Donald Trump et le lobby juif
Il nous semblait important d’aborder cette question certes épineuse pour ces explosives raisons…
D’une part, Donald Trump est comparé à Adolf Hitler et considéré comme un vil raciste par les plus fins de nos éditorialistes et tous les « BHL » de la planète. D’après la presse espagnole, d’ailleurs, son électorat veut rétablir l’esclavage (comme on est bien informés au-delà des Pyrénées !).
D’autre part, Trump est le grand-père de petits juifs, sa fille convertie s’étant marié à un juif et ayant gardé toute son affection pour son père.
Ensuite, le candidat républicain est entouré de collaborateurs juifs, a beaucoup donné à la cause israélienne et n’a jamais péché par antijudaïsme.
Mais Trump est quand même plus ou moins soutenu par l’ancien du Ku Klux Klan David Duke, par Kevin McDonald et par une belle partie de l’extrême droite américaine.
En outre, il s’est opposé aux opérations des néocons, soutiens inconditionnels du sionisme, au Moyen-Orient.
Enfin, le célèbre et très stupide agitateur néocon Bill Kristol lui a déclaré la guerre et a décidé de soutenir Hillary Clinton au cas où, dans le futur…
Nous allons essayer de voir plus clair dans ce méli-mélo.
Il n’y a plus de question juive depuis longtemps, mais il y a certainement un lobby juif, tout au moins en Amérique. La question est délicate, tant on a peur de se faire taxer d’antijudaïsme, d’autant qu’il reste beaucoup d’antijudaïques qui, bien sûr, dénoncent le lobby israélien.
On connaît la puissance financière du lobby pro-sioniste, son efficacité et surtout sa volonté – inexistante chez les chrétiens, si particulière chez les musulmans… Ce lobby d’Israël a été étudié dans le livre retentissant de John Mearsheimer. Le livre d’un autre intellectuel, juif libertarien cette fois, Stephen Sniegoski, préfacé par des autorités morales (Mark Bruzonski, Paul Gottfried) venues du judaïsme, essaie aussi de cerner la question des néocons et d’Israël.
En 1989, Serge Halimi avait publié dans Le Monde diplomatique un article courageux et documenté sur le lobby juif en Amérique – d’où il ressortait que personne ou presque ne s’opposait à Israël en haut lieu, mais que Bush père était un politicien plus courageux en la matière que la moyenne. Il braqua contre lui l’électorat juif (déjà traditionnellement démocrate) et ne fut pas réélu. Son fils se le tint pour dit.
Ceux qui nient la puissance, l’existence, l’activisme du lobby juif sont nombreux aussi en Amérique ! Concernant la puissance des Juifs à Hollywood, qui ont coûté cher à Mel Gibson ou Gary Oldman, voici ce qu’écrivait dans le Los Angeles Times le journaliste juif Joël Stein : « Le rabbin Abe Foxman se félicite que, pour les Américains, les juifs ne contrôlent pas Hollywood. Or, tous les grands directeurs de studio sont juifs et cela montre à quel point les Américains sont devenus vraiment bêtes. »
Le film de Mike Nichols (juif allemand venu en Amérique en 1938) Les guerres de Charlie Wilson, écrit par le brillant et fameux Aaron Sorkin, explique froidement les choses : les riches juifs donnent de l’argent aux hommes politiques américains, les riches « chrétiens » non (ce sont de vrais goyim pour le coup). Ils imposent donc naturellement leur volonté, tout comme les Juifs, me disait un célèbre cinéaste, imposent leur talent et leurs meilleurs neurones dans la science, le cinéma, la finance – sans oublier la musique : leur reprocher donc de dominer au nom d’une prétendue conspiration est donc inutile. Ils imposent tout bonnement leur talent et leur agenda face à des gens qui se foutent de tout. Gekko le rappelle : le riche chrétien préfère les bêtes à ses compatriotes !
Comme le rappelait Raphaël Pataï dans son beau livre Jewish Mind, publié il y a trente ans déjà, les Juifs représentent un quart des prix Nobel de la planète pour 0,2 % de la population. Le reste est littérature. On lira avec profit le long livre de Paul Johnson sur cette question passionnante. On ne va pas ensuite leur reprocher d’être moins suicidaires que notre vieux monde occidental.
Donald Trump à New York a beaucoup travaillé avec des Juifs, qui y représentent depuis 1900 la première communauté. Il semble avoir même masqué ses origines allemandes puisqu’il se prétendait suédois dans son livre The Art of the Deal ! De même, les grands créateurs juifs de Brigadoon (Lerner et Lowe) déplacèrent, après la guerre, de Bavière en Écosse le lieu du village magique pour composer la plus belle comédie musicale du monde !
Dans le cas de Donald Trump, il est amusant de laisser parler les extrémistes, puisque lui-même a bâti sa rhétorique et sa popularité sur cet outil : l’outrance verbale !
