Louis-Ferdinand Céline et le christianisme
Le justement encensé pape François redonne au christianisme ses lettres de noblesse : à savoir que c’est une religion de pauvres et pour les pauvres, même si Jésus a dit un jour : « Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais moi, vous ne m’avez pas toujours. »
Dans ses pamphlets, Céline ne manque pas de s’en prendre au christianisme, vérité idéologique élémentaire et souvent oubliée.
Ce monstre sacré de notre littérature déteste que l’on s’en prenne au judaïsme au nom du sacro-saint christianisme (voyez Bloy, Drumont, Chabauty, Delassus, et quelques milliers d’autres).
Et cela donne dans les Beaux Draps : « Ainsi Drumont et Gobineau se raccrochent à leur Mère l’Église, leur christianisme sacrissime, éperdument. Ils brandissent la croix face au Juif, patenté suppôt des enfers, l’exorcisent à tout goupillon. Ce qu’ils lui reprochent surtout, avant tout, par dessus tout, c’est d’être le meurtrier de Jésus, le souilleur d’hostie, l’empêcheur de chapelets en rond… Que ces griefs tiennent peu en l’air ! La croix antidote ? Quelle farce ! »
C’est que longtemps avant l’apparition de saint Bergoglio (il sera prochainement auto-canonisé à la télé), Céline avait sa petite idée sur la question : « Propagée aux races viriles, aux races aryennes détestées, la religion de “Pierre et Paul” fit admirablement son œuvre, elle décatit en mendigots, en sous-hommes dès le berceau, les peuples soumis, les hordes enivrées de littérature christianique, lancées éperdues imbéciles, à la conquête du Saint Suaire, des hosties magiques, délaissant à jamais leurs Dieux, leurs religions exaltantes, leurs Dieux de sang, leurs Dieux de race. »
Et puis, regardant le peu ragoûtant bilan tiers-mondiste de ces missions catholiques sans les favelas latinos, africaines ou philippines, (on aime le pauvre, alors on le fabrique), Céline ajoute : « Crime des crimes, la religion catholique fut à travers toute notre histoire, la grande proxénète, la grande métisseuse des races nobles, la grande procureuse aux pourris (avec tous les saints sacrements), l’enragée contaminatrice. »
Et il ponctue, notre grand philosophe – au marteau nietzschéen ou presque : « La religion catholique aura fièrement joué tout son rôle lorsque nous aurons disparu, sous les flots de l’énorme tourbe, du géant lupanar afro-asiate qui se prépare à l’horizon. »
Shocking ! Mais il faut comprendre que l’on aime exporter ce que l’on a fabriqué en masse !
Et notre vieux païen indésirable (car Céline est certainement le dernier grand païen de notre littérature) de conclure : « Ainsi la triste vérité, l’aryen n’a jamais su aimer, aduler que le dieu des autres, jamais eu de religion propre, de religion blanche. Ce qu’il adore, son cœur, sa foi, lui furent fournis de toutes pièces par ses pires ennemis. »
Mais Céline n’oublie pas qu’il ne faut jamais être sentimental ; et que l’on ne récolte que ce que l’on sème : « Il est bien normal qu’il en crève, le contraire serait le miracle. »