1 février 2022

Élection présidentielle en Italie

Par article conseillé par EuroLibertés

par Salvatore Dell’Olio.

Après une semaine tragi-comique, riche en revirements et faux pas, Sergio Mattarella est réélu président de la République par les députés et les sénateurs réunis en séance commune, au cours d’une huitième votation sans passion qui signe la défaite politique d’une (désormais) hypothétique coalition de centre droit.

« Rien ne change pour que tout change », le rocambolesque épilogue de l’élection présidentielle italienne a réussi à renverser le célèbre dicton que Tomasi di Lampedusa fait prononcer à son Guépard.

Le vieil apparatchik démo-chrétien tendant à gauche Mattarella accepte sans sourciller un deuxième mandat, lui qui avait pourtant mis en scène son départ du palais du Quirinal à grand renfort de camions de déménageurs réservés et avec un compromis de vente signé pour une nouvelle demeure douillette en vue d’une retraite paisible. Sans sourciller, certes, mais avec une condition claire : pas de mandat à terme, comme cela avait été le cas pour son prédécesseur Giorgio Napolitano qui avait démissionné dans la deuxième année de son second mandat – juste le temps de garantir une mort naturelle au gouvernement et une transition douce vers de nouvelles élections législatives ; Mattarella veut assurer en entier son septennat renouvelé : la gauche jubile, la droite sèche ses larmes – qui ne sont pas de joie. Mario Draghi reste Premier ministre d’un gouvernement contre nature tenu sous perfusion par une majorité parlementaire qui n’a jamais gagné les élections.

Pourtant l’histoire aurait pu se passer différemment : la coalition des droites (Forza Italia, Lega, Fratelli d’Italia) avait le nombre de voix nécessaire pour imposer un nom. Oui, mais lequel ? Et qui aurait pris la responsabilité de casser l’équilibre précaire d’un gouvernement où Berlusconi et Salvini jouent les figurants à côté de la gauche libérale et d’un Mouvement 5 étoiles sans projet ni avenir ?

D’entrée de jeu, les négociations entre les partis politiques étaient au point mort : si le Parti démocrate (gauche) poussait pour une candidature de Mario Draghi (qui aurait entraîné la fin du gouvernement et la probabilité de nouvelles élections) et le M5S était prêt à se ranger derrière Pier Ferdinando Casini (vieux loup centriste passé avec désinvolture de la droite à la gauche au cours de sa longue carrière), la droite donnait dans la commedia dell’arte avec l’autocandidature comique de Berlusconi, les consignes d’abstention, les noms peu rassurants de Frattini et d’Elisabetta Belloni (chef des services de renseignements), toujours sans faire l’unanimité dans son propre camp. Au milieu de la mêlée, lui : Matteo Renzi, avec son microparti Italia Viva, à endosser le rôle de « faiseur de rois » et de médiateur.

Hic sunt « peones »

Pour comprendre l’impossible équation de cette élection présidentielle il est nécessaire d’analyser la composition du parlement né du scrutin de 2018 : à la surprise générale, le M5S avait gagné haut la main mais ne disposait pas d’assez d’élus pour gouverner seul, d’où la première expérience d’un gouvernement 100 % populiste et transversal avec la Lega de Salvini ; le micmac tourne court quand le PD s’en mêle et c’est une nouvelle majorité qui s’impose avec la gauche qui dicte les règles et enfin l’arrivée de l’homme providentiel envoyé par la sainte finance, Mario Draghi, pour diriger une majorité hétéroclite et bigarrée avec MS5, PD, Lega et Forza Italia.

De fait, Fratelli d’Italia reste le seul parti de la droite à rester dans l’opposition et aussi le seul à tripler son score dans les sondages (ce qui en fait virtuellement le prochain grand gagnant aux élections prévues en 2023) tandis que la Lega dégringole et le M5S pourrait tout simplement disparaître, dissous dans l’acide du compromis et de l’amateurisme. Nul doute que le Parlement et le Sénat qui sortiront des urnes en 2023 seront radicalement différents, et que quelques centaines d’élus (principalement M5S, mais aussi de la Lega et de FI) ne mettront plus jamais les pieds dans les palais du pouvoir. Mais la loi, c’est la loi, et l’argent est roi : ces députés et sénateurs pourront bénéficier d’une retraite à vie seulement s’ils siègent au moins pendant une législature entière ; un président qui convoquerait des élections anticipées signerait la fin de la belle vie pour toute cette masse critique de grands électeurs que la presse italienne a surnommés justement les « peones ». Ce sont eux les seuls véritables gagnants de la réélection de Mattarella.

Comme on disait, les droites auraient pu changer le cours de cette élection. Giorgia Meloni à la tête de Fratelli d’Italia avait tenté une épreuve de force pour permettre à la droite de se compter, en propulsant son porte-drapeau Guido Crosetto à la troisième votation, mais, sans l’aide de Salvini et Berlusconi, c’était peine perdue. La lâcheté et l’impréparation de ces derniers obligent l’électorat patriote à avaler une énième couleuvre, peut-être celle de trop.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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