Ainsi pour le professeur Petras, antisioniste forcené et gauchiste rédacteur de globalresearch.ca : « Trump n’a jamais été un adversaire d’Israël, mais il a appelé à une plus grande impartialité, ce qui est un anathème dans les milieux sionistes. C’est pour cette raison qu’il ne compte pas un seul plouto-sioniste dans ses rangs. Et s’il n’a pas été étiqueté comme antisémite… c’est peut-être parce que sa propre fille s’est convertie au judaïsme à la suite de son mariage. Mais son manque de chaleur philo-sioniste l’a rendu non fiable aux yeux de l’État juif. Profitant de son manque de servilité envers Tel Aviv, les écrivaillons sionistes du parti Démocrate mettent en avant son racisme et ses tendances fascisantes… »
Petras ne soutient pas Trump. Mais il rappelle que le candidat du « lobby juif » proprement dit est Hillary Clinton. Ce lobby, visiblement, méprise aussi – et c’est dommage – le seul candidat juif de l’élection présidentielle, le gauchiste Bernie Sanders.
Petras poursuit dans une prose bien hargneuse : « Le plouto-sionisme est le mariage à trois de la ploutocratie, du sionisme d’extrême droite et de la candidate à la présidentielle américaine Hillary Clinton, une criminelle qui a une série de guerres à son actif, une raciste et une servante zélée de Wall Street. Où donc ce ménage à trois va-t-il nous conduire ? La réponse est qu’un groupe de donateurs richissimes, entièrement dévoués à la cause de la domination israélienne au Moyen-Orient et à l’intensification des interventions militaires américaines dans la région, a garanti le soutien inconditionnel de Clinton pour les ambitions de Tel Aviv, en échange de millions de dollars pour financer une armée de colleurs d’affiches et de votants pour sa campagne au sein du Parti démocrate. »
Puis il donne la liste des généreux donateurs : « Les plouto-sionistes représentent les principaux financiers qui soutiennent Clinton. Ses soutiens millionnaires, parmi les nababs et les requins de la finance les plus puissants, comptent : George Soros [$6 millions au moins, NDT], Marc Benioff, Roger Altman, Steven Spielberg, Haim et Cheryl Saban [$3 millions et plus], Jeffrey Katzenberg, Donald Sussman, Herb Sandler, Jay et Mark Pritzker, S. Daniel Abraham [$1 million], Bernard Schwartz, Marc Lasry, Paul Singer, David Geffen, Fred Eychaner, Norman Braman et Bernie Marcus. »
Comme on voit, beaucoup de noms issus du showbiz et du cinéma (Spielberg, Katzenberg, Geffen, le francophone et d’ailleurs amusant Saban). Puis James Petras explique pourquoi les donateurs juifs républicains ont peur de Trump : « Dans la file d’attente, on trouve aussi les millionnaires Républicains faiseurs de rois, Sheldon et Miriam Adelson, les frères Koch aux côtés du multimillionnaire libéral Michael Bloomberg, qui a versé $11 millions lors des élections de 2012. Ces bailleurs de fonds Républicains à l’ancienne sont de plus en plus effrayés par la rhétorique anti-libre-échange et anti-interventionnisme du quasi-candidat de leur parti, Donald Trump, et se retournent vers la candidate fermement pro Israël, pro guerre et pro Wall Street, Madame Clinton. »
En réalité il faudrait ajouter succinctement et honnêtement que tous les importants donateurs ont peur de Trump, et pas seulement les Juifs…
Le magnat des casinos Sheldon Adelson avait un jour rassemblé des candidats républicains venus ramper à ses pieds (McDonald). Trump ne prend pas son argent, mais, comme il dit, reste l’ami d’Adelson ! Et de rajouter avec humour qu’il se sent coupable (« guilty ») de ne pas avoir encore dépensé beaucoup d’argent pour sa campagne. Ses adversaires s’en chargent en ne cessant de l’attaquer. Et comme ce qui ne tue pas rend plus fort…
Tout ce que nous avons lu donnerait bien sûr envie à tous les antijudaïques de voter pour Donald Trump ! Mais les choses sont plus compliquées et les plus antijudaïques des bloggeurs du web n’aiment pas Trump.
– Frère Nathaniel, un enragé du web, passé du judaïsme à une embarrassée orthodoxie, ne cesse de tempêter contre Trump, « candidat enjuivé et vendu à Israël » !
– Christopher Bollyn, qui clame depuis quinze ans que les attentats du 11 septembre sont le fruit de la conspiration israélienne, déteste Trump. Ce dernier refuse selon lui la théorie de la conspiration ! On ne peut plus se fier à personne !
– Egaliteetreconciliation.fr enfin se moque aussi de Trump et de sa soumission à ce lobby, cause de tout le mal dans le monde !
Toujours dans globalresearch.ca, mais en version française (mondialisation.ca), on trouve une amusée critique de Donald Trump menée par Gilles Munier, qui dirigeait l’association France-Irak lors de la première guerre du Golfe. Munier évoque donc le fameux discours de Trump auprès du légendaire AIPAC (le comité israélo-américain).
