisme.
Câest alors quâil faut lui rappeler la phrase de Marx : « Tous les grands Ă©vĂ©nements et personnages historiques se rĂ©pĂštent pour ainsi dire deux fois [âŠ] la premiĂšre fois comme tragĂ©die, la seconde fois comme farce ».
Note
(1) Elle sâĂ©nonce ainsi : « Plus une discussion dure longtemps, plus la probabilitĂ© dây trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler sâapproche de 1 ».
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