21 avril 2025

Quand la chiourme terrorise la geôle

Par Philippe Randa

Non seulement toutes les protections juridiques possibles et imaginables bénéficient souvent davantage à l’(éventuel) accusé d’un délit pour atténuer sa (toute aussi éventuelle) sanction, mais les récents événements survenus en notre doulce France démontrent que les représentants de la Loi ont désormais intérêt à se montrer plus discret que les malfaiteurs qu’ils sont sensés mettre hors d’état de nuire.

Ainsi les personnels pénitentiaires « ciblés jusque chez eux par les narcotrafiquants, ces derniers (arrivant) à obtenir nom, prénom, adresse et plaque d’immatriculation des gardiens de prison afin d’avoir un moyen de pression sur eux », comme nous l’apprend Le Figaro du 17 avril.

Et l’intimidation des familles n’étant sans doute pas suffisante, la truanderie a décidé de passer à la vitesse supérieure, soit à des attaques de prison par tirs à l’arme automatique, notamment à Toulon avec une Kalachnikov, et contre la maison d’arrêt Aix-Luynes… ou encore par des dégradations diverses : 21 véhicules incendiés et une dizaine de véhicules dégradés, notamment dans les parkings de l’École nationale pénitentiaire (Enap).

Ce sont ainsi « huit départements qui ont été touchés », dont « un tiers des faits commis dans les Bouches-du-Rhône, un tiers dans la région Île-de-France, a reconnu le procureur de la République antiterroriste Olivier Christen.

D’où des consignes de sécurité… dont celles de Jérémy Jeanniot secrétaire Interregional FO Justice qui conseille « aux agents de ne pas sortir en groupe pour éviter l’effet de masse, de ne pas s’exposer sur les réseaux sociaux »… ou encore des demandes pour que « des rondes soient effectuées à proximité des établissements et que les prises de services continuent à être encadrées par les forces de l’ordre… »

Soit des mesures de protection pour ceux censés protéger les citoyens des délinquants… en attendant sans doute que l’on soit un jour prochain amené à devoir protéger les protecteurs des protecteurs…

Il est bien lointain le temps où toute agression (mortelle, certes) d’un policier conduisait directement le coupable sur la « bascule à Charlot » (la guillotine)… ou encore celui où le simple vol d’un pain conduisait au bagne, tel que Victor Hugo l’a relaté pour la postérité dans son roman Les Misérables, paru en 1862 : de nos jours, ce n’est pas l’inspecteur de police Javert qui traquerait l’ancien bagnard Jean Valjean, mais ce dernier et ses complices qui menaceraient la femme et les enfants, caillasseraient la voiture et terroriseraient le représentant de la loi pour lui faire comprendre qui sont désormais les maîtres de la rue…

Si on n’arrête pas le progrès, on n’arrête décidément pas davantage l’inversion des us, mœurs et coutumes en notre si admirable démocratie… que le Monde entier était sensé nous envier par le passé.

Aujourd’hui, elle semble faire surtout le bonheur des bandits… qui étaient de grands chemins, autrefois et qui règnent en nos quartiers perdus, désormais.

Perdus… définitivement ?

 

Philippe Randa vient de publier Heur(t)s et malheurs en Macronie aux éditions Dualpha, collection « Patrimoine des héritages », 180 pages, 21 €. Pour obtenir ce livre, cliquez ici.

 

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