18 septembre 2024

Dans les Balkans et à Budapest, l’impact des crimes du communisme est toujours vif

Par Michel Festivi

De retour d’un périple de trois semaines, voici ce que j’ai vu.

Si la France a connu les exactions de la Révolution française, de la Terreur, du génocide vendéen, elle n’a pas subi dans ses chairs, les atrocités du communisme, sauf pendant quelques semaines, lors des vengeances politiques à l’été, l’automne et l’hiver 1944. Le PC « F » qui avait trahi la France entre 1939 et 1941 avait ainsi tenté d’éliminer la plupart des témoins de ses trahisons et de ses forfaitures.

Stéphane Courtois, qui après la publication Du livre noir du communisme, en 1997, avait parcouru l’Europe de l’Est où son livre avait connu un immense succès, racontait volontiers que les personnes qu’il rencontrait dans le cadre de ses conférences, lui faisaient part de leur stupéfaction de voir qu’en France il pouvait encore exister un parti qui se nommait toujours Parti communiste « français ». Dans ces pays de l’Europe centrale, chaque famille avait eu un père, un mari, un enfant, un grand-père exécuté ou torturé et emprisonné par les communistes. Au niveau de la perspective historique et politique, de la mémoire collective, cela change tout. Thierry Wolton, dans son Histoire mondiale du communisme, en trois tomes, Les bourreaux, les victimes, les complices, a magistralement démontré toute cette horreur et les conséquences sur les hommes et les sociétés.

Or, chez nous, le communisme est considéré avec bienveillance, avec sympathie même, et on a totalement occulté l’existence de ces plus de 100 millions de victimes. L’actualité politique française nous en fourni la preuve tous les jours. L’an passé à la fête de L’Huma, c’est Edouard Philippe, désormais candidat à la présidence de la république, qui était allé féliciter le très stalinien Fabien Roussel, qui sur les sites du Parti, adule Castro, le régime vénézuélien, la Chine communiste et regrette finalement la chute de l’empire soviétique, refusant de condamner les crimes du communisme. Emmanuel Macron a brossé les communistes dans le sens du poil lors de ses déclarations au moment de la Panthéonisation de Manouchian, qui luttait en France, pour la 3e internationale et promouvoir un régime bolchévique.

Cette année, les Xavier Bertrand et Edouard Philippe ont soutenu des candidats communistes, et le fringant Dominique de Villepin, a été applaudi à la fête de l’Humanité en septembre 2024, appelant à ce que la gauche révolutionnaire, wokiste et islamiste soit au gouvernement. Un centriste comme Amédée de Courson s’est totalement acoquiné avec les leaders LFI.  Tous ces personnages, et la liste n’est nullement exhaustive, n’ont absolument aucune pensée pour la mémoire de ces peuples qui ont été soumis au joug du communisme et aux millions de victimes. Leur mémoire historique est particulièrement sélective, hémiplégique, voire scélérate. Pourtant, un historien comme François Kersaudy a pu dans son dernier ouvrage, les dix faces cachées du communisme affirmer « qu’une idéologie aussi mortifère puisse exercer un tel attrait et susciter autant de dévouements fanatiques, voilà qui restera sans doute, l’une des plus grandes énigmes de ces cent dernières années. »

Cette amnésie des horreurs communistes, est en France un véritable scandale politique et doit être en permanence dénoncée. Et quoi de mieux finalement que d’évoquer des pays, pas très loin de chez nous, pays européens, qui ont enduré pendant plus de 50 ans les désastres du communisme.

