Les bondissants pavés des jolis mois de mai
« Las de t’attendre dans la rue, j’ai lancé deux petits pavés sur les vitres que j’ai crevées ! »
C’est à peu de chose près ce qu’en 1891 avait prophétisé involontairement Maurice Vaucaire, dans une impérissable ballade que Paul Delmet devait mettre en musique.
1891, un bail ! Et pourtant…
Mai 1958. Las de battre le pavé de leur ville dans l’attente d’une politique algérienne plus affirmée des gouvernements successifs au Pouvoir, les Algérois s’en étaient servi pour briser les carreaux du Gouvernement Général et créer l’appel d’air qui allait arracher à son exil le souverain déchu de Colombey.
Pour arriver à ses fins et amadouer les fortes têtes de l’Armée française, le très récidiviste prétendant au trône n’avait pas hésité à lancer un pavé dans la mare en solennisant une France de Dunkerque jusqu’à Tamanrasset. Certes, Il éclaboussait très accessoirement aquabonistes, défaitistes, indépendantistes et collaborationnistes, mais le vent de l’Histoire fort opportun au demeurant, aurait tôt fait de les sécher, d’autant mieux que de tout temps les politiciens ont su cultiver cette souplesse d’échine leur permettant de passer au travers des gouttes.
Le verdict des urnes qui s’ensuivit conduisit une cohorte de godillots à tenir le haut du pavé parisien dont le chef, grâce à sa robuste constitution (celle du 4 octobre 1958), devint leur roi vénéré. Le peuple oublieux ou inculte ne fit alors aucun rapprochement infamant avec Cartouche, le plus célèbre bandit de l’Ancien Régime que l’on avait naguère surnommé « Le roi du pavé de Paris ». Mais honni soit qui mal y pense !
Pourtant ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les Algérois allaient bientôt en subir la preuve. Le 22 janvier 1960, les pavés déchaussés de la rue Michelet ne purent rien contre la machination ourdie par le Prince de l’équivoque. Il déblaya fort méthodiquement la route qu’il avait résolument choisie, avant de brûler le pavé jusqu’à Évian. Conformément à ses calculs les plus retors, les eaux de la station thermale du Léman, souveraines pour traiter d’autres calculs (les calculs rénaux), allaient dissoudre la lithiase du pavé algérien qui entravait le train de roulement du char de l’État et sa marche vers des horizons européens plus dégagés.
Et c’est bien le 19 mars 1962, que les partisans de l’Algérie française, quelles que fussent leur origine et leur religion, se retrouvèrent sur le pavé, écrasés par le légendaire pavé de l’ours. Quand bien même l’ingestion habituelle de harissa et de merguez fortement pimentées leur aurait-elle pavé la gueule, la potion gaullienne vitriolée leur restera à jamais en travers de la gorge.
Mai 1968. Alors que les pavés volent bas, des slogans évocateurs, artistiquement profilés, s’élèvent dans le ciel dégagé des lendemains qui chantent. L’une des têtes pensantes anarcho-trotskistes en charge de la propagande, imagine une évocation sous-jacente plutôt bucolique : « Sous l’herbe les pavés. »
Bien qu’il soit désormais interdit d’interdire, un camarade facétieux souligne pourtant que l’herbe peut évoquer autre chose qu’une prairie d’embouche du Nivernais. Une corde destinée à pendre le bourgeois, tressée dans du chanvre indien, cela ne ferait pas trop sérieux, alors même que les chemins de Katmandou deviennent de plus en plus pratiqués. « Sous les pavés, la plage », une référence directe aux acquis de 1936 et aux congés payés, c’est quand même plus prolétaire donc plus fédérateur !
Surtout ne pas désespérer Billancourt qui en est encore à fumer la « gauloise bleue » de la SEITA ! Cohn-Bendit, Marie-France Pisier et consorts appliqueront scrupuleusement ce principe en se réfugiant sur les rivages ensoleillés, festifs et très argentés des Baléares, abandonnant la chaussée dévastée du Quartier Latin aux paveurs de la ville de Paris.
C’est en ces circonstances que fut de nouveau publiée, dans L’Os à Moelle, la fameuse offre de service : « Mosaïste devenu myope, cherche emploi de paveur ».
Mai 2018. Les autorités qui, au lendemain de ces fâcheux événements, avaient cru couper de leur approvisionnement les lanceurs de pavés potentiels, en faisant asphalter les artères de la capitale, doivent admettre que le slogan déjà cinquantenaire, « L’imagination au pouvoir », n’était pas aussi utopique qu’on l’a dit. Nos industrieux Black blocs viennent d’en fournir la confirmation en élargissant furieusement le catalogue de l’Objet Volant Non Identifié ».
Si, en avril, je me suis bien gardé de me découvrir, même d’un fil, vous remarquerez qu’en mai, je fais ce qu’il me plaît. C’est pourquoi je vous abandonne à la digestion de mon pavé hebdomadaire, pour ensevelir ma nostalgie sous un pavé de bœuf cuit à point.
Bon appétit, Messieurs ! Ô Ministres intègres…
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