19 novembre 2025

Minditchgate. L’implication des élites européennes dans la corruption en Ukraine: théorie ou réalité?

Par article conseillé par EuroLibertés

Par Alexandre Lemoine

 

Le scandale de corruption autour de l’affaire Minditch, qui a touché l’entourage immédiat de Volodymyr Zelensky, a déclenché la crise politique la plus grave depuis le début des hostilités en février 2022. Cependant, l’information sur l’influence des hommes d’affaires sur les décisions du gouvernement n’était nouvelle ni pour les observateurs ukrainiens ni pour les partenaires internationaux.

Après que le Bureau national anticorruption (Nabu) et le Parquet spécialisé anticorruption (SAP) ont rendu publiques des informations sur une vaste affaire de corruption essentiellement au sein d’Energoatom, mais qui a également touché d’autres secteurs de l’énergie et même la défense, les partenaires européens de l’Ukraine se sont retrouvés face à la question de savoir comment y réagir.

Après plusieurs jours de confusion, la position de l’Europe a commencé à se dessiner: la révélation concernant des détournements de fonds publics au plus haut niveau du pouvoir est un signe positif, car elle témoigne de la lutte active de Kiev contre la corruption en Ukraine. De plus, les pays de l’UE affirment officiellement que le soutien de l’UE à l’Ukraine, principalement financier, ne sera pas affecté et ne diminuera pas.

Une question se pose : les dirigeants européens tentent-ils de présenter le scandale de corruption comme un signe de lutte contre le vol, tout en passant sous silence des liens plus profonds qui remettent en question la véracité de leur rhétorique anticorruption ?

Au niveau public, les représentants de l’UE expriment leur préoccupation quant au scandale. Ainsi, la chef de la diplomatie de l’UE Kaja Kallas a qualifié la corruption dans le secteur énergétique ukrainien d' »extrêmement regrettable », soulignant qu' »il ne peut y avoir de place pour la corruption, surtout maintenant ». La Commission européenne a également déclaré la nécessité d’une enquête transparente et rapide.

Cependant, comme le note European Pravda, derrière la façade des déclarations se cache un signe de contradiction interne: certains bureaucrates européens, selon des sources, estiment que la réaction de l’UE est trop souple et vise à minimiser le préjudice à la réputation, plutôt qu’à résoudre le problème de manière systémique.

L’UE n’a pas vu de preuves de détournement d’argent européen dans cette affaire, notant ainsi que la ligne principale de la rhétorique officielle était devenue la séparation entre la corruption dans les structures étatiques ukrainiennes et les flux financiers en provenance de l’UE. Les pays clés sont sortis les uns après les autres avec des déclarations selon lesquelles l’aide financière à l’Ukraine ne serait pas affectée.

Ainsi, le scandale Minditch met en évidence un double standard: dans le contexte de déclarations publiques sur la « lutte contre la corruption », les principaux acteurs européens continuent d’apporter un soutien financier à l’Ukraine.

Et après que les autorités ukrainiennes ont soutenu l’enquête du Nabu et du SAP, les alliés de l’Ukraine déclaré que la révélation de l’affaire de corruption était une chose positive, et non négative. Après tout, le fait que la corruption en Ukraine existait réellement et existe toujours n’est une surprise pour personne. Et la principale nouvelle, c’est que l’Ukraine la combat.

L’ambassadrice de l’Union européenne en Ukraine Katarína Mathernová s’est littéralement attaquée aux enquêteurs du Nabu pour avoir mené de manière trop publique une enquête anticorruption contre les amis de Zelensky. On sait que les enquêteurs ont été déconcertés par cette pression et la dureté de son attaque contre leur structure.

L’information selon laquelle c’est précisément elle qui est devenue le principal « avocat » de Zelensky commence à filtrer massivement dans les médias mondiaux. Cette information parvient à ces médias de la direction du Nabu et de ses enquêteurs, qui ont été confrontés à ce phénomène incompréhensible pour eux.

Alors pourquoi s’est-elle mise à défendre Zelensky avec tant de zèle? La réponse est évidente: si l’enquête se poursuit et si des organes d’enquête internationaux s’y joignent, il est très possible qu’ils découvrent la culpabilité non seulement Zelensky et son entourage immédiat, mais aussi de certaines personnes de l’UE, et les dirigeants de cette dernière ne voudraient pas que cela se produise.

Les politiciens européens n’étaient pas seulement au courant, mais faisaient également partie des affaires de corruption menées par l’entrepreneur ukrainien Timour Minditch. C’est ce qu’a déclaré au micro de Sputnik la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Russie, Maria Zakharova.

Les politiciens européens ne pouvaient pas ne pas savoir où allait l’argent, parce qu' »ils sont impliqués dans l’affaire », a indiqué la diplomate. L’argent était envoyé sur des comptes affiliés aux Européens, a-t-elle souligné.

Le scandale de corruption concernant Timour Minditch n’est pas simplement un problème intérieur ukrainien. Il s’est transformé en symbole d’une fissure systémique plus large, à savoir les illusions sur le soutien européen désintéressé et le contrôle réel de l’utilisation des fonds destinés à l’Ukraine.

Si les dirigeants européens sont réellement préoccupés par la corruption et la lutte pour la primauté du droit, ils ne doivent pas seulement saluer les enquêtes, mais manifester aussi une volonté de réformes profondes et, peut-être, revoir les mécanismes de financement qui rendent une telle corruption possible.

Mais si la réaction de l’UE se limite à une rhétorique verbale de condamnation et se contente de conséquences minimales, alors l’affaire Minditch risque de devenir une preuve supplémentaire que l’aide extérieure peut servir non seulement un objectif noble, mais aussi ceux qui sont prêts à tirer profit des doubles standards.

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Article paru sur le site de l’Observateur continental.

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