Bourrer le CRAN pour qu’on ne touche pas à mon pote
À peine installé, le nouveau gouvernement vient de classer parmi ses priorités la lutte contre le racisme et l’homophobie. Cette décision volontariste suffira-t-elle à éradiquer ce mal qui gangrène notre société et altère gravement les tissus du vivre ensemble ?
En ces temps difficiles ou les ligues antiracistes voient les Dupont-Lajoie manifester leur « haine de l’autre », je ne conseillerai jamais assez à leurs dirigeants de traiter les foyers d’infection et les propagateurs de cette peste identitaire dont la plupart sont encore honorés sinon glorifiés par nos institutions. Certes l’entreprise est gigantesque, mais à cœur vaillant, rien n’est impossible.
Ainsi qu’attend le CRIF pour réclamer le retrait du Panthéon de la dépouille nauséabonde de Voltaire, ce lampion éclairé de l’antisémitisme qui osait affirmer que les Juifs étaient « des animaux pensants » et qu’ils constituaient « un peuple ignorant et barbare » ?
De même devrait-il exiger le rétablissement de l’appellation d’origine de l’actuelle place Charles De Gaulle quand on sait que celui-ci parlant par exemple de la communauté polonaise israélite la décrivait comme une « bande de youtres avec leurs rabbins » et affirmait par ailleurs qu’il ne tolérerait pas « ce nœud de juifs » dans son gouvernement Quand exigera-t-il du Parti Communiste Français la condamnation de Karl Marx qui avait « reconnu » dans le judaïsme « un élément antisocial général et actuel. »
Comment le CRAN n’imposerait-il pas que soient débaptisées les centaines d’écoles « Jules Ferry », le Pierre l’Ermite de la croisade colonisatrice, le même qui magnifiait « les races supérieures, c’est-à-dire les sociétés occidentales parvenues à un haut degré de développement technique, scientifique et moral qui ont à la fois des droits et des devoirs à l’égard des races inférieures. »
Ironie de l’histoire, la place parisienne de l’antisémite Voltaire est désormais dédiée à l’israélite Léon Blum qui professait « le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui n’étaient pas parvenues au même degré de culture… »
Émile Zola devrait être envoyé dans les enfers de toutes les bibliothèques, scolaires, universitaires, municipales. Comment en effet encenser un individu prônant crûment l’accaparement de terres ultramarines « L’Afrique est le complément naturel de la Métropole à laquelle elle est intimement soudée… Ce royaume appartiendra au laboureur qui a osé la prendre, s’y tailler à son gré un domaine aussi vaste que la force de son travail l’aura créée ». Quelle horreur ! Vade retro Satana !
Il y a longtemps que « Touche pas à mon pote » aurait dû s’occuper de l’Homme de Londres. Ce prince de l’équivoque n’osait-il pas affirmer que « les Arabes sont imperméables à tout » ? Ne les évoquait-il pas comme « des bicots chamailleurs » ? Ne redoutait-il pas d’être « bougnoulisé » ? Mieux, pourquoi, ô valeureux héritiers de Harlem, ne pas transformer vos désirs en réalité ? Il suffit en effet de retourner la dialectique gaullienne à votre avantage. Un exemple ? À quel titre et paradoxalement, comment ce fervent adepte du sens de l’histoire et du vent de la décolonisation, pouvait-il avoir la prétention de s’opposer à ce qu’il soufflât jusque dans son fief d’adoption pour l’empêcher de devenir un jour Colombey-les-deux Mosquées ? D’ailleurs pourquoi cette éventualité prenant corps ne deviendrait-elle pas en fait le marqueur le plus évocateur de son œuvre ?
Et que suggérer aux frères prêcheurs de la LGBT ? Voltaire, encore lui, ne mériterait-il pas d’être livré à la vindicte des bien-pensants ? N’a-t-il pas qualifié l’homosexualité « d’abomination dégoûtante et d’attentat infâme contre la nature » !
En ces temps d’incertitudes où le relativisme triomphant s’oppose à l’édification de défenses efficaces d’une civilisation insupportable, il ne faut pas hésiter. À l’heure où les crânes, vidés de leur substance la plus noble, résonnent au lieu de raisonner, bourrez-les d’un maximum de ces scrupules débilitants qui assureront votre succès. Les intendances inépuisables de la « Repentance » et de la « Tolérance » y pourvoiront. Si les arguments vous manquent, on en inventera. Faites vôtre le sage principe léniniste : les braves gens vous fourniront la corde pour les pendre.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.