Ce discours, très attendu, a surpris tout le monde. La foule était enthousiaste, seuls 1,6 % des assistants se sont levés pour refuser d’écouter « l’Hitler ego de la Trump Tower ». Trump a surtout parlé de l’accord avec l’Iran, qui a agacé beaucoup de gens en Israël comme ailleurs. Obama, ouvertement hostile à Netanyahou, était trop content de le faire signer par le russophile et imprévisible John Kerry… tout en continuant sa guerre obscène contre les Russes via l’Otan.
Très habile, Donald Trump a donc évité les questions qui fâchent, sur l’immigration clandestine et le reste. Le lobby aussi !
Mais laissons parler Gilles Munier : « Oublié “The Donald” – comme l’appellent souvent les médias étasuniens – qui refusait de prendre position sur la question palestinienne tant qu’il ne serait pas à la Maison-Blanche et qui ne voulait pas dire si les États-Unis devaient reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ; sans hésiter, Trump a sauté le pas pour ratisser électoralement plus large. Plus question qu’Israël paye l’aide militaire que lui octroie Washington ! En un peu plus de vingt minutes, il a condensé tout ce que son auditoire voulait entendre – et peut-être même plus – provoquant des salves d’applaudissements… debout ».
Le « nouvel Hitler américain » s’est donc retrouvé acclamé par le plus sensible des groupes pro israéliens !
Gilles Munier, qui a titré ironiquement sur « l’art d’enfumer » du candidat républicain, continue sur un ton goguenard : « Trump a commencé par dire qu’il était un “soutien de longue date et ami réel d’Israël”, rappelant qu’il avait été “grand maréchal” à la parade de la journée d’Israël à New York en 2004. Avec lui à la présidence des États-Unis, a-t-il assuré, Israël ne serait plus traité “comme un citoyen de seconde zone”… Puis, s’en est suivi un flot ininterrompu de déclarations qui auraient pu sortir de la bouche de Benyamin Netanyahou. »
Le lendemain du discours, le Jerusalem Post reconnaissait que le discours de Trump avait été couronné de succès… Et le quotidien du Likoud ajoutait très justement que c’était le premier discours sérieux de la campagne de Donald Trump.
On ne contredira pas !
Notre amusant Gilles Munier ajoute sur la question iranienne : « Donald Trump n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur l’Iran en l’accusant d’être “le plus grand sponsor du terrorisme mondial”, d’être en Syrie pour établir un nouveau front dans le Golan contre Israël, de fournir des armes sophistiquées au Hezbollah libanais, et de soutenir le Hamas et le Djihad islamique en leur donnant 7 000 $ pour chaque attaque terroriste et 30 000 $ aux propriétaires des maisons détruites par les Israéliens. L’auditoire buvait du petit-lait ! »
Et sur un ton presque jubilatoire, Gilles Munier ajoute que : « Trump a terminé son discours sur le mode people, en déclarant sous un tonnerre d’applaudissements que sa fille Ivanka (mariée à un juif israélien orthodoxe) était sur le point d’avoir un magnifique bébé juif. »
En réalité, on ne voit pas pourquoi les choses se seraient mal passées. L’administration Obama a trahi son mandat (quoiqu’on pense de ce dernier, ce n’est pas la question) en traitant avec la Russie, l’Iran et finalement Assad. L’allié naturel des USA est plutôt l’Arabie saoudite (quoique l’on pense encore ce pays, ce n’est pas non plus la question) que l’Iran déstabilise dans la région.
Donald Trump a proposé de contrôler les musulmans en Amérique, il n’a pas de cadeaux à leur faire comme Hillary Clinton pour qui ils votent. Son gendre est juif, sa fille est convertie, ses associés sont souvent juifs, Carl Icahn lui a racheté une partie de son empire, on ne voit vraiment pas pourquoi il énerverait les lobbies pro sionistes !
Dans le même esprit judéo-chrétien (une notion inventée de A à Z vers 1900 par le banquier Darmsteter), Obama ne dénonce pas les attentats antichrétiens et son administration est considérée comme folle par Ben Carson, ex-candidat noir et républicain, proche de Trump maintenant.
Cela n’a pas empêché David Duke de le soutenir, lui qui (Duke donc) avait écrit un livre sur le suprématisme juif. Kevin McDonald aussi continue de soutenir Trump. Car il incarne pour eux la survie de la race blanche et la pérennité de son héritage.
Et si Donald Trump était un malin, finalement ? Un attracteur étrange, comme disait Mandelbrot dans sa théorie du chaos… Un attracteur étrange à la Poutine, lui aussi considéré comme Hitler par BHL et les nouilles des médias, mais un drôle d’Hitler philosémite ?
Tout se passera si Hillary Clinton est élue comme dans le scénario de Peter Brimelow dans son génial Alien Nation : les Démocrates passent grâce à une coalition de minorités (noirs, gays, latinos, chinois, juifs et scalawags blancs).
Si Donald Trump est élu, on aura par contre un bon début de guerre civile. Car il menace à tort ou à raison l’ordre nouveau dénoncé par Yockey ou commenté par les libertariens, et qui s’est mis en place depuis 1933 en Amérique.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.