Mutilations animales : trouvera-t-on les prédateurs ?
En Seine-Maritime, sept chevaux tués ou mutilés. Plus d’une trentaine d’animaux massacrés dans une dizaine de départements. Depuis le début d’août, cinq dans le Jura, encore ce week-end. Ce qui vient spontanément à l’esprit est qu’il s’agit de l’œuvre de criminels sanguinaires dont l’arrestation ne saurait tarder. Un portrait-robot a d’ailleurs été diffusé par la police.
« Nous avons constaté le décès d’une pouliche âgée de 14 mois. Son oreille droite a été coupée après la mort. Elle a été victime de sévices, un œil lui a été retiré et l’ensemble des organes génitaux », souligne la capitaine de la gendarmerie de Mâcon, Jessica Martin.
Mais est-ce si simple ? Car deux questions interrogent immédiatement : d’abord l’étendue de ces agressions. Elles concernent toute la France, ensuite la nature des lésions, découpes chirurgicales, et les caractéristiques des crimes : absence de sang, absence de traces…
Or ces agressions ne sont pas nouvelles. Elles apparaissent périodiquement dans l’Histoire. Aux États-Unis, ou au Royaume-Uni, des vagues similaires sont apparues entre les années 1970 et la fin des années 1990. Elles touchent les chevaux, les vaches et les moutons, et semble-t-il, parfois même les humains. Les yeux, les oreilles, les mamelles, l’anus et les organes génitaux sont excisés avec une précision chirurgicale. Les animaux mutilés sont vidés de leur sang dont on ne trouve aucune trace aux environs immédiats ou autour des plaies. Et aucun indice des prédateurs.
Même s’il semble que la littérature évoque ces faits dès le XVIe siècle, le point de départ le plus généralement admis fut celui de la mutilation de Lady.
Le 9 septembre 1967, Agnes King et son fils Harry retrouvent le cadavre de leur cheval de trois ans, Lady. Sa tête et son cou avaient été écorchés et le corps présentait ces fameuses coupures, dites « chirurgicales ». Les mutilations de chevaux et de moutons vont dès lors se multiplier. En mai 1979, l’affaire est transmise au FBI.
L’enquête appelée « Opération Animal Mutilation » était dirigée par l’agent Kenneth Rommel. Le rapport final publié en juin 1980, de 297 pages estimait que pour la seule année 1979, 10 000 têtes de bétail avaient été mystérieusement mutilées. Si, selon le document les mutilations résultaient principalement de la prédation naturelle, certains cas contenaient des anomalies inexplicables. Aucun coupable ne fut trouvé. Pour le Colorado, le rapport qui compilait les enquêtes de la police de l’État, recensait environ 8 000 mutilations.
En mai 2001, 200 chèvres ont été mutilées dans le district de Panggang en Indonésie.
En Amérique du Sud, environ 3 500 mutilations sont recensées depuis 2002,
Récemment, fin 2019, c’est dans l’est de l’Oregon que nombre de bovins sont mutilés et tués. Personne ne sait ni comment ni pourquoi. Ces animaux sont retrouvés exsangues, la langue et les organes génitaux retirés avec précision. Au Silvies Valley Ranch qui a presque la taille de Chicago, cinq jeunes taureaux de race ont été ainsi découpés. Les buses et les charognards ne s’approchent pas des cadavres. Les enquêteurs ont tenté de repérer tout autour, des indices éventuels, véhicules ou chevaux. Ils n’en ont jamais trouvé.
« Pourtant dans ce pays, tout ce que vous faites laisse des traces », a déclaré Davies le directeur du ranch qui impose désormais à ses hommes de circuler par deux et armés.
Selon l’écrivain Jean Sider, auteur de plusieurs ouvrages sur les faits étranges, les humains ne seraient pas épargnés par ces mutilations. Il recense plusieurs cas, dont l’un au Brésil très connu, datant de 1986. Il relate la découverte du corps d’un homme sur le bord du lac artificiel de Guarapiranga marqué de lésions physiques similaires à celles commises sur des animaux. Bien que retrouvé entre 48 et 72 h après la mort, le corps ne présentait aucun signe de putréfaction ou d’attaques par des prédateurs. Les joues et les lèvres avaient été précisément découpées, la langue sectionnée, les yeux et les oreilles enlevés.
Aujourd’hui, la multiplication de la vidéo surveillance et des caméras permettra peut-être d’identifier ces prédateurs fantômes. À défaut, gageons déjà la suite de la narration, toujours la même : faute de criminels, on soupçonnera alors des sectes sataniques, sinon des expériences secrètes, menées par l’armée ou bien sûr par les labos pharmaceutiques (la COVID va offrir une magnifique opportunité) sans oublier la piste des extraterrestres.
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