Je commencerai par Budapest, superbe capitale traversée par le majestueux Danube. Devant le Parlement, magnifique ensemble construit au début du XXe siècle au bord du Fleuve, se trouve un sous terrain, une sorte de tunnel dédié à la mémoire des victimes d’octobre et novembre 1956. On peut y voir principalement des images filmées d’époque avec des foules qui manifestent contre le régime policier et dictatorial mis en place grâce à Staline et à son Armée rouge. Y figurent aussi des témoignages des victimes qui ont pu en réchapper, des vêtements et des objets d’époque. Pour renvoyer les communistes « français » à leur ignominie, le défilé en facsimilé de journaux d’époque reproduit France Nouvelle, l’hebdomadaire du PCF qui osait alors titrer « les atrocités commises en Hongrie par ces contre-révolutionnaires. »

Mais le voyageur devra impérativement se rendre à La Maison de la Terreur, musée des totalitarismes, conçu en 2002 par Victor Orban pour rappeler à tout jamais, combien essentiellement le totalitarisme communisme a marqué le pays. Déjà, à l’arrivée des communistes en Hongrie en 1945, plus de 700 000 hongrois furent faits prisonniers et déportés dans des camps. Près de 300 000 personnes furent victimes de crimes de masses. La malheureuse Hongrie fut, comme tous les pays du bloc de l’Est, soumise à une dictature impitoyable, parti unique, élections truquées, propagande des plus intensives, arrestations arbitraires. Tout cela nous est dévoilé, tout au long des salles que l’on visite avec un haut le cœur permanent.

Mais le plus émouvant, c’est la pièce principale, où se trouve sur un très haut mur, le portrait des quelques 2000 victimes qui furent assassinées entre le 24 octobre et le 4 novembre 1956 par la police politique communiste hongroise et les hommes du KGB. 200 000 hongrois seront dans les jours et mois qui suivirent contraints de quitter leur patrie, pour échapper aux griffes des communistes. Mais de tout cela, les Edouard Philippe, les Xavier Bertrand, les Emmanuel Macron, les Amédée de Courson s’en fichent, ils soutiennent les communistes ou leurs affidés. Le Pass culture permet aussi d’entrer à la « fête » de L’humanité, pour y célébrer sans doute les cent millions de morts…

L’amie hongroise qui nous accompagnait lors de cette visite, et qui avait vécu, jeune, cette période, n’a pu retenir son émotion qu’elle a contresignée sur le cahier laissé à la sortie à la signature des visiteurs, remerciant Victor Orban d’avoir su créer ce lieu du souvenir, afin que ces victimes n’y soient pas oubliées.  Les nazis avaient mis en exergue à l’entrée de certains camps de concentration la formule connue « Le travail rend libre », les soviétiques avaient repris la devise pour leurs goulags « Travailler en Union soviétique est une question de gloire, une question de bravoure et d’héroïsme ». Or Margarete Buber-Neumann, communiste allemande qui connut les deux systèmes concentrationnaires, témoignera après-guerre que les camps russes étaient pires que les camps allemands.

Autre lieu de mémoire sur les crimes du communisme, c’est le musée de la surveillance secrète, encore dénommé Maison des feuilles, qui se trouve en plein centre de Tirana, capitale de l’Albanie. Beaucoup de français ont sans doute oublié ou perdu de vue, que l’Albanie, petit pays de 3 millions d’habitants, situé sur la côte adriatique, en face de l’Italie, fut de 1945 à 1991, une sorte de Corée du Nord, sous la coupe réglée du dictateur Enver Hodja. Un des pays communistes les plus fermés et des plus férocement répressif au monde, une prison à ciel ouvert.

Si vous allez à Tirana, allez visiter ce lieu d’horreur, situé tout près de la grande esplanade centrale, la place Skanderbeg, dans une rue juste en face quasiment de la très belle cathédrale orthodoxe. Ce bâtiment servait alors de siège à la Sigurimi, qui fut l’équivalent de la gestapo et du KGB réuni. Ce musée est d’ailleurs dédié « aux personnes innocentes qui ont été espionnées, arrêtées, poursuivies, condamnées et exécutées sous le régime communiste. »

Ce musée a ouvert ses portes en 2017, il s’agit d’une bâtisse en briques de deux étages. Pendant la guerre, il fut un des sièges de la gestapo. Puis, il deviendra le quartier général de la police politique du régime communiste jusqu’en 1991. Visiter les 31 pièces du bâtiment, c’est entrer dans l’enfer totalitaire, avec des cellules, des instruments de torture, des photos de victimes, des pièces où l’on y voit défiler tous les instruments possibles et inimaginables pour espionner la population, comme le décrira prophétiquement George Orwell dans son ouvrage, 1984, publié en 1949.

 15% de la population était chargée de surveiller l’ensemble. Bien évidemment, les exécutions, les arrestations, les déportations furent considérables. De nombreux camps d’internement dans tout le pays étaient chargés de la « rééducation » des « récalcitrants » au régime, le taux de mortalité y était conséquent. Des citations d’Enver Hodja sont reproduites sur les murs en Albanais et en anglais comme celle-ci : « Il n’y a aucune concession ni pitié envers l’ennemi, aucune crainte d’erreur. On ne se trompe jamais si on est dur avec l’ennemi de classe », ou encore « La sécurité d’état est l’arme tranchante et précieuse de notre Parti… »

Autre lieu du souvenir des crimes communistes, la très belle et immense Cathédrale Orthodoxe Saint Jean Vladimir de Bar, au Monténégro pays de l’ancienne Yougoslavie. Construite tout récemment, les murs sont enduits de fresques magnifiques. Outre d’immenses icônes de Saints, on a la surprise d’apercevoir une peinture imposante représentant la famille impériale russe, Nicolas II, son épouse, leurs cinq enfants, les quatre duchesses et le Tsarévitch Alexis, le médecin de la famille, les trois domestiques. Sur la gauche de la fresque a été représenté un garde rouge bolchévique, qui pointe sur eux une arme de poing. L’on sait aujourd’hui, que Lénine et le comité central donnèrent expressément l’ordre d’exterminer toute la famille et leurs accompagnants, ce qui fut fait dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. Cette peinture murale nous rappelle ce drame, elle est sans équivoque.

Le plus terrible finalement, fut qu’en Hongrie comme en Albanie et dans bien d’autres endroits, ces criminels ne furent jamais jugés et la plupart continuèrent à travailler et à vivre en toute impunité, une fois la chute du communisme avérée. Aucun procès, pas de Nuremberg du communisme, contrairement aux criminels nazis. C’est cette dichotomie effarante qui reste aujourd’hui particulièrement choquante et qui permet à l’idéologie communiste de ne pas être mise au ban de l’humanité, comme elle devrait l’être. En France nous en conservons toutes les stigmates intellectuelles et morales, aujourd’hui encore.

(Illustration de l’article : Affiche de propagande anti-impérialiste de la Section française de l’Internationale communiste au début des années 1920).

Michel Festivi sera sur Radio Courtoisie le 25 septembre prochain de 10h à 11h, dans l’émission d’Anne le Pape qui l’interrogera sur son dernier livre La désinformation autour du Parti communiste « français ». Son préfacier Francis Bergeron sera à ses côtés. 
D’autre part, sous l’organisation du Cercle franco hispanique dirigé par – Hélène Grimaldi, Michel Festivi interviendra au cours d’un déjeuner conférence le samedi 28 septembre 2024 à 12h30 sur le thème « l’histoire du bolchevisme en Espagne » histoire et actualité. Le lieu est un restaurant parisien du 5eme arrondissement (Metro Maubert mutualité). L’auteur dédicacera ses ouvrages. S’inscrire impérativement auprès de Madame Grimaldi soit par e-mail cfh.grimaldi@free.fr ou par courrier Cercle franco hispanique BP 17 -24 théâtre 08000 Charleville Mezieres prix du repas 25euros le nom du restaurant vous sera donné au moment de l’inscription. 

Les livres disponibles de Michel Festivi
aux éditions Dualpha
(cliquez sur le titre désiré pour en savoir plus et l’obtenir)

Les trahisons des gauches espagnoles
L’Espagne ensanglantée
Miguel Primo de Rivera
La désinformation autour du Parti Communiste « français »

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