4 juillet 2022

Royaume-Uni : faux « lanceurs d’alerte », vrais agents d’influence au service de l’État profond

Par article conseillé par EuroLibertés

Imaginons – imaginons seulement – que l’on apprenne qu’Edwy PlenelLaure Mandeville ou Marie Mendras travaillent en sous-main pour des officines étatiques, et l’on peut aisément deviner le scandale qui en découlerait. Blague à part, c’est ce qui est arrivé en Grande-Bretagne, où il a été révélé que deux journalistes très en vue sont entrés au service d’agences de renseignement pour une opération de guerre de l’information, jetant le discrédit sur l’ensemble de la profession. Le texte qui suit est une traduction en français d’un article du journaliste anglais Jonathan Cook, paru dans MintPress le 21 juin 2022. Certains intertitres sont de notre rédaction.

Les événements de ces derniers jours suggèrent que le journalisme britannique – le soi-disant quatrième pouvoir – n’est pas tout à fait ce qu’il prétend être, à l’opposé même du rôle de vigie que l’on pourrait en attendre.

Journalistes cooptés par les services de renseignement

Tout a commencé avec le procès en diffamation de la chroniqueuse du Guardian Carole Cadwalladr, à l’issue duquel des courriels piratés de Paul Mason, pilier de longue date de la BBC, de Channel 4 et du Guardian, ont été rendus publics. Ces messages révèlent que ces deux célèbres journalistes, Cadwalladr et Mason, travaillaient comme recrues d’une guerre informationnelle menée par les agences de renseignement occidentales.

S’ils avaient fait preuve d’honnêteté à ce sujet, cette collusion n’aurait peut-être pas eu autant d’importance. Après tout, peu de journalistes sont aussi neutres ou impartiaux que la profession aime à le prétendre. Mais comme beaucoup de leurs collègues, Cadwalladr et Mason ont brisé ce qui devrait être un principe fondamental du journalisme : la transparence.

Le rôle des journalistes sérieux est d’amener dans l’espace public des questions essentielles pour débat et examen. Ceux d’entre eux qui ont un esprit suffisamment critique aspirent à obliger les détenteurs de l’autorité – principalement les agences gouvernementales – à rendre des comptes en partant du principe que, sans un examen public minutieux, le pouvoir corrompt rapidement. Le but du vrai journalisme – par opposition aux commérages, aux divertissements et au style télégraphique relatif à la sécurité nationale qui passent généralement pour du journalisme – est de frapper vers le haut, pas vers le bas.

Et pourtant, chacun de ces journalistes, nous le savons désormais, s’entendait activement, ou cherchait à s’entendre, avec des acteurs étatiques qui préfèrent opérer dans l’ombre, à l’abri des regards. Les deux journalistes ont ainsi été cooptés pour faire avancer les objectifs des services de renseignement. Pire : chacun d’eux a soit cherché à devenir un intermédiaire, soit à participer activement à des campagnes secrètes de diffamation menées par les services de renseignement occidentaux contre d’autres journalistes.

Ce qu’ils faisaient – avec tant d’autres journalistes de l’establishment – est l’antithèse même du journalisme. Ils contribuaient non seulement à dissimuler le fonctionnement du pouvoir pour le rendre plus difficile à contrôler mais encore essayaient d’affaiblir leurs collègues déjà marginalisés qui luttaient pour demander des comptes à l’État.

Complicité russe bidon

Plusieurs facteurs ont permis de mettre en évidence la collusion entre Cadwalladr et services de renseignement britanniques. Point de départ : un procès en diffamation intenté par l’homme d’affaires Arron Banks, principal donateur de la campagne réussie du Brexit pour que la Grande-Bretagne quitte l’Union européenne, contre Carole Cadwalladr.

Que s’est-il passé ? Il faut revenir à l’année 2016. Dans une sorte d’extension transatlantique de l’hystérie du Russiagate aux États-Unis après l’élection de Donald Trump, Cadwalladr a accusé Banks d’avoir menti sur ses liens avec la Russie. Selon le tribunal, elle a également suggéré qu’il avait enfreint les lois sur le financement des élections en recevant de l’argent russe à l’approche du vote sur le Brexit, toujours en 2016.

Cette année-là sert en quelque sorte de point zéro aux progressistes qui craignent pour l’avenir de la “démocratie occidentale” — soi-disant menacée par les “barbares modernes aux portes”, tels que la Russie et la Chine – et la capacité des États occidentaux à défendre leur primauté à travers des guerres d’agression néocoloniales dans le monde entier. La Russie aurait ainsi orchestré une double opération de subversion en 2016 : d’un côté de l’Atlantique, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ; de l’autre côté, les Britanniques, dupés pour se tirer une balle dans le pied – et saper l’Europe – en votant pour quitter l’UE.

Au cours du procès, Cadwalladr n’a pu soutenir ses allégations contre Banks. Néanmoins, le juge s’est prononcé contre l’action en diffamation de Banks – au motif que les affirmations de la journaliste n’avaient pas suffisamment nui à sa réputation. Le même juge a également statué, de façon assez perverse, que Cadwalladr avait des “motifs raisonnables” pour publier ses affirmations selon lesquelles Banks avait reçu des “faveurs” de la part de la Russie, même si “elle n’avait vu aucune preuve qu’il avait conclu de tels accords”Une enquête menée par la National Crime Agency n’a rien trouvé non plus contre lui.

Alors, compte tenu des circonstances, sur quoi reposaient ses accusations contre Banks ? Le modus operandi journalistique de Cadwalladr, dans ses efforts de longue date pour suggérer une ingérence généralisée de la Russie dans la politique britannique, est mis en évidence dans sa déclaration de témoin à la cour.

Elle y fait référence à une autre de ses histoires du style Russiagate de 2017, où elle tentait de relier le Kremlin à Nigel Farage, ancien homme politique pro-Brexit du parti UKIP et proche associé de Banks, et le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, prisonnier politique au Royaume-Uni pendant plus d’une décennie.

À cette époque, Assange était confiné dans une chambre individuelle à l’ambassade d’Équateur après que le gouvernement équatorien lui ait offert l’asile politique. Il y avait cherché refuge, craignant d’être extradé vers les États-Unis après des révélations de WikiLeaks selon lesquelles les États-Unis et le Royaume-Uni avaient commis des crimes de guerre en Irak et en Afghanistan.

WikiLeaks avait également profondément embarrassé la CIA en poursuivant la publication de documents divulgués sous le nom de Vault 7, exposant les crimes de l’agence.

La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni, Priti Patel, a approuvé l’extradition vers les États-Unis qu’Assange craignait et qui l’a conduit à l’ambassade d’Équateur. Une fois extradé aux États-Unis, il risque jusqu’à 175 ans d’isolement complet dans une prison de sécurité maximale.

Article publié sur le site de l’OJIM